Confiné avec… Frédéric Borey

Nous vivons tous une période particulièrement difficile qui bouscule notre mode de vie d’une façon totalement imprévue.

Les musiciens, comme tant d’autres métiers, n’échappent pas à la règle et sont particulièrement touchés économiquement.

Comme ils ne peuvent plus exercer leur art autrement que par quelques interventions sur les réseaux sociaux, nous avons pensé qu’il serait intéressant de continuer à tisser du lien avec eux par ce petit questionnaire.

Nous sommes avec : Frédéric Borey

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Présentes-toi rapidement. De quoi, avec qui, quelle musique joues-tu ?

Saxophoniste, musicien et enseignant. J’essaie de jouer le ‘jazz’, entre modernité et tradition. Actuellement sur mon projet en Trio (BUTTERFLIES Trio) en compagnie de Damien Varaillon (contrebasse) et Stéphane Adsuar (batterie)

Comment occupes-tu tes journées en ce moment ?

Le début était très difficile, un peu désorienté face à cette notion de ‘temps libre’, et celle de ne plus penser dimanche ou lundi car les journées sont toutes identiques. Et puis au bout d’une semaine, l’auto-discipline s’est avérée essentielle. Je reste en relation hebdomadaire avec mes élèves pour les cours d’histoire du jazz, via visio-conférence, ainsi que par échange d’audios pour les cours de saxophone, car la qualité de son en direct n’est pas idéale pour travailler malheureusement, faute d’équipement adéquate certainement.

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En profites tu-pour composer, travailler ton instrument, ta voix ?

Oui je travaille mon instrument, pas suffisamment car je suis actuellement provisoirement logé (un provisoire qui dure depuis début décembre et qui se prolonge avec ce confinement), car les travaux de mon prochain appartement sont ‘gelés’ bien évidemment. J’ai réussi à récupérer mon piano électrique et je relève quotidiennement énormément de mélodies de standards peu joués, ainsi que des ‘workshops’, quintet, sextet, septet…pour mes prochains cours d’ateliers, dès que nous pourrons reprendre nos activités d’enseignement. Je continue donc à alimenter mes ‘Books’ PDF de compositions, démarcations, workshops, standards & more…

Comment arrives-tu à jouer « avec » les autres ?

Je n’ai pas la chance de pouvoir jouer virtuellement avec d’autres musiciens, dû à la difficulté du rapport ‘son’ et de sa précision en temps réel via le numérique…encore une fois certainement à cause d’un manque de matériel professionnel.

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Écoutes-tu la radio, des disques, du streaming ? Quoi par exemple ?

L’ultra positif est que je puisse enfin me rendre compte de toute la musique accumulée sur mon ordinateur et que finalement je n’en connais pas ‘vraiment’ le tiers. Je parle de réelle écoute. Donc entre ces fichiers et le streaming, je vais finalement manquer de temps (rires…). Sans me lasser des précieux Joe Henderson, John Coltrane, Sonny Rollins, Wayne Shorter, Warne Marsh…que j’écoute encore avec plus d’attention, ces derniers jours, c’est Stanley Turrentine qui m’occupe l’esprit. Toutes ses sessions Blue Note en sextet, ça swingue incroyablement.

Cette situation change t-elle ta façon de voir les choses, la vie, ton métier ?

Oui absolument. Cette situation ne peut pas nous laisser indifférents. Ce confinement nous fait réaliser plusieurs choses, notamment le côté ‘gestion’ du temps face à nous mêmes, une notion d’espace temps ‘arrêté’ et avec lequel tout à coup, nous pourrions nous sentir déboussolés, manque de relation humaine, manque d’échanges physiques musicaux et spirituels. Le mental passe par quelques questionnements de type : quand pourrons nous rejouer, enregistrer, voyager… sachant que tous mes concerts (mars, avril, mai, juin et l’été 2020) sont annulés. Mais j’essaie de ne pas trop sombrer dans cette réalité, en déviant mon esprit vers l’action de continuer d’apprendre, de me cultiver. Le temps fera les choses n’est ce pas ?

Un titre qui te passerait par la tête ? 

‘Love Thy Neighbor’ (Mack Gordon, Harry Revel), by John Coltrane

Carte AJ