par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat, Christine Sardaine (Kiswing 33 – NB), PhD.

Anglet Jazz Festival, dimanche 19 septembre 2021

Dimanche matin, il pleut, heureusement. Les organisateurs auraient été bien marris si la météo s’était trompée eux qui la veille, la mort dans l’âme, ont décidé de rapatrier les concerts du parc de Baroja vers le théâtre Quintaou. Tant pis pour le pique nique, la garden party, les enfants qui courent en écoutant distraitement la musique. Les glacières gavées de rosé – excellent celui d’Irouléguy vendu au restaurant du théâtre – ou de bière – pas mal la Bob’s brassée à Navarrenx qu’on trouve aussi ici – resteront à la maison. Pour les musiciens ça veut dire de meilleures conditions pour jouer, un mal pour un bien.

D.O.T

Justement depuis quatre jours il y en a trois qui lorgnaient sur la grande salle de 750 places assises, les tout récents lauréats du Prix Action Jazz primés le samedi précédent au 9ème tremplin Action Jazz Nouvelle-Aquitaine. Suite à leur prestation les organisateurs du festival les avaient choisis pour leur offrir une prestation en ouverture le dimanche et aussi une résidence de trois jours dans la petite salle (120 places) du théâtre. Pierre Fabre (orgue Hammond), Louis Schneider (guitare électrique) et Romain Lastère (batterie) du groupe D.O.T vont ainsi réaliser leur rêve. La salle est bien plus remplie que les soirs précédents, c’est gratuit. Marc Tambourindéguy en ouverture, rappellera d’ailleurs malicieusement que le festival ce n’est pas que le dimanche…

D.O.T qui signifie Don d’Organ Trio (!), groupe bordelais, a une signature : le groove. Deux jours auparavant ils ont expliqué ce que c’était à trois classes de 4ème d’un collège local venus à leur rencontre pendant leur résidence. Ce groove, il part de la batterie et particulièrement du drumming  de Romain Lastère le vétéran du groupe, 27 ans, les autres en ayant 22. Il s’enrichit bien sûr de la rythmique de l’orgue de Pierre Fabre avec ses basses au pied ou à la main gauche, ce son enveloppant, sensuel du Hammond et de sa cabine Leslie. Là-dessus la main droite de Pierre Fabre et la guitare de Louis Schneider peuvent tisser leurs mélodies. Jazz, soul, rhythm and blues tout cela à la fois et surtout une musique chaleureuse qui invite à danser sinon à bouger. Des compositions originales dont certaines toutes fraîches crées lors de la résidence, truffées de breaks, de syncopes, une musique qui ne vous lâche pas. Beau succès pour ce groupe prometteur qui conclut pour eux une semaine de rêve. Leur satisfaction – déclarée – pendant ces quelques jours faisait plaisir à voir.

Pirate 

Autre groupe venu du nord, Bordeaux, Pirate est une formation de musiciens confirmés. Philippe Valentine (batterie) et Christophe Maroye (guitare) avaient envie de rejouer ensemble et plus particulièrement le répertoire de John Scofield. Pas n’importe lequel, celui de sa collaboration avec Joe Lovano dans les années 2000. Il fallait donc un saxophoniste ténor, ce sera Pascal Faidy et bien sûr une contrebasse, celle de Nolwenn Leizour que tous les musiciens s’arrachent. Sur des tournes de contrebasse obsédantes – quelle machine cette Nolwenn ! – des compositions aux syncopes caractéristiques où sax et guitare se répondent, le tout soutenu par un drumming musclé. On est dans le jazz fusion, dynamique et puissant, le son et le jeu de guitare de Christophe, dans le plus pur style de Scofield, apportant une touche de légèreté. J’adore.

 

Swing Bones & Nicolas Gardel

A Action Jazz nous avions adoré leur album « la Part des Anges » entièrement composé par Nicolas Gardel et nous avions hâte de les voir réunis sur scène. Ils sont