par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat.

Soustons, mars 2023

Jeudi 23 mars

Guillaume Nouaux a ramené le trio Three Wise Men à Bordeaux dans la nuit. Autoroute fermée ( ?) donc itinéraire bis, réservation des chambres des musiciens annulée vue l’heure, recherche d’un autre hôtel, retour à Soustons à plus de quatre heures du matin…

A 14 heures il est là pour lancer, dans le cadre du festival, la projection de « RESPECT » le biopic consacré à Aretha Franklin ; poignant et bien sûr musicalement superbe.

Les petits CHAM

Le soir, juste avant le concert, première intervention des classes à horaire aménagé du collège local, les CHAM. Premières armes en public pour les petits 6ème dont certains n’ont commencé la musique qu’en septembre ; les 5ème après eux. Parents qui filment, la larme à l’œil, peut-être certains enfants seront-ils sur la grande scène bientôt !

Jean-Pierre Bertrand Boogie System Sextet

Ces aînés justement, une bande de musiciens plus que chevronnés, des piliers de la scène jazz parisienne et au-delà, pour ce soir nous jouer du boogie-woogie autour du pianiste leader Jean-Pierre Bertrand. Au trombone Patrick « Bako » Bacqueville, au sax ténor Pierre-Louis « Pilou » Cas, à la guitare Nicolas Peslier, à la contrebasse Gilles Chevaucherie et à la batterie Guillaume Nouaux. Une bande de copains qui va bien s’amuser.

Le boogie-woogie nous annonce Jean-Pierre Bertrand c’est l’envers du blues, la joie et en effet ça démarre fort avec «Jumpin’the Boogie», ça balance et très vite. Lionel Hampton et Milt Jackson ont été des fervent de ce style, voilà «Central Avenue Breakdown» créé en 1940. Puis « Oh ! Lady Be Good » pour calmer et reprise des hostilités avec «Caldonia» de Louis Prima, «Blueberry Hill» , du Ray Briant, du Albert Ammons… Ca joue, ça rigole, Bako en tête pour l’animation. Un autre copain est là dans la salle, Patrick Diaz, guitariste et parolier plein d’humour. Le voilà sur scène pour un « Blues du dentiste » dont il n’est pas l’auteur puis pour un de ses titres le « Blues du Barman » dont la fin est une surprise. On aura droit au beau et long solo de Guillaume Nouaux qui a encore de l’énergie malgré ses soucis d’organisateur.

Concert joyeux devant un public nombreux comme il le sera toute la semaine. Et ça c’est une bonne nouvelle.

 

Vendredi 24 mars

Le vendredi c’est lessive

Il est 11 heures du matin, la salle Roger Hanin se remplit de scolaires, du primaire et du collège pour un concert conférence sur le washboard par Stéphane Séva. Sur scène, autour du washboarder ou plutôt du digitalolavoplanchiste, Denis Girault (clarinette), Gaëtan Martin (tuba) et Jean-Michel Plassan (banjo et piano !).

Sur scène de nombreux washboards de tous types, en bois, en tôle, en verre et surtout la table équipée d’accessoires complémentaires, cymbales, wood block, cloche. Historique (instruments de percus interdits aux esclaves pour ne pas communiquer d’une plantation à l’autre), démonstration dans différents genres même la «Pitchouli » chanson de bandas locale, et une grosse curiosité des jeunes faisant la queue à la fin pour essayer. Peut-être la première fois que certaines et certains voyaient un dé à coudre… Le groupe est allé dans l’après-midi jouer à l’école primaire et à l’ehpad locales réjouissant le public de 7 à 100 ans.

 

Les grands CHAM

Les classe de 4ème et 3ème cette fois, on entend de suite les progrès par rapport aux plus jeunes, le répertoire plus étoffé, les chorus moins timides. Pas mal de filles justement souhaitons les retrouver sur des scènes jazz plus tard, elle sont encore trop rares et ça se remarque de plus en plus de nos jours !

Nicola Sabato quartet feat. Tamir Hendelman

Le contrebassiste Nicola Sabato a récemment enregistré un album à Los Angeles « California Hang » avec le pianiste Tamir Hendelman. Les références de ce dernier sont éloquentes, directeur musical pour Barbara Streisand, Diana Krall, membre du Clayton-Hamilton Jazz Orchestra… Sur l’album c’est justement le légendaire Jeff Hamilton qui tient les baguettes, ce soir ce sera Philippe Maniez et on ne va pas le regretter, il est fantastique de créativité, de swing, de précision. Pas non plus de Graham Dechter à la guitare mais tout simplement le Prix Django Reinhardt 2019, Hugo Lippi.

Un quartet très très relevé pour un sublime concert. Et pourtant ils viennent de parcourir la France dans tous les sens en voiture, faute de fiabilité actuelle des autres moyens de transport. Ils vont nous jouer l’album dont, faute de place, je ne retiendrai que la superbe version de « Jingles » de Wes Montgomery, le « Bad Motor Scooter Blues » et le « L.A. Bounce » de Nicola Sabato. Un concert d’une qualité rare et dans un style différent des autres soirs, peut-être mon préféré mais à quoi bon comparer des choses incomparables… Bravo pour l’éclectisme de la programmation – ce soir sur le programme il était annoncé mainstream, du swing, du blues, du bop – le jazz est tellement pluriel !

