Lumière sur un vibraphoniste-compositeur des plus coolissimes, Alexis VALET !

Par Stefani STOJKU

 

« Vibraphoniste de Jazz, un peu pianiste mais pas trop ». C’est ainsi qu’il se décrit, en toute modestie. Pourtant ce jeune musicien d’origine bordelaise fait partie de cette génération montante de compositeurs-musiciens-interprètes qui émergent au-devant de la scène d’un Jazz inspiré.

Grand gagnant du prix du Jury du Tremplin ACTION JAZZ de 2016, il fréquente depuis plus d’un an les lieux les plus prisés de la scène Jazz parisienne et son travail reflète, à travers ses compositions, un jazz libre et moderne. Le tout mélangé avec humour, impertinence et une belle exigence de qualité.

Cette même exigence l’amène à s’entourer d’autres talentueux musiciens tels que Tom PEYRON, Simon MARTINEAU, Samuel F’HIMA et Renan RICHARD pour former « la 5eme roue » et Pierre MAURY, Edouard MONIN, Gabriel MIDON et Damien FRANCON sur « King of Panda ».

Des projets plein la tête, des EP plein les oreilles et des questions plein la bouche, une discussion s’imposait avec cet impétueux Jammer !

 

  •  Comment est venu l’amour pour le vibraphone ?

J’ai commencé par la percussion classique et en voulant me mettre au Jazz, dans la salle de percu il y avait un vibraphone. Je m’y suis mis logiquement, sans vraiment y réfléchir. Après j’ai eu un héritage qui m’a permis d’en acheter un et depuis, je n’ai plus jamais arrêté.

  • Le vibraphone est un instrument trop peu populaire avec un répertoire existant plutôt étroit

Le vibra est un instrument assez récent qui a été développé dans le 20ème siècle popularisé par Lionel Hampton et les orchestres de Swing. C’est aussi un instrument extrêmement présent dans la musique contemporaine, on peut même le retrouver dans des jingles comme celui de canal + -rires- C’est un son connu même si on ne sait pas d’où il vient forcement.

Il y a beaucoup de champs à explorer avec le vibraphone.

  • Quelles sont tes principales influences ?

En termes de vibraphone, ils sont peu pour la tradition Milt JACKSON, Lionel HAMPTON. Plus moderne, beaucoup Stephon HARRIS, Steve NELSON, Warren WOLF.

  • Pour ta façon d’appréhender l’instrument. Qu’est-ce qui te différencie des autres vibraphonistes ? La vitesse du moteur ? l’utilisation des baguettes ?

Ça dépend. Dans ces deux projets, je joue essentiellement avec deux baguettes parce que j’ai le piano qui m’accompagne et je ne trouve pas vraiment d’intérêt à jouer avec les quatre baguettes dessus. La dynamique est différente quand tu joues à deux plutôt qu’à quatre. Ce n’est pas le même son.

Dans la 5ème roue, j’accompagne beaucoup plus donc j’utilise davantage les quatre baguettes. Je joue différemment aussi quand j’utilise les deux ou les quatre. Ça fait 4 ans que je joue avec le même modèle, j’ai tout construit avec, mon son entre autres. Pour le moteur, tout dépend du morceau mais j’aime bien quand c’est lent, le son est alors bien rond et prend beaucoup plus de place. Avec le moteur très rapide, on peut avoir des atmosphères très étranges comme dans « Royal Renard » où je joue tout le temps avec le moteur à fond, ce qui donne un côté cosmique.

©FatihaBerrak

  • Pour ceux qui ne connaissent pas le vibraphone, pourrais-tu expliquer son fonctionnement

C’est un piano sur lequel on tape ! C’est un xylophone sur lequel est installé un système, une pédale de sustain, un moteur avec des lames qui tournent pour faire vibrer le son.

  • Tes compos sont-elles essentiellement créées pour vibraphone ? Si tu avais fait un instrument diffèrent, tes compositions auraient-elles été les mêmes ?

Oui, j’aurais créé les mêmes compositions. Elles ne sont pas du tout axées pour le coup pour vibraphone, contrairement je pense, à la guitare où tu peux vraiment faire des choses exprès avec ça. Je pourrais composer pour vibraphone mais ce n’est pas trop ce que je fais. Je pense plutôt au son de groupe… dans le cadre de la 5ème roue, je compose pour sax soprano avec vibraphone, avec guitare ..etc..

  •  Justement, quels instruments, à ton goût, représentent l’alliage parfait avec ton instrument ?

