Par Patrick Dalmace
Photographies Jean Patrick Bouty.
Le saxophoniste espagnol Kiko Berenguer et son quartet en Grande Aquitaine.
Jeudi 4 avril au Relais Culturel de la Côte de Beauté à St Georges de Didonne, le saxophoniste espagnol Kiko Berenguer, à la tête de son quartet, se présentait pour la première fois en France. Le concert s’inscrivait dans le projet « Quand le jazz rencontre le flamenco », qui comportait également une conférence sur ce thème. Le tout à charge de l’association locale El Tren Latino dont l’objectif est de proposer des artistes dont la renommée n’a pas encore franchi nos frontières comme ce fut le cas auparavant du saxophoniste de Chicago Frank Catalano (aujourd’hui à l’affiche du Blue Note et du Birdland à New York).
La venue de Berenguer, saxo ténor et soprano, était donc un événement qui a enthousiasmé le public de St Georges. Kiko Berenguer s’était entouré de l’indispensable guitare flamenca du maestro Juan del Pilar ; du cajón de Miquel Asensio, également devant la batterie, et de la basse électrique de César Giner. Le quartet s’est donné totalement au public pendant plus d’une heure trois-quarts, interprétant un répertoire composé par Kiko Berenguer.
D’aucun utiliseront l’expression jazz flamenco mais comme l’indique le projet c’est plus d’une rencontre qu’il s’agit. On goûte en effet un dialogue entre l’instrument phare du jazz, le saxophone, et celui du flamenco, la guitare flamenca. Entre les deux ce cajón que Paco de Lucía a introduit dans la rencontre au cours des années 70. Dans ce mano a mano entre les deux musiques Kiko Berenguer fait preuve d’une grande connaissance du jazz, d’une belle technique tant au ténor qu’au soprano ainsi que d’une maîtrise des fondamentaux du flamenco mais ce n’est ni l’esprit d’un Chano Domínguez, ni celui d’un Jorge Pardo .
On découvre une véritable personnalité, originale, qui sait donner une fraîcheur particulière, unique à sa musique. Il s’éloigne de toute virtuosité superflue pour aller à l’essentiel : la précision, la fluidité et la qualité du son. Les thèmes les plus achevés nous ont paru être «Canastera», un thème qui navigue vers son final entre swing et soniquete ! «Narsong», «Mi Camino», «Reencuentro», «Dancing with the Moon», «Conversa». Ils sont minutieusement écrits, la place, l’intensité de chaque note, est étudiée sans que cela paraisse académique à aucun moment. La musique exige aussi que l’équipe technique soit sans faille pour que tout sonne parfaitement comme le souhaite Kiko. Et le résultat est excellent.
La conversation s’appuie sur la basse électrique dont le versatile César Giner est un expert comme en ont témoigné ses soli, dont plusieurs ont soulevé l’admiration du public. La saveur de la guitare flamenca a éclaté sous les doigts de Juan del Pilar dans toutes ses introductions et improvisations au long des thèmes. L’habileté de Miquel, passant avec dextérité de la batterie au cajón, a été grandement appréciée et s’est illustrée notamment dans «Dancing with the Moon».
Le show s’achève avec le très beau «Canela y Menta» pour lequel Kiko parvient à faire fredonner une assistance motivée.
Dans une salle où le public est directement sur scène il a été facile pour celui-ci, à l’issue du concert, d’approcher le saxophoniste et ses partenaires et de leur adresser de superbes félicitations que méritent aussi l’association El Tren Latino, responsable de la venue du quartet et les partenaires institutionnels, le service culturel de la Ville de Saint Georges de Didonne pour cette prise de risque à faire venir un musicien pour une première en France.
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