Célia « Ella » Marissal et Yann « Joe » Pénichou
au Jeudi du Jazz de Larural
par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat.
Créon, le 17 octobre 2024.
C’est la reprise des JJ, les Jeudis du Jazz à Créon organisés par l’association Larural présidée par Serge Moulinier. Formule cabaret ce soir, dégustation de vin, repas et concert. https://www.larural.fr/
Le duo Célia Marissal et Yann Pénichou nous l’avons découvert cet été au Andernos Jazz Festival. C’était l’après-midi, la chaleur, le plein air, une scène basique sur la place du marché, les voitures qui passent derrière, toutes les conditions pour compliquer la tâche de Célia et Yann… et un succès absolu, une ovation, rappel demandé à corps et à cris !
Alors ce soir dans des conditions parfaites ça devrait être idéal ! Ca va l’être.
Le public pour une fois n’a pas été tenté et on est loin de l’assistance habituelle, quelle erreur ! Du bon vin, un bon Chili con Carne, de la très bonne musique, tout cela pour un prix plus qu’accessible et ici la certitude de ne jamais être déçu, exactement l’inverse même, on est toujours plutôt agréablement surpris.
Au programme donc, un concert hommage au duo Ella Fitzgerald et Joe Pass le guitariste. De 1973 à 1986, Ella, loin des accompagnements classiques avec des formations souvent imposantes, avait enregistré quatre albums en duo avec Joe Pass, un guitariste au registre doux et délicat, virtuose mais sans esbroufe. Pas facile pour une chanteuse de s’attaquer à un tel monument dans une formule minimaliste ne laissant aucune marge d’erreur. Et bien Célia Marissal relève le défi avec une aisance apparente qui masque un gros travail. Précision du placement de la voix, clarté de l’élocution, nuances, scat engagé et original, gestuelle habitée, postures, tout est en place pour faire revivre les grands standards.
Yann Pénichou avec sa guitare jazz demi-caisse propose ce son vintage de Joe en seconde voix ou en accompagnement ; pas avare d’improvisations et de citations (tiens, un « Black Bird » des Beatles qui vient voleter dans un blues joué en solo) il assure à Célia une trame sur laquelle elle peut nous broder (le jeu de ses mains) son chant sensible et alternant émotion et fantaisie.
Que ce soit pour une version épurée de « Nature Boy » ou une adaptation du légendaire « Mack the Knife », pour un revendicatif « Why don’t you do right » ou une alerte « One Note Samba » Célia joue de sa voix avec une parfaite maîtrise. La complicité et l’interaction des deux musiciens sont évidentes, leur plaisir à jouer se communicant à une salle particulièrement attentive, subjuguée tout simplement.
Programmateurs, particuliers pour des concerts privés, n’attendez plus, ce projet est magnifique et d’une souplesse d’organisation inégalable.
Prochain « Jeudi du Jazz » le 20 février 2025 avec une équipe de choc autour du projet « Symmetric » : Baptiste Herbin (sax), Nicolas Gardel (trompette, bugle), Laurent Coulondre (claviers) et Yoann Serra (batterie) ; pas moins ! Un concert à ne pas rater.