Confiné avec… Franck Dijeau
Nous vivons tous une période particulièrement difficile qui bouscule notre mode de vie d’une façon totalement imprévue. Les musiciens, comme tant d’autres métiers, n’échappent pas à la règle et sont particulièrement touchés économiquement. Comme ils ne peuvent plus exercer leur art autrement que par quelques interventions sur les réseaux sociaux, nous avons pensé qu’il serait intéressant de continuer à tisser du lien avec eux par ce petit questionnaire.
Nous sommes avec : Franck Dijeau
Présentes-toi rapidement. De quoi, avec qui, quelle musique joues-tu ?
Pianiste swing et caribéen jazz, arrangeur et compositeur, professeur de piano et d’harmonie jazz. Les formations actuelles : Mainstream Trio (avec Leonie Hey, contrebasse et Antoine Fillon, batterie) et le Franck Dijeau Big Band.
Comment occupes-tu tes journées en ce moment ?
Beaucoup de relevés de Monty Alexander et de Red Garland, (préparation d’un Tribute to Red Garland en Trio), lecture et recherche pédagogique autour de l’harmonisation au piano (Bill Evans) et sur l’histoire de l’espace temps du jazz. Des cours par visio évidemment. Prendre soin de ma famille, ma femme Sylvie vit cette tragédie de plein fouet (milieu hospitalier), c’est vraiment pas simple, je dirais surtout très flippant au jour le jour et je suis très fier d’elle ainsi que des ses collègues, prendre soin de mes enfants, de ma maman (92 printemps) et plus largement des personnes âgées isolées de mon quartier et de mes proches. Un peu de jardin, là c’est certain que je ne peux plus dire : « Heu…je le ferai demain! », un peu de peinture murale, de la petite bricole! (Bon j’avoue que je suis vraiment pas doué…)
En profites tu-pour composer, travailler ton instrument, ta voix ?
Entre 5 et 7 heures de piano par jour, du matin vers 9h (je préfère bosser le matin) et l’après midi. Souvent dispatché par un travail technique de mon instrument le matin et un travail dédié sur différentes thématiques, que je choisi au moment, par plaisir (il en faut). Les fins d’après midi et soirées étant réservées à ma famille. C’est un moment très intense pour nous, on comprend bien pourquoi… Je peaufine aussi le second album du Franck Dijeau Big Band, 11 titres déjà en piste, en espérant que l’on puisse un jour l’enregistrer ! J’écris pas mal d’arrangements pour piano solo ayant comme perspective une utilisation pédagogique.
Comment arrives-tu à jouer « avec » les autres ?
En ce moment, mis à part les échanges via internet c’est impossible en ce qui me concerne. Mais le fait d’avoir au moins la possibilité de se voir entre nous via les réseaux me permet de « garder contact » et toujours avec humour !
Écoutes-tu la radio, des disques, du streaming ? Quoi par exemple ?
Ma radio c’est et cela a toujours été FIP. Depuis l’age de 14 ans cette radio m’a accompagné sur mon chemin de musicien, j’ai passé des heures a enregistrer sur cassettes des morceaux de jazz et autres musiques. C’était ma seule alternative d’avoir un autre éclairage musical que celui que l’on m’enseignait au Conservatoire. D’une manière générale je suis très friand de toutes les musiques, sans exception, de ce fait preneur de toute sorte de média de diffusion.
Cette situation change t-elle ta façon de voir les choses, la vie, ton métier ?
En fait beaucoup, je dirai même que « je revis ». C’est très égoïste mais je peux m’en m’expliquer. J’arrive en fait à faire ce que j’ai toujours voulu faire : du piano…Durant des années, de longues années, je me suis enfermé dans mes engagements professionnels de Directeur d’école de Musique, salle de concert et autres, au détriment de ce qui me faisait vraiment vibrer. Et à l’aube de ma retraite (la vache déjà!), je me sens comme » libéré » d’un poids. Je ne sais pas quel sera l’issue de la cette terrible situation (que nous vivons tous sur notre planète), ce que je sais, c’est que nous aurons assurément un autre regard sur et de nous mêmes. Il fallait que les choses changent, c’est ce qui se passe.
Un titre qui te passerait par la tête ?
Un titre : »E Lucevan le stelle« , air pour ténor chanté par le personnage du peintre Mario Cavaradossi au cours du 3ème acte de Tosca (opéra de Giacomo Puccini) qui finit par cette phrase : » Et je n’ai jamais autant aimé la vie ! » Je pourrais citer là : Enrico Caruson, Luciano Pavarotti, Andréa Bocelli, Placido Domingo ou encore Roberto Alagna, mais je préférais citer Stéphane Sénéchal, compagnon et ami de longue date, par ailleurs excellent chanteur de jazz, qui chaque soir depuis le confinement, ouvre sa fenêtre et chante pour tous !
https://www.facebook.com/stephane.malbecgarcia
« Un peuple qui chante est un peuple debout! ».
Ensemble contre le virus. Rester chez vous. Together against the virus. Stay at home.