
Par Cédric Pichot
Bordeaux le 3 Avril 2025
Christian Vander : batterie, chant / Jimmy Top : basse / Rudy Blas : guitare / Simon Goubert : Fender Rhodes / Thierry Eliez : Fender Rhodes, synthé / Hervé Aknin : voix / Isabelle Feuillebois : voix / Caroline Indjein : voix / Sylvie Fisichella : voix / Laura Guarrato : voix
Ce soir, c’est le grand soir, Magma, le groupe le plus influent de la scène jazz-progressif de ces cinquante dernières années est là, et bien là.
Certes, il manque une des figures de proue de ce groupe, Madame Stella Vander, en convalescence, dommage cette tournée se fera sans elle. De ce fait, les morceaux proposés ce soir, seront arrangés différemment pour combler ce vide.
C’est dans ce théâtre du centre bordelais, aux fauteuils de velours rouge, que nous avons rendez-vous avec la légende, oui, Magma est un groupe atypique et légendaire, reconnu par l’ensemble de la scène musicale française.
Nous ne citerons pas tous les musiciens qui sont passés par Magma, car depuis 1969, Christian Vander ne cesse de perpétrer et de promouvoir une quantité phénoménale de prodiges de l’instrument.
Les spectateurs s’installent, la lumière obscurcie, les musiciens arrivent dans un tonnerre d’applaudissements. La batterie du maître est là, bien en place au milieu de la scène, le jeu de cymbales est allégé, je ne sais pas si nous le reverrons un jour avec ses deux énormes « splash » en arrière.
Le concert démarre par une pièce de quarante cinq minutes en trois actes. Kohntarkösz Anteria, thème écrit et joué sur scène dès 1972, mais gravé en 2004, sur leur propre label Seventh records. Morceau tout en profondeur, qui nous raconte la jeunesse de Kohntarkösz, ses envies, ses désirs, ses pulsions. Composé comme une fresque, cet opus nous offre toute la richesse du style Magma. On y ressent les influences majeures de Coltrane, les envolées lyrique de Stravinsky, et la puissance vocale de Carl Orff.
Les musiciens prennent un réel plaisir à jouer, cela se voit et se ressent, leur jeu est fluide et le morceau en est enrichi. Et pour combler le manque de Stella, Caroline n’hésite pas à prendre le devant de la scène, et devient la voix leader du moment. En duo avec Hervé Aknin, le morceau devient plus prenant, et les trois mouvements s’enchaîneront sans repos pour l’auditoire. Quelle claque, quelle classe, le thème des alleluia est splendide.
Petit regret pour la sonorisation qui ne s’améliorera qu’au fil du concert….
Quand la troisième partie démarre, on sent la force tellurique du moment, quelle puissance, le jeu de Vander est tout en délicatesse et ce contre temps perpétuel dont il nous gratifie, nous transporte sur la planète Kobaïa, et oui une fois de plus ce soir nous sommes tous des kobaïens.
Puis s’enchaîneront quatre autres morceaux. Le deuxième est un thème de Michel Grailler, ancien pianiste du groupe, décédé trop tôt en 2003, Auroville. Seuls, Simon Goubert et Thierry Eliez restent sur scène et développe cet opus avec beaucoup de légèreté, histoire de nous faire redescendre… Puis retour des musiciens pour nous interpréter Felicité Thösz associé à The Night We Died.
Et pour finir le concert, Christian Vander nous gratifiera d’un solo à la voix, Ehn Deïss. Un morceau émouvant tout en retenue, écrit pendant la période de la formation nommée Offering, datant de 1987.
L’émotion est palpable est Christian Vander dans sa combinaison noire, ornée de son pendentif du sigle de son groupe, nous émeut, et nous ramène à la maison. Ça y est, le voyage est fini, et nous, pauvres terriens quittons la planète Kobaïa.
Merci Magma.
Envoyé de mon iPad