Confiné avec… Benoît Lugué

photos Alain Pelletier

Nous vivons tous une période particulièrement difficile qui bouscule notre mode de vie d’une façon totalement imprévue. Les musiciens, comme tant d’autres métiers, n’échappent pas à la règle et sont particulièrement touchés économiquement.

Comme ils ne peuvent plus exercer leur art autrement que par quelques interventions sur les réseaux sociaux, nous avons pensé qu’il serait intéressant de continuer à tisser du lien avec eux par ce petit questionnaire.

Nous sommes avec : Benoît Lugué

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Présentes-toi rapidement. De quoi, avec qui, quelle musique joues-tu ?

Benoît Lugué, 39 ans, musicien, chanteur et compositeur. La basse électrique est mon instrument principal. Je joue notamment dans BAKOS, qui est un duo avec le batteur Martin Wangermée. Je compose pour des pièces de théâtre. Ma musique est une sorte de “fusion”, entre le groove, le jazz, le rock, l’électro, la pop et les musiques du monde. Ça tourne toujours autour de la transe, d’une certaine façon.

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Comment occupes-tu tes journées en ce moment ?

J’ai la chance d’avoir une maison en Normandie, dans le Pays de Bray. Une veille ferme que nous retapons depuis quelques années avec ma femme. C’est un endroit idéal pour vivre ce confinement avec nos deux filles (9 et 4 ans). Après des mois difficiles, dus à nos vies d’intermittents souvent sur la route, on en profite pour vivre notre vie de famille à fond. Et ce n’est pas une mince affaire ! Il y a le travail de classe, les cours de musique… Tout est suspendu mais tout doit continuer pour eux. Cela prend un temps fantastique, qui nous oblige à mettre de côté notre travail artistique. C’est un peu frustrant, et en même temps, c’est une période. J’en profite aussi pour préparer un prochain grand chantier : rénover un bâtiment de la ferme pour en faire une sorte de “fabrique”, à la fois mon futur studio, et aussi une grande salle modulable pour pouvoir répéter, enregistrer, préparer les spectacles de Sara, et pourquoi pas organiser de petits concerts ou événements. Un outil qui va surtout nous permettre de produire nos aventures en dépendant moins des autres. Donc concrètement en ce moment j’ai plus les mains occupées par la tronçonneuse et le burin que par ma basse.

En profites tu-pour composer, travailler ton instrument, ta voix ?

Oui j’essaie le soir ! J’ai pu aménager un studio provisoire où je peux faire du son et chanter très fort sans gêner personne. En ce moment la musique est un défouloir. Je fais n’importe quoi, je vais là où le son me mène. Je me fais du bien. Et j’enregistre une idée ici ou là. Mais d’ici quelques jours je m’y remets plus sérieusement, si les enfants me le permettent !

Comment arrives-tu à jouer « avec » les autres ?

Je ne cherche pas à jouer avec les autres via internet. Par contre nous préparons des choses avec ma femme, pour son prochain spectacle. Nous travaillons sur les textes de Sara, avec notamment des palmas inspirés du flamenco, mais à ma sauce !

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Ecoutes-tu la radio, des disques, du streaming ? Quoi par exemple ?

Le dernier disque sur la platine c’était le best of des chansons Disney, un tabac ! J’écoute surtout les infos, pour garder la temperature du monde. Il y a quelque chose de fascinant dans cette période. Il n’est pas facile de trouver un espace mental pour accueillir la musique.

Sinon j’écoute les derniers mix du prochain album de BAKOS, qui va bientôt partir au mastering. C’est fait !! J’ai vraiment hâte de partager ça, on a beaucoup travaillé sur ce disque. Le planning prévoit une sortie en septembre 2020.

Nous devions d’ailleurs jouer au Rocher de Palmer le 8 avril… On reviendra !

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Cette situation change t-elle ta façon de voir les choses, la vie, ton métier ?

Oui forcément. Que tout soit mis par terre aussi rapidement, ça interroge. J’ai hâte de retrouver la scène et d’aller voir les autres. La culture qui s’étale sur internet, ça ne me fait pas trop vibrer. Nous avons la chance d’être protégés par l’intermittence. La période est étrange, comme si tous les compteurs étaient remis à zéro. Comme un suspend dans cette compétition entre les artistes, cette course à échalote pour faire des heures, des concerts, des streams… J’ai peur que ça reparte de plus belle, avec une pression encore accrue. Il faut s’attendre à des temps compliqués. Mon projet de lieu ici à la campagne m’empêche de sombrer dans l’angoisse.

Un titre qui te passerait par la tête ? 

« Il en faut peu pour être heureux », le Livre de la Jungle !