J’aime beaucoup le vibraphone avec le sax ténor. Avec Pierre MAURY, ça marche super.  C’est une alliance entre deux instruments qui marche vraiment super. Après, guitare ça marche très bien aussi, orgue aussi. Tout ce que j’ai essayé me plait. Avec la trompette, l’alto, le piano, la contrebasse.

Mais mon favori : ténor vibraphone

  • Ton travail de composition ?

Il y a des compositions que j’ai faites sans trop réfléchir, que j’ajoute au répertoire de certains groupes. Par exemple, sur King of Panda, il y a 6.3 qui est un morceau que j’ai composé avant et qui se marie très bien avec le son du groupe. Puis il y a des morceaux que j’ai composés essentiellement pour un groupe comme dans la 5ème roue, « royal renard » « Chiva Melon » où j’ai vraiment pensé au son du groupe et ce que je devrais faire pour le faire sonner le mieux possible. Certains des morceaux que j’ai écrits sont  typiquement faits pour cette formation et ses musiciens.

Le travail d’une composition, c’est variable… il peut être rapide comme très lent.

 

©StefaniStojku

  • Tu arrives avec deux projets : King of Panda et la 5ème roue. Commençons par King of panda.

King of panda, c’est mon premier groupe crée à mon arrivée à PARIS. Je suis devenu très vite ami avec Pierre MAURY, puisqu’il vient aussi de BORDEAUX. On a organisé des sessions avec son quartet qui s’appelait déjà king of panda. On a fait un EP pour marquer le coup des sessions qu’on a fait ensemble.

Et là, nous avons le projet de sortir un album très prochainement.

Musicalement parlant, c’est très jazz. Jazz aux influences New-yorkaises, assez « vénères » niveau composition, un mix assez particulier mais pas dérangeant –rires- très connoté Newyorkais sans aucune prétention.

  • Un des titres s’appelle « mal de dos »… La maladie du Vibraphoniste ?

Ah ! Ah ! Ah ! Toi tu connais ! Tu as un ami, Jacques Di Costanzo, vibraphoniste qui a mal au dos aussi – rires.  C’est un morceau que j’avais composé avant, en 3 parties : Mal de dos 1, Mal de dos 2 et Mal de dos 3, et effectivement, j’avais mal au dos lorsque je les ai composées tout simplement

  •      La 5ème roue, tu nous en parles ?

En arrivant à PARIS, j’avais déjà des amis que je connaissais de Bordeaux, entre autres Tom PEYRON, avec qui on a accroché directement musicalement et humainement. Nous avions envie de créer un projet ensemble. Lui avait fait une session avec Simon MARTINEAU et moi j’étais en cours avec Renan RICHARD et chacun de notre côté voulions absolument jouer avec ces musiciens donc on a monté le projet avec un contrebassiste, Samuel F’HIMA. On a organisé une session et ça a matché de ouf !!

On a commencé à composer chacun de notre côté et parlé de groupe « collectif » c’est-à-dire sans leader. On est tous co-leader avec une certaine idée esthétique !

  • On y retrouve « Shiva Melon » du « Shiva Melon » de King of Panda

Shiva Melon 1 !  En gros, j’ai composé Shiva Melon pour mon ami Simon CHIVALLON, c’est une histoire d’amour lui et moi –rires. Je l’ai composé au départ en deux parties.  A la base, je voulais Shiva Melon 2 et l’autre n’était qu’une intro. C’est Fred Borey qui m’a conseillé d’en faire un morceau. Je trouvais que Shiva MELON 2 collait plus à l’esthétique de King of Panda et Shiva Melon 1 à celle de la 5ème roue.

  • Pourtant ce sont deux EP totalement différents

Oui c’est vrai, mes ces deux morceaux sont bien différents même si en creusant un peu on y trouve quelques similitudes.

©StefaniStojku

  • Quel serait ton projet musical le plus fou ?

La 5ème roue, c’est quelque chose avec beaucoup d’influences externes pas forcement que jazz. J’aimerais beaucoup y ajouter une touche électronique, avec des claviers et des effets. C’est en pourparlers car c’est quelque chose que j’aimerais beaucoup faire sans hésiter à plus partir en vrille…

Je monte mon quintet avec album prévu en 2019 ! Irving ACAO, Simon CHIVALLON, Damien VARAILLON et Stéphane ADSUAR m’accompagneront pour le premier concert le 14 JUILLET au « Génie sous les Etoiles » à Paris.

Merci ALEXIS !