Par Cédric Pichot, photos Thibault Prédignac

PERIGUEUX Du 25 au 27 Juillet 2025
Tout d’abord, je souhaiterai remercier l’association « sans réserve », qui nous ont chaleureusement invités, tant pour leur gentillesse que pour l’organisation sans faille d’un tel événement.
C’est dans le cadre magnifique du parc de la Visitation que tout va se passer, ou presque.
Démarrage des hostilités vers 18h30, avec un temps menaçant, qui laissera suffisamment de répit aux artistes qui se succéderont, présentation du festival avec les autorités compétentes, verres de l’amitié, rencontres, bref ambiance de festival.
Tout démarre à 20 heure pétante.
25 juillet 2025
Vendredi soir  première partie.
Obradovic Tixier Duo
David Tixier: piano, Moog, etc…
Lada Obradovic: batterie, percussions, cloches, bols tibétains, etc…
Ceux qui ont du mal à imaginer qu’un duo piano batterie puisse marcher, foncer voir cette formation et vous en ressortirez enchantés.
Cette rencontre entre ces deux artistes, fut nourrie par le projet novateur du français David Texier, et de la batteuse croate Lada Obradovic.
Dans une ambiance minimaliste et sur des boucles électroniques, eux sont sur des instruments acoustiques.
Le piano à queue de David enveloppe les frisés de la caisse claire de Lada.
L’ambiance se fait intimiste dès le début de ce set.
On est d’emblée touché, par la délicatesse et la sensibilité des deux musiciens.
Le ton est donné, le piano est de suite percuté, on frappe les cordes en son âme, une mélodie s’installe au Moog, et le piano redémarre, le jeu des percussions répond au thème qui va se répéter tout au long du morceau.
Dans un esprit très novateur et très actuel, on sent les influences du jazz anglais actuel. Le morceau est rapide et la mélodie est facile, ce qui permet de constater le talent et la virtuosité des deux artistes.
Une entrée en matière saluée par le public.
Sur des compositions originelles et en dans un esprit engagé, les morceaux vont s’enchaîner en passant par du spirituel jazz, ambiance cloche tibétaine, chant incantatoire, et rythmes syncopés.
Le contre temps est une technique complètement maîtrisée par la batteuse, et dans des rifs très puissants, le piano ramène toujours de la douceur pour faire redescendre tout ça.
Nourris par de nombreux voyages et un goût pour la nouveauté, ces deux là nous offrent une musique internationale, un jazz cosmopolite, mélange d’influences diverses et variées, leur performance est à leur égal, riche et enrichissante.
On pourrait les comparer à Gogo Penguin, Mamal Hand, EST, Portico Quartet, etc… mais non ce duo est unique, un vrai coup de cœur.
Après une heure et dix minutes de concert, nous ressortirons tous enchantés de cette expérience.
Deuxième Partie
Wet Enough ?!
Laszlo Renier: batterie
Baptiste Coqueret: bassiste
Mathieu Aubert: guitare électrique
Maël El Mazoughi: claviers
Marius Rabbe: trombone
Ce groupe arrivé tout fraîchement de Besançon, vient nous livrer sa version du jazz…
Ces cinq musiciens, tous d’une vingtaine d’années, poursuivent leur études dans le Doubs.
Après un premier disque sorti au mois de mars de cette année, « Dancing People don’t dry » le quintet entame sa tournée française.
Le style est tourné vers l’avenir, une musique riche d’influences, de l’electro au hip hop en passant par la funk, ils nous proposent un voyage dans leurs ambiances.
Car il faut parler d’Ambiance, ils ont mis le feu…
Après une intro digne du rock psychédélique des années 70, le tempo se fait afrobeat.
Ça break, ça groove, le rythme est syncopé.
De suite le public est invité à venir danser, l’ambiance se veut presque dance floor.
Le bassiste du nom de Baptiste….ça ne s’invente pas, tient lieu de chef d’orchestre, et chacun s’accorde avec brio sur ses phrasés.
Lui mène la danse et insuffle ce vent de folie qui les fait aller d’un funk tribal à un jazz électrique pour atterrir en apogée electro.
L’énergie qui s’émane de la scène est inspirante, ça danse, et le tromboniste qui s’adonne à pratiquer le rap, nous fait reprendre la mélodie en chantant, pour accompagner l’orchestre.
C’est contagieux, on sent l’auditoire conquis.
Cette petite graine de folie va durer tout le concert.
La succession d’atmosphère est saisissante, un jazz ska, de l’ethiojazz, du jazz moderne…
Bref un panel de couleurs, qui c’est certain, aura su conquérir le cœur des spectateurs.
La jeunesse de ce groupe est un formidable vecteur de talent, car ils ne se prennent pas la tête, ils jouent comme ils aiment.
Même le rap est mis à l’honneur, déconcertant pour certain mais d’une qualité mélodique indéniable.
Groupe à découvrir absolument.
26 juillet 2025
Samedi après-midi
JARDIN DES ARÈNES
Club Sandwich
Pierre Guillet: trompette
Chloé Floissac: saxophone
Ludovic Goulet: guitare
Édouard Philippe: basse
Camille Bailleul: batterie
C’est vers 17h que le groupe, installé sous les arbres du parc, débute son concert.
D’emblée, le jazz fusion est présent, on sent que la fée électricité leurs a donné des ailes dès le berceau.
