KEPLER

Chez : Onze Heures Onze

Par : Alain Fleche

Kepler (feat. Maxime Sanchez, Adrien Sanchez, Julien Pontvianne)

 

 

Maxime Sanchez : Piano / Adrien Sanchez : Sax Ténor / Julien Pontvianne : Sax Ténor , clarinette

Drôle de trio. Une fratrie.  2 vrais frères, et un autre saxophoniste. Formation originale, sans rythmique. Musique dédiée à la douceur, à la lenteur, et c’est très naturellement que Julien Pontvianne apporte l’expérience de son travail sur le silence (voir chronique de son « AUM grand ensemble » dans ces colonnes). Musique qui navigue en ellipse autour des thèmes, comme les planètes autour du soleil, on le sait depuis   Pari risqué que ce projet en cette époque de vitesse, de compétition, de conflits… pourtant, ne vient-il à point pour nous rappeler que le bonheur se fait fi du temps compressé, des héros souvent fatigués et des batailles d’égo. Lenteur n’est pas ennui ! Mais c’est un rythme exigeant, qui force à l’écoute, afin que les notes parviennent jusqu’ à l’esprit.  Il faut garder les oreilles grandes ouvertes pour saisir les nuances du clavier qui ne se répète pas, des saxophones qui partent à l’unisson, puis, finement, s’individualisent, un léger décalage, la  micro tension d’une note bientôt dissonante qui va provoquer le pianiste, lequel, sans en faire plus pour autant, va, lui aussi, imperceptiblement, délicatement, ajouter un brin de folie, de gaité, juste ce qu’il faut pour commencer à sentir le swing.  Une espèce de balancement qui met le cœur à l’heure (comme dit Léo).  Tout doucement, les morceaux s’enchainent, sans à-coup, sans se ressembler pour autant, doux comme caresses,  doux comme un ciel où les nuages semblent traîner, se suivre, se poursuivre, se rejoindre puis se partager, s’éloigner, fondre et réapparaître, au gré de la brise inégale qui (se) joue des formes multiples  qu’évoque ce paysage céleste qui n’a ni début ni fin. Nous voici arrivés là où les oreilles ne suffisent  plus à saisir cette musique qui parle au cœur, à l’âme. Il faut faire le vide dans la tête, oublier ce qui l’encombre pour faire place à ce message d’amour et de tendresse. Ecoutez, entendez, voici l’essence même de l’art : la Beauté !