Samedi 25 mars

La semaine est passée à une vitesse folle, déjà le dernier jour et comme à la fin d’un feu d’artifice, après les tableaux élégants de différentes couleurs, voilà le bouquet final, quand toutes les fusées partent en même temps, un big band ! Pour se mettre en jambes a lieu une conférence sur ce genre le matin, dans la » mini-folie » de la très belle médiathèque attenante à la salle de spectacle, relatée avec passion par Bernard Madec.

Big Band Côte Sud invite Jérôme Etcheberry & Jacky Berecochea : 40ème anniversaire

Vous en connaissez beaucoup des big bands français qui fêtent leurs quarante ans d’existence ? En 1983 suite à des ateliers de musique à Soustons et Capbreton était en effet créé ce big band, mêlant amateurs et professionnels. Ils sont encore six du départ à en faire partie, dont le saxophoniste et photographe Pierre Vignacq, président de l’association dont l’objet est cet orchestre. Désormais revenue à Soustons après une longue installation à Dax la formation a eu plusieurs formes musicales. Des débuts avec un répertoire classique de big band, puis celui des crooners, Frank Sinatra, Dean Martin, elle a ensuite pris une couleur latino. Des séjours et concerts à Cuba ont permis d’affûter le style ; Beny Moré au répertoire, des invités prestigieux comme Orlando Poléo, Orlando «Maraca» Valle, Alfredo Garcia ont marqué le groupe. Désormais le big band est revenu au style américain mais un plus moderne avec les compositions et arrangements du grand « Q », Quincy Jones.

Ce soir la formation dirigée depuis 20 ans par Pascal Drapeau, trompettiste, arrangeur, releveur, indispensable en résumé, a invité les chefs précédents, Jacky Berecochea le premier, pendant 15 ans et Jérôme Etcheberry durant 5 ans. Apparemment si on n’est pas – excellent – trompettiste aucune chance de diriger cette formation !

Un tiers de pros (musiciens, professeurs) deux tiers d’amateurs chevronnés et voilà une formation qui arrive à se produire plusieurs fois par an mais qui souhaiterait davantage de contrats. Un big band c’est cher… mais celui là pas du tout. Certes les gaillards mangent – et boivent- bien, ils prennent de la place mais ils sont tout à fait accessibles. Question : pas de femme ? Si, une seule au trombone et une parfois à la batterie.

La salle est pleine, plus de 450 entrées, le public déjà acquis, alors allez-y, lâchez les chevaux, faites briller les cuivres, vibrer les anches et les cordes, sonner les peaux ! Ils ne vont pas s’en priver ! Le répertoire du grand Quincy Jones se prête à ces exercices typiques du big band, chacun y trouve sa place grâce aussi aux arrangements de dentelle de Pascal Drapeau. Les ex-leaders, de joyeux drilles et de grands solistes, se succèdent pour finir bien sûr par bagarrer ensemble. Bonne humeur, naturel, pourtant tout ce beau monde, président en tête, avait un peu la frousse. Mais ce big band c’est du bon, de solides musiciens, ça swingue ! Ils peuvent aller jouer n’importe où, ils n’attendent que ça !

Direction, Arrangements, Trompette : Pascal Drapeau / Piano : Vincent Lajus / Contrebasse : Jean-Paul Gilles / Batterie : Antoine Gastinel / Saxes : Didier Grégoire (baryton) ; Sylvain Gutierrez (ténors) ; Michel Lesgourgues (alto, lead) ; Franck Loubère (alto, soprano) ; Pierre Vignacq (ténor) / Trombones : Charles Caup ; François Darrigan (lead) ; Karine Taupiac ; Bertrand Deyris (tb basse) / Trompettes : Jérôme Okresik ; Dominique Lauga (lead) ; Pascal Lacouture ; Romuald Comet.

Répertoire :

Sunday Kind of Love /The Big Walk /I remember Clifford / Tickle Toe /Lullaby of Birdland/For Lena and Lenie/Gravy Walts/A change of pace/Robot portrait/Jessica Day/Killer Joe //pause// Choo Choo Boogie/The Midnight Sun/Nice and Easy /Meet Benny Bailey /The Witching hour/I just can’t stop lovin’ you/Moanin’/ Cherokeee//Rappel : Oh when the Saints !

Il nous reste à remercier toute l’organisation du festival : l’équipe municipale très féminine, Madame le Maire, Isabelle son adjointe à la Culture, Céline et Corinne des services culturels, Guillaume Nouaux le directeur musical, Peio et Lapin impeccables à la technique, les bénévoles qui ont mis la main à la pâte. Pas de chance pour vous, on reviendra !

Corinne, Lapin, Céline, Guillaume, Peio

 

Galerie photos de Philippe Marzat

Stéphane Séva fait la lessive

Jean-Pierre Bertrand

Avec Patrick Diaz à la guitare et au chant

Patrick Bacqueville et Pierre-Louis Cas

Guillaume Nouaux

Patrick Bacqueville et Gilles Chevaucherie

Concert à l’ehpad

Nicola Sabato

Hugo Lippi

Tamir Hendelman

Philippe Maniez

Jacky Berecochea

Jérôme Etcheberry

Pascal Drapeau et Vincent Lajus

Pierre Vignacq président de l’association Big Band Côte Sud

Photo PhD

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