Rifs de guitare demie caisse, le tempo de la basse se veut rock, et le jeu syncopé du batteur permet au sax et à la trompette de s’exprimer en grande pompe.
L’harmonie entre les deux souffleurs est remarquable, leurs jeux sont complémentaires, et ni l’un ni l’autre ne prend le dessus, une intimité se fait sentir.
Ce groupe, issu de PERIGUEUX même, dévoile ses forces, l’ambiance va se faire groovie et le funk va faire décoller l’auditoire qui, manifestement, ne reste pas insensible.
On sent un déhanché de groupe qui se dessine.
Une dizaine de morceaux nous sera proposée, mélangeant tour à tour ethiojazz, afrobeat, ska, et tellement d’influences diverses.
Malgré ce mélange, si tendance, oserai-je dire « Club Sandwich », propose un truc différent, le combo sax trompette et vraiment bon et permet d’emmener tout le groupe vers une autre dimension.
Et cette dimension est bien jazzy, leur répertoire est d’eux, chacun des cinq musiciens met la main à la pâte.
Leurs compositions vont nous amener, une heure durant, dans leur vaisseau amiral.
D’un certain regard sur le jazz qui se veut du coup très actuel, le jazz évolue, et ce groupe me semble y contribuer.
Une belle découverte dans un cadre enchanteur.
Jardin de la visitation
Samedi soir, première partie.
Étienne Manchon trio
Étienne Manchon: Fender Rhodes
Clément Daldosso: contrebasse
Frédéric Petitprez: batterie
Étienne Manchon est un pianiste toulousain, trentenaire, il écume les festivals et les salles de concert.
Artiste plébiscité par la presse française, il vient de sortir son troisième album « Weird Life » sous le nom de Étienne Manchon Trio, et c’est soir à Périgueux, que nous avons le plaisir de venir l’écouter dans ce cadre magnifique qu’est le jardin de la visitation.
C’est sur des compositions personnelles que le pianiste nous livre les visions de son quotidien.
Grand virtuose du piano, ce soir il en est tout autre, l’artiste préférant le Fender Rhodes au demie queue, le son des années soixante dix est là et bien là.
Le concert démarre par une introduction, au son si caractéristique de son instrument, pour nous faire apprécier la délicatesse de son touché, l’ambiance se veut swing pour démarrer, mais cela tourne vite en une course poursuite, les sons s’accélèrent, le bassiste malmène sa contrebasse et le jeu d’Etienne devient percussif à souhaits.
Quelle entrée en matière, le chat de ses parents méritait bien ce morceau.
Quand le deuxième opus démarre, on sent l’influence et les années d’écoute du groupe mythique qu’est Pink Floyd.
Et sans plagier d’aucune manière, la mise en scène se veut pointilleuse, le morceau s’articule sur le thème posé dès le départ, le son des seventies, pourrait évoquer quelques musiques de films.
La rapidité d’exécution d’Etienne est impressionnante, le son touché est léger et fluide, morceau suspendu dans les airs, attaché à un fil, entre musique de chambre et jazz rock.
La suite donnée à ce concert nous entraînera dans un univers sophistiqué où l’énergie se mêle à la pudeur, l’auditeur a l’impression de rentrer dans son intimité.
Concert d’une grande finesse tant par les ambiances proposées que par l’énergie déployée par ces trois musiciens.
Samedi soir deuxième partie
Daoud
Daoud: trompette
Louis Navarro: contrebasse
Quentin Braine: batterie
Thomas Perrier: claviers
Et c’est ce soir que nous avons la chance de pouvoir écouter le jeune prodige français de la trompette, au son chaud et clair, et à l’âme ardente de l’artiste.
Son dernier disque vient de sortir sur le label ACT, l’album se nomme OK.
Acclamé lors de ces concerts, sa prestation au Nice jazz festival fut saluée par la critique.
Daoud pratique la trompette depuis l’âge de ses cinq ans.
C’est Daoud, de son vrai nom Luc Klein, qui ouvre le set.
Vêtu d’une tenue de Don Quichote, l’homme est là pour conquérir le public périgourdin, et ça s’annonce chaud.
Le jazz est une musique qui évolue sans cesse, et Daoud veut faire parti de ce changement, ce qu’il propose est un mélange de free jazz, d’afrobeat, de jazz rock, tous les marqueurs sont là.
Les morceaux proposés vont aller crescendo, mélangeant des sons empruntés à l’electro, sur lesquels la trompette de Daoud vient lisser tout ça, son son est fluide est direct, d’une efficacité déconcertante.
Entouré par des artistes de grandes qualités, les compositions vont nous faire voyager, toujours dans un esprit novateur, tournées vers l’avenir.
L’ambiance sonne electrojazz, le batteur, tel une boîte à rythmes, martèle un beat monstrueusement rapide, il évolue derrière une batterie sans « tom médium », ce qui est suffisamment rare pour ne pas être souligné.
Le concert sera un mélange de morceaux plutôt « West Coast », plutôt electro, voire parfois limite techno, mais ce mélange est un jazz surpuissant et multivitaminé, l’ambiance y est décontractée, l’orateur nous fait grâce de quelques facéties pour amuser le public, conquis.
On l’aura compris nous sommes ressortis enchantés de ce set, musiciens incroyables et performances scéniques assumées.
Mes derniers remerciements vont à l’équipe du Sans Réserve, autant pour leur accueil que pour leur gentillesse.
Organisation impeccable et son excellent dans le jardin de la Visitation.
Galerie photos :