Confiné avec Stéphane Borde et Nicolas Dubouchet

Nous vivons tous une période particulièrement difficile qui bouscule notre mode de vie d’une façon totalement imprévue. Les musiciens, comme tant d’autres métiers, sont particulièrement touchés économiquement. Comme ils ne peuvent plus exercer leur art autrement que par quelques interventions sur les réseaux sociaux, nous avons pensé qu’il serait intéressant de continuer à tisser du lien avec eux par ce petit questionnaire.

Nous sommes avec : Stéphane Borde & Nicolas Dubouchet

PM Bordes-Dubouchet 2017-7661-4

Présentez-vous rapidement. De quoi, avec qui, quelle musique jouez-tu ?

Stéphane Borde :Banjoïste ténor , dans le métier depuis plus de 20 ans , je joue principalement du jazz old-style et New-Orleans dans des formations telles que Jazz River Trio, Big 4 Sweet, Sweet Dixie ,Perry Gordon Trio, également dans des pièces de théâtre ( Bonsoir Charlie , Mme Paule ) et diverses autres formations.

Nicolas Dubouchet : Mes chers compatriotes bonjour, je m’appelle Nicolas Dubouchet et suis contrebassiste « vieux style » avec une petite spécialité pour la technique du slap, j’ai fait un dvd pédagogique à ce sujet il y a quelques années (Slapology).Je joue avec Charlaz (rockabilly & swing) mon plus vieux groupe qui devait fêter ses vingt ans cet été ! aussi avec Big Four Sweet la nouvelle mouture de Sweet-Dixie, avec Perry Gordon & His Rhythm Club, avec Claribol Stompers, avec Denis Girault New Orleans Project et au coup par coup avec d’autres groupes, ce que les ricains appellent « Hired Gun »…ça se traduit par « mercenaire » mais ce n’est pas très joli ! voilà, j’espère n’avoir rien oublié, la mémoire se barre un peu avec ce confinement..

Comment occupez-vous vos journées en ce moment ?

SB :A prendre beaucoup de temps avec mes proches et faire les travaux d’une grande vielle baraque dans le Libournais, pas facile sans l’accès aux matériaux , mais ça permet de perfectionner son système D.

ND :J’ai la chance de m’être échappé de la ville à temps, les Borde m’ont accueilli à la cambrousse dans leur vieille casbah. Je passe pas mal de temps à jardiner, se rapprocher de la terre me fait les bras et me vide la tête.Le soir c’est apéro, fléchettes, 421 et un peu de musique bien sûr.On démarre toujours avec une idée sérieuse mais la connerie a tendance à l’emporter…on se détend quoi..

PM Bordes-Dubouchet 2017-8389-2

En profitez-vous pour composer, travailler votre instrument , votre voix ?

SB :J’ai la chance de confiner avec de vieux potes musiciens, Pierre Bellouard et Nicolas Dubouchet , nous faisons souvent des bœufs à l’heure de l’apéritif par exemple. Sinon je ne travaille pas plus que ça mon instrument en dehors de ces jams.

ND :Je ne bosse pas beaucoup la contrebasse, je fais plus de guitare et de chant.Ici les guitares sont droitières et moi je suis gaucher…les deux mois ne seront pas de trop pour apprendre à l’envers ! je progresse un peu au chant, ce qui me donne des idées pour l’avenir.

Comment arrivez-vous à jouer « avec » les autres ?

SB :Avec deux glaçons dans une anisette ou de l’amer bière.

ND :Nous sommes trois musiciens ici et on se connait très bien, on a du bol de pouvoir jouer réellement ensemble mais le public nous manque évidemment.

 

Ecoutez-vous la radio, des disques, du streaming ? Quoi par exemple ?

SB : Beaucoup de musique variées en streaming , de Fats Waller à Dick Annegarn, de Robert Johnson à Metallica … Suivant l’envie du moment en fait.

Fats Waller reste quand même ce que j’écoute le plus

ND :Je n’écoute pas énormément de musique, en ce moment c’est plutôt documentaires et débats.Sur les conseils de Yann Vicaire j’écoute les chemins de la philosophie par exemple sur France Culture, je m’instruis en « siestant » avec des sujets comme « l’art peut-il consoler », « comment rester droit quand tout s’effondre » ou « ce n’est pas le doute, c’est la certitude qui rend fou », des sujets plus ou moins d’actualité qu’ Hanouna ne manquera pas d’évoquer !

PM Bordes-Dubouchet 2017-7963-2

 

 

Cette situation change t-elle votre façon de voir les choses, votre vie, votre métier ?

SB :Avec cette crise , nous avons vu que les premiers de corvées étaient vraiment les personnes indispensables au fonctionnement d’une société.

Alors bien sur je me suis posé la question de notre utilité comme artistes, de la chance que l’on a d’avoir un système comme l’intermittence a contrario de beaucoup de travailleurs indépendants.

En parallèle c’est la production artistique qui à permis à une majorité de gens de supporter ce confinement , en écoutant de la musique, lisant , regardant des films ou séries.

Donc oui la situation à changé ma manière de voir les choses et du sens des priorités.

Quand à mon métier … Je resterai musicien toute ma vie, même si je dois exercer autre chose pour remplir la gamelle de mes enfants si la situation l’oblige.

ND :Evidemment cette situation donne beaucoup à réfléchir et nous file de bonnes angoisses quant à notre futur et aux plumes qu’on va y laisser…je ne préfère pas trop y penser et espère plutôt un bon changement sur cette planète..espérons..

Un titre qui vous passerait par la tête ?

SB :Leon Redbone – Please Don’t Talk About Me When I’m Gone

ND :La Malaguena par Gaby Moreno, j’aime beaucoup cette chanteuse et sa technique de falsetto ajoute encore de l’émotion à cette belle chanson…un peu de douceur, à très bientôt à tous.

 

PM carte Action-Jazz et MARZAT copie

Carte AJ