Chaque fin du mois de mai, depuis plus de 15 ans, un évènement autour de la petite balle jaune m’attire à Paris, l’occasion le soir d’aller faire un tour dans quelques clubs de jazz bien sûr.

Thelonious Monk au Sunside

Un dimanche par mois dans ce lieu mythique, Lionel Eskenazi, journaliste à Jazz Magazine, et le contrebassiste Jacques Vidal organisent un concert conférence autour du jazz et de ses figures. Ce soir cest la carrière de Monk qui est au programme. Mais Jacques Vidal a dû laisser sa place au dernier moment pour un problème de santé, pas grave mais suffisamment pour l’empêcher. C’est un collègue très chevronné qui le remplace au débotté, le sympathique Bruno Rousselet prévenu le jour-même et tut à fait à la hauteur ! Au piano dans le rôle de Thelonious, dans un costume peu habituel pour lui mais qui lui sied à merveille, le grand Alain Jean-Marie, à l’alto, un des meilleurs saxophonistes français, grand improvisateur, Pierrick Pédron, aux baguettes, pas le plus médiatique des batteurs, l’excellent et créatif Philippe Soirat. Un quartet très classe donc pour illustrer musicalement le propos de Lionel Eskenazi. Pendant près de trois heures, pause de vingt minutes comprise, nous rentrons dans l’univers de ce pianiste et compositeur de génie que fut Monk. Le narrateur sait nous tenir en haleine par son récit détaillé mais pas trop, évoquant des anecdotes et surtout à la portée de tous. L’illustration musicale chronologique elle aussi est d’une qualité remarquable faisant revivre les grands titres de ce pianiste atypique qui a laissé une trace indélébile dans le jazz. Dans cette petite salle du Sunside, vivre ainsi la musique et son histoire de si près est une expérience à faire. Pour y avoir par le passé connu les séances consacrées à Wayne Shorter, Charlie Parker, je peux confirmer que c’est toujours un très grand moment.

Set list : Straight no chaser, Ruby my Dear, Hackensack, Round Midnight, Trinkle Tinkle, Epistrophy, Evidence, Rhythm-a-Ning, Pannonica, Little Rootie Tootie, Well you needn’t

Jam du Baiser Salé

Tous les lundis soir, depuis 35 ans je crois, François Constantin, le fils du Pacha (le grand et fantasque Jean Constantin) et de Blanche-Neige (sa mère la comédienne Lucie Dolène voix française de l’héroïne du dessin animé dans la version de 1962) lui-même percussionniste que la profession s’arrache (Nina Simone, Véronique Sanson, Johnny,…) organise une jam. Un groupe pour la lacer puis place aux musiciens présents jusqu’à deux heures du matin ? Ce soir François est entouré du pianiste guadeloupéen Sylvain Ransy , du contrebassiste Samuel F’hima et du batteur Mailo Rakotonanahary. Répertoire du pianiste pour lancer la soirée, où celui-ci nous dévoile son talent de compositeur ret d’instrumentiste. Section rythmique tonique qu’on ressent dans tous le corps dans ce lieu exigu où le placement se fait en mode Tétris. La jam débute ensuite avec une présence surprise, la chanteuse guadeloupéenne Malika Tirolien qui après un titre pour chauffer sa voix nous offre, accompagnée par Sylvain et François, une merveilleuse version de « Spain ». Une découverte pour moi que celle belle voix. Un guitariste entre en jeu pour un tonique « Song for Bilbao » de Pat Metheny … On doit malheureusement partir, la jam ne faisait guère que commencer.

Rappelez-vous, le lundi soir à paris c’est au Baiser Salé que ça se passe.