Sylvain Rifflet – « We Want Stars »
Pépite 5 étoiles
Label Magriff sortie le 13 septembre 2024
Chroniques de Martine Omiécinski le 21 Aout 2024
Sylvain Rifflet : Saxophone ténor, clarinette, shruti-box, effets, compositions
Bettina Kee : Synthétiseurs, effets
Vincent Taeger : Batterie, Tama Talking
Sylvain Rifflet est un saxophoniste, clarinettiste et compositeur diplômé du conservatoire de Paris. Il a été membre du « Sacre du Tympan » de Fred Pallem, co-fondateur de « Rigolus » avec Thomas de Pourquery et Laurent Bardainne, ses 2 albums co-écrits et avec Airelle Besson en 2007 et 2010 ont été « Choc » pour Jazz Magazine et Django d’or pour le premier. Son hommage à Stan Getz de 2017 a été salué par la presse professionnelle. Il a joué avec les grands de la scène jazz européenne : Henri Texier (l’équipe d’Action Jazz s’est fait l’écho lors du festival Respire Jazz de Montmoreau en juillet dernier de leurs brillantes prestations), Paolo Fresu, Louis Sclavis, Aldo Romano, Michel Portal, Airelle Besson et quelques américains dont Joey Baron et Jim Black.
Sur ce projet, un trio original saxophone/synthétiseur/batterie, il est accompagné de 2 musiciens oscillant entre pop et jazz : la franco-italienne Bettina Kee (alias Ornette) pro du synthé et des effets et Vincent Taeger (Tiger Tigre) batteur hors pair que l’on connait avec Le Sacre du Tympan. Sylvain cherche ainsi à proposer de nouvelles sonorités et le trio y réussit grandement.
Mes morceaux préférés :
« The Mojo » : Après une intro au tambour, le groove imparable de la batterie de Vincent Taeger nous happe, Bettina au synthé lance des flammes sonores, Sylvain vient y jeter avec fougue les vrilles se son ténor, phrases de cette mélodie complexe.
« Mamahuhu » (Comme-ci, comme-ça en chinois !) : Sylvain lance vers le ciel ses envolées vives, tarabiscotées et créatives avec sa clarinette basse, Vincent cadence le tempo en boucle, les vibrations du synthé et des effets de Bettina rajoutent de la magie, on adhère bien plus que « comme-ci, comme-ça » ! J’adore !
« Bach and Boom » : De Bach on reconnaît la parodie d’un prélude en début de morceau, le soufflant égrenant la mélodie en tourbillons agiles, les effets complexifiant à souhait le propos. Puis Boom (surnom de Vincent !) passe de sons serrés itérés à une explosion de plus en plus rapide sur laquelle courent le saxo et le synthé ! C’est bluffant !
« Monolodic » : Sylvain monologue avec lui-même ou plutôt avec les habiles effets en répétition de ses volutes, début et fin de phrases se mélangent jusqu’à l’infini…Incroyable sensation !
« Riffology » : Le « tambour parlant » ou Tama talking (dont se servaient les esclaves africains pour communiquer entre eux et dont on retrouve aussi des formes en Asie) de Vincent scande le tempo magistralement, Sylvain y cale ses sonorités ondulantes et répétées, puis improvisées.
« Labyrinth » : de la même veine que Riffology, le synthé davantage présent mime les cordes entre piano et guitare puis se lance dans de lancinants effets en dialogue avec la batterie reprise par Vincent, les 3 se lancent en une danse follement réjouissante !
« We Want Stars…Not Satellites » : réflexion et plaidoyer de Sylvain faisant référence à « Elon Musk qui envoie tellement de satellites dans l’espace qu’on va finir par ne plus voir les étoiles ». Après de douces envolées mélodiques au saxo au début, avec sons cosmiques, interstellaires, batterie aux mailloches, le rythme devient martelé, le saxo revendicatif et lyrique à la fois : quelles belles sonorités du soufflant ! Synthés et batterie appuient vaillamment ce morceau très réussi !
« For John Surman » : l’hommage à ce saxophoniste et clarinettiste anglais ne peut laisser insensible ceux qui, comme moi, ont écouté en boucle ses productions oniriques et planantes dans les années 1970/1980 avec Paul Bley ou Jack DeJohnette ou Anouar Brahem et Dave Holland ou encore Barre Phillips et Michel Portal !
La composition et le jeu de Sylvain, avec réverbération et effets d’écho, envoûtants au possible s’inscrivent parfaitement dans la lignée de John Surman, Bettina de son motif électronique et Vincent de son groove subliment le morceau.
Bref cet album nous rend addict aux sonorités du trio, à leurs magnétiques boucles musicales, aux thèmes captivants, à leurs improvisations fascinantes, à leur jeu unique !
L’album sort le 13 septembre, qu’on se le dise !
Le trio sera à Paris au Studio de l’Hermitage le 19 septembre !