Benjamin Bobenrieth Trio

« A French Love Affair »

par Philippe Desmond
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Benjamin Bobenrieth : guitare, compositions / Mario Da Silva : Guitare rythmique / Vincent Hemery : contrebasse

Nous avions découvert ce trio en concert avec grand plaisir au festival d’Andernos 2022. En mars 2023, en pleine grève des transports lors du passage de la violoniste Aurore Voilqué au festival Jazz en Mars de Tarnos, ils avaient remplacé au pied levé son trio de musiciens qui n’avaient pu atteindre la ville landaise. Première fois qu’ils jouaient ensemble, à peine cinq minutes de balances suite à une arrivée demi-heure avant le concert, et un set fabuleux bourré d’adrénaline où les artistes se découvraient avec un plaisir gourmand partagé par le public.

Voici donc leur nouvel album, le troisième, sorti déjà fin janvier. Si de par sa composition et son style musical on est bien sûr tenté de classer ce trio dans la rubrique swing manouche on s’aperçoit vite que son univers est beaucoup plus large que les standards du genre. Ici on côtoie Cole Porter, Chick Corea, Roy Hargrove, Oscar Peterson, Charlie Haden et Pat Metheny et même Prince !

« Night and Day » qui prend assez vite ainsi une couleur gitane se voit progressivement glisser vers un univers plus andalou. Le « Eternal Child » de l’Elektric Band de Chick Corea se dépouille de ses habits électriques pour accentuer son côté hispanisant. Aucun complexe pour remplacer la trompette de Roy Hargrove par la guitare pour en jouer cette mélodie toute simple et enjouée de « Top of my head » ; la pompe manouche de la guitare rythmique et le swing de la contrebasse sont bien là, soutenant une guitare lumineuse. La douce mélodie de « You look so good to me » passe avec joie du clavier d’Oscar au cordes de Benjamin ; quel choix éclectique et habile que ces adaptations surprises. Et ce n’est pas fini. Il fallait oser s’attaquer à la la délicate « Our Spanish Love Song » de Pat et Charlie et cette version acoustique est d’une belle élégance. Aller chercher un titre moins connu de Prince comme « Sometimes it snows in april » et le transformer en ballade swing, quel éclectisme et surtout quel talent !

Mais Benjamin compose aussi comme « A French Love Affair » qui donne son titre à l’album, une valse lente dans la tradition du swing manouche ; rythmique souple, guitare enchantée, très beau. Jolie ballade aussi que « La Complainte de Neptune »

On trouve même une musique d’un film de George Cukor avec « Invitation » de Bronislaw Kaper, une mélodie qu’on connaît sans forcément savoir d’où elle vient ; maintenant on le sait.

Une magnifique réussite que cet album où la virtuosité n’est pas performance mais tout simplement musique, le dernier titre, « Undecided » en est la preuve absolue.

Benjamin Bobenrieth sera en quintet au Vox de St Christoly de Blaye (33)