Vous avez pu lire, dans la Gazette Bleue du mois de Janvier, un commentaire de Dom Imonk sur le groupe Néo-Orléanais The Bridge Trio. Voici une interview réalisé par Action Jazz auprès de leur bassiste: Max Moran.

Action Jazz: La basse n’était pas votre premier instrument. Comment avez vous fait votre choix? Jouez vous encore d’autres instruments?

Max Moran: J’ai commencé par le violon quand j’étais petit, puis je me suis mis à la guitare à 10 ans. J’ai commencé à jouer de la basse parce que le groupe de mon école avait besoin d’un bassiste, et mon ami Cliff Hines aussi! J’ai acheté ma première basse à son voisin et j’ai tout de suite su que j’avais trouvé ma vocation. Je joue encore de la guitare occasionnellement.

A.J.: Étiez vous plongé dans le jazz dès le début ou avez vous suivi d’autres voies?

M.M.: Mon père écoutait du jazz à la maison pendant mon enfance, mais je ne m’y suis intéressé que lorsque j’ai commencé à en jouer au collège. Quand j’étais jeune, j’écoutais du R&B et du Hip-Hop comme D’angelo ou Tupac, et pour la guitare, je me suis rapproché d’une culture plus rock, par des groupes comme System Of A Down. Avec la basse sont arrivés dans ma vie des artistes comme Charles Mingus, Miles Davis et John Coltrane.

A.J.: Qui sont vos plus grandes influences et pourquoi?

M.M.: C’est mon mentor Donald Harrisson qui m’a le plus influencé. J’ai plus appris de lui que de n’importe qui d’autre. Il m’a inculqué un comportement professionnel et m’a toujours poussé à me dépasser.

A.J.: Comment l’avez vous rencontré?

M.M.: Je l’ai d’abord découvert par un disque de mon père, « Free to Be ». Plus tard, j’ai eu l’occasion de jouer avec lui par le biais de Conun Pappas.

A.J.: Parlez nous de Joe Dyson et Cunun Pappas.

M.M.: Je connaissais Conun depuis un camp de vacances que nous avions passé ensemble vers nos 11ans, mais nous jouions chacun de notre coté. L’été précédent notre entrée au lycée, nous en avons enfin eu l’occasion au New Orleans Center for Creative Arts. J’ai rencontré Joe alors qu’il jouait avec Khris Royal, un ami saxophoniste que nous avions en commun. Je suis monté sur scène avec lui alors que nous ne nous étions jamais vus! Il y a instantanément eu une bonne entente musicale. La scène s’est très bien passée et Joe m’a proposé de monter un groupe avec lui.

A.J.: Pouvez vous nous en dire plus sur la formation du groupe?

M.M.: Nous avons lancé The Bridge Trio lors de notre dernière année de lycée en 2007. Nous jouions déjà ensemble dans la section rythme de l’équipe de notre professeur: Alvin Batiste and the Jazztronauts. Alors que tous les étudiants se préparaient à leurs auditions de fin d’année, nous avons demandé à passer tous ensemble, comme un groupe. Notre requête a été acceptée, nous avons donc décidé de continuer à jouer ensemble.

A.J.: Votre premier album est sorti en février 2012. Comment a-t-il été reçu à New Orleans? Dans le monde?

M.M.: Il a été très bien reçu partout: A New Orleans, nous avons obtenu le prix du meilleur album de Jazz contemporain par Offbeat Magazine. Nous sommes encore agréablement surpris de voir notre album exporté au Canada, au Japon ou en Europe!

A.J.: À part votre ville natale, où avez vous eu l’occasion de jouer? Était-ce différent des scènes de New Orleans?

M.M.: Les scènes du Rochester Jazz Festival et du Zirzamin nous ont accueillis, à New York. Les scènes et le public sont toujours différents, donc notre musique l’est aussi. Nous essayons cependant de garder la même intensité et la même volonté a chaque fois, en apportant toujours notre touche Néo-Orleanaise.

A.J.: Quels sont vos projets à présent?

M.M.: Pour l’instant, nous sommes très concentrés sur la sortie de notre prochain album début 2014. Sur le long terme, nous prévoyons une tournée des États-Unis, puis du monde, en participant à des programmes culturels dans des centres de sensibilisation ou des écoles. A.J.: Pour terminer, si vous étiez:

Un CD de Jazz?

M.M.: Je choisirais d’être « Speak No Evil » de Wayne Shorter. Cet album a beaucoup influencé mon développement personnel. Je l’écoutais tous les soirs, au lycée. Les compositions sont sombres et sensuelles: un de mes albums préférés par un de mes artistes préférés!

Un film?

M.M.: Si j’étais un film, je serais « The Royal Tenenbaums » (en français: La famille Tenenbaum NDLR) de Wes Anderson. Ça a été un de mes films préférés depuis sa sortie au cinéma. Il retranscrit très bien l’humour de cette famille très dysfonctionnelle mais très intelligente. Au fond, il traite de toutes les formes que peut prendre l’amour pour affronter de nombreux obstacles.

Un personnage de fiction?

M.M.: Batman est mon préféré depuis toujours. Lui et ses aventures me fascinent: il doit surmonter ses propres peurs pour effrayer ses ennemis. Il est également l’un des rares super-héros à être un homme ordinaire et mortel, ce qui le rend plus crédible.

Kenneth Aird pour Action Jazz