Roger Biwandu 7tet : hommage à Art Blakey & the Jazz Messengers
par Philippe Desmond, photos Géraldine Gilleron.
L’Apollo Bar, Bordeaux le 20 mars 2024
Laurent Agnès (trompette) / bastien Iep Arruti (trombone) / Alex Golino (sax ténor) / Jean-Christophe Jacques (sax alto) / Francis Fontès (piano) / Nolwenn Martin-Leizour (contrebasse) / Roger Biwandu (batterie)
Aujourd’hui c’est le printemps, la terrasse de l’Apollo est bondée en cette belle fin d’après-midi. Nous voilà pour la traditionnelle et quasi légendaire carte blanche à Roger Biwandu ; bientôt trente ans que ça dure presque chaque mois.
Le thème du jour c’est le répertoire d’Art Blakey et de ses Jazz Messengers. Cette formation est l’une des plus importantes de l’histoire du jazz, contribuant à la création du courant hard-bop dans les années cinquante et se plaçant comme une véritable pépinière de musiciens. Lors d’un premier concert au Birdland en 1954 Art Blakey crée le nom du groupe comprenant Clifford Brown à la trompette, Lou Donaldson au sax et Curly Russell à la contrebasse. Un an plus tard Horace Silver rejoint Art pour le vrai démarrage des jazz Messengers, un quintet avec Hank Mobley au sax, Kenny Dorham à la trompette et Doug Watkins à la contrebasse. Les années suivantes, Horace Silver parti vers ses propres formations, le groupe révèlera Clifford Brown, Lee Morgan, Wayne Shorter, Cedar Walton, Keith Jarrett, Freddy Hubbard, Johnny Griffin et d’autres… Rien que ça. Le tout en créant un répertoire devenu intemporel rempli de standards comme « Moanin' », « Blue March », « One by One »…
Art Blakey est un des modèles de Roger Biwandu et de temps en temps il nous monte un groupe pour jouer sa musique. En tant que batteur il en épouse le style très percutant, plein de roulements, de relances, de coups de tonnerre. Ce soir avec la fine fleur du jazz bordelais c’est en septet qu’il se présente, une rythmique des plus solides bien sûr, une trompette, fondamentale chez les JM, deux sax et, surprise, un trombone. On va se régaler !
Ambiance club à l’Apollo, les uns sur les autres, tout proches des musiciens ressentant ainsi les vibrations et aux premières loges pour voir refabriquer cette musique.
Cachés par le mur de soufflants, je ne verrai quasiment pas de la soirée Roger Biwandu mais j’entendrai par contre le drumming vigoureux et caractéristique d’Art Blakey. Il ne va pas chomer ce soir tout comme Nolwenn qui n’aura pas un moment de répis et qui tracera de sa contrebasse les tempos souvent sauvages, nous proposant de-ci de-là des chorus de choc ; tout ça avec sourires et rires ; magistrale « la Patronne » comme l’appelle Roger. Toujours un plaisir de retrouver au clavier Francis Fontès, « le Doc », au registre si large et vivant. Grosse tâche pour Laurent Agnès que de se glisser dans les pas de Clifford, de Lee ; pas de problème, il en a les ressources. Alex Golino au ténor est un fan d’Hank Mobley et n’a rien à lui envier, quant à Jean-Christophe Jacques il nous étale sa verve et sa musicalité à l’alto. Note originale, la présence de Sébastien « Iep » Arruti et son trombone. Quelle bonne idée, en plus il est déchaîné. les chorus s’enchaînent avec le plus grand naturel, dynamisés par la rythmique qui les relance. Les chassés-croisés des soufflants font trembler l’Apollo, les ovations se succèdent ! Quel plaisir ce concert avec ce jazz accessible, toujours mélodieux et servi par des musiciens 3 étoiles au Michelin du Jazz, de véritables messagers du jazz.
Nous sommes beaucoup à mesurer la chance que nous avons de pouvoir partager avec eux de tels moments, cette proximité qui vous place au milieu de la musique et vous la fait ressentir physiquement.
Set List :
On the Ginza
Crisis
Feeling Good
Ms B.C
One by One
In Case You Missed It
Blue March
Little Man
Oh, By the Way
Falling in Love With Love
Free For All
Moanin’
Galerie photos :