Par Dom Imonk, photos Pierre Murcia
Shaolin Temple Defenders et Sandra Nkaké
Il y a quelques années, nous avions eu la chance de voir de justesse l’antenne de FIP Bordeaux sauvée, malgré une rafale de fermetures dans d’autres grandes villes. Mais nous sommes tous tristes et inquiets car elle est encore aujourd’hui menacée. Les pétitions se succèdent, mais…C’est à dessein que la voici personnifiée, car oui, depuis plus de quatre décennies, FIP, est notre amie, notre sœur, et même peut-être plus ! C’est une confidente de tous les jours, qui, par ses annonces ancrées dans la vie locale, par sa présence active, tisse inlassablement ce formidable lien social et culturel, et informe, rassure, aide, tout en nous berçant de mille et une musiques, dans tous les genres, du matin au soir, et même la nuit. Et en parlant du soir, nous sommes tous des fidèles de l’émission JAZZ à FIP, immanquable rendez-vous quotidien, pour tout amateur de la note bleue. Ainsi l’on goûte chaque jour un succulent apéritif musical qui se déroule de 19 h à 20 h. Et, comme si ça ne suffisait pas, cette heure précieuse est souvent suivie du célèbre « Live à FIP ». Alors sur Bordeaux, nous sommes très chanceux et fiers car c’est un « Live à FIP » que la station nous a offert, dans la grande salle 1200 du Rocher de Palmer, qui accueillait gracieusement l’évènement en mettant aussi son staff technique et sa sécurité à disposition. La classe ! Au programme, deux pointures : Shaolin Temple Defenders et Sandra Nkaké. De superbes artistes qui ont rameuté un public enthousiaste, fait de fidèles et de curieux, résultat : une salle comble et beaucoup de bonnes vibrations. Pas étonnant vu la stature des deux groupes.
Tout d’abord, les Shaolin Temple Defenders. Véritable institution régionale, ils défendent becs et ongles une certaine idée de la soul funk, et plus précisément sa filière roots. Une pulse à la précision horlogère, un tempo irrésistible qui chevauche une puissante rythmique, enhardie par des cuivres et bois enflammés, des riffs tranchants d’orgue et de guitare, le tout conduit par la voix de braise de Brother Lion. L’hommage est évident, le groupe est dans la noble lignée d’un James Brown, The Godfather of Soul devant l’éternel, et on s’imagine dans quelque soirée à l’Apollo Theater de Harlem. A leur écoute, impossible d’oublier deux autres fiers représentants de cette musique de l’âme : Sharon Jones et Charles Bradley, récemment disparus. Les Shaolin temple Defenders captivent l’audience, ils jouent du feu de Zeus, ambiance chauffée à blanc ! Ils reprennent les thèmes de « Free Your Soul », leur dernier disque, un brûlot friand de live, dont le titre est révélateur, et délivre un message repris par Brother Lion, dans des propos pétris de paix. Concert époustouflant que l’on n’oubliera pas et qui pousse à réécouter aussi leurs autres disques pépites : « From the inside », « Chapter 1 : Enter the temple » et « Take it slow ».
Mickey Fourcade (Batterie), Jérémy Ortal (Basse), Pierre Petit aka The Preacher (Guitare), Cédric Lacaze (Orgue, flûte traversière), Laure Fréjacques (Trompette), Vincent Le Fort (Saxophone), Brother Lion (Chant, tambourin) et Henry Rollier (Son Live).
Changement de climat à l’arrivée de Sandra Nkaké, chanteuse, poétesse, danseuse, qui présente elle aussi son nouveau disque au doux nom de « Tangerine Moon Wishes ». Dès ses premiers mots, on est fasciné par sa voix profonde et mystérieuse, par sa gestuelle ample et élégante, éclairée du rouge de ses mouvants drapés. Elle est portée comme une funambule, par la musique intense et fébrile de ses excellents musiciens, dont Jî Drû, flûtiste complice. Nous sommes happés par des tourbillons sonores sans cesse changeants, où des comptines minimales, des folklores voyageurs, parsemés par moments d’espaces méditatifs silencieux liés par les mots, alternent avec des courants furieusement rock, et des flux d’une enivrante nu-soul décalée. Par les singuliers climats que Sandra Nkaké sait instaurer, par sa stature, ses mouvements, la portée humaniste de ses mots servis par une voix à l’étrangeté hypnotisante, la chanteuse magnétise son public et le conquiert, comme une new-diva qui porterait en elle quelque chose d’une Grace Jones et d’une Dianne Reeves. La qualité et la variété des compositions, ainsi que l’engagement du discours, se nourrissent du live qui en démultiplie l’impact, aidé par la force et la cohésion de ce groupe qui semble pouvoir tout jouer. Un concert enchanteur et troublant que l’on ne pourra pas oublier. Pour que se poursuive le rêve, on aurait tort de se priver de « Nothing for granted » et de « Mansaadi », deux autres précieux disques de Sandra Nkaké.
Sandra Nkaké (Chant, danse), Jî Drû (flûte), Tatiana Paris (guitare), Kenny Ruby (basse) et Thibaut Brandalise (batterie).
Pour clôturer cette magnifique soirée, nous voici invités par FIP à partager le verre de l’amitié. L’occasion de faire des rencontres fort sympathiques et de mener des discussions passionnées ! En effet, pour cet évènement, étaient descendus de Paris Bérénice Ravache, directrice de FIP, Marc Maret, directeur adjoint des programmes ainsi que Stéphanie Daniel, présentatrice des live. Mais FIP Bordeaux n’était pas en reste avec Françoise Lagaillarde, coordinatrice Bordeaux et Arcachon, accompagnée de ses collègues « Fipettes » Muriel Chedotal, Suzanne Robert, Isabelle Gentile, Sophie Eutrope, Elodie Vazeix et Stéphanie Moussu. Quant au Rocher de Palmer, Patrick Duval, son directeur, était également présent. Une bien belle façon de terminer une soirée d’exception, en espérant qu’il y en aura beaucoup d’autres, et que FIP Bordeaux, Strasbourg et Nantes seront maintenues. C’est notre souhait le plus cher ! Enfin, FIP fera partie du jury du Tremplin Action Jazz nouveaux talents 2018, le samedi 27 janvier 2018 à 20h, salle 650 du Rocher de Palmer, et il se dit qu’elle sera également présente à la fête de la musique le 21 juin 2018, toujours au Rocher de Palmer. Alors merci FIP, merci le Rocher de Palmer ! On s’y retrouvera !
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Par Dom Imonk, photos Pierre Murcia