Y.Constans – S.Schmitt – A.Voilqué – C.Wolfrom chez Alriq
Par Philippe Desmond
La Guinguette chez Alriq, Bordeaux le jeudi 11 septembre 2025.
Yannis Constans et Samson Schmitt : guitares / Camille Wolfrom : contrebasse
Invitée (de marque) : Aurore Voilqué violon et chant
La fin de saison chez Alriq approche après un été du feu de Dieu selon les responsables ; justement ce soir c’est calme, trop calme par rapport au plateau proposé. Il a beaucoup plu aujourd’hui, la soirée est fraîche et le Bordelais est frileux, casanier quand viennent les premiers frimas. Quelle erreur, un groupe comme celui-ci on n’en entend pas tous les jours !
Le trio de base est là pour jouer le répertoire de son album « Esperanza » sorti il y a peu et chroniqué dans ces colonnes. Un album dont la genèse remonte justement à un concert du trio en septembre 2021 ici-même ; ce soir-là Samson avait interpellé Yannis » Et si on faisait un album ensemble ! » La boucle va donc se boucler ce soir.
Le trio démarre avec le ludique « Le chat et la souris » Samson et Yannis endossant à tour de rôle le pelage de l’une ou de l’autre. Toute la soirée il vont en effet alterner solo et rythmique, la rythmique principale étant assurée par Camille qui, s’il n’attire pas l’attention comme les deux spectaculaires guitaristes, n’en est pas moins la colonne vertébrale de la formation. Ils sont vite rejoints par Aurore qui s’est trouvée enrôlée avec délice dans cette tournée de fin d’été entre deux concerts de Thomas Dutronc ou de ses propres projets. Toujours un plaisir de voir cette musicienne bourrée d’énergie et de talent.
On sent de suite la complicité entre ces quatre musiciens, le plaisir de jouer ensemble, le jovial Samson, sourire collé au visage, en tête. La parfaite maîtrise de chacun leur permet ainsi de jouer avec une joie simple et communicative. Car ça joue mais ça joue !
Les deux guitaristes nous montrent ce qu’est la guitare manouche, un mélange de musicalité, de finesse, d’énergie et de véloce virtuosité. Dans ces domaines Yannis le gadjo est devenu une référence, lui qui a découvert le manouche à seulement 18 ans. Samson, le gitan, fils de Dorado et neveu de Tchavolo Schmitt est lui tombé dedans à sa naissance, il est monumental. Il compose aussi… alors qu’il ne lit pas la musique.
Amusant, il nous refait involontairement le même coup qu’en 2021, cassant une corde et la changeant en mode express alors que la musique continue, rejoignant les autres pour finir en trombe en s’accordant « à l’oeil ». Un vrai spectacle. En deux soirs il aura cassé trois cordes me dira Aurore, pas étonnant avec ce qu’il leur fait vivre !
Boléros, valses, danses slaves, choros, défilent à la sauce swing. Festival de chorus, des unissons et harmonies des deux guitares à une vitesse folle, un violon sensible et plus souvent survolté, une contrebasse sur rails, c’est une régalade.
Un invité surprise en la personne de Stéphane Séva va venir ajouter la fantaisie rythmique de son washboard. Il a déjà joué avec Samson et Aurore et le groupe, devenu quintet maintenant, tourne à merveille. Il reviendra au rappel jouer et chanter « Route 66 » dans une version bœuf pleine de rigolade.
Une seule fausse note dans ce concert, le comportement d’un groupe de fêtards très très bruyants et irrespectueux des musiciens et du public sur la terrasse du restaurant.
Liens :
- Album Esperanza
- Concert chez Alriq en 2021
- Interview en 2021 de Samson Schmitt
- Le chat et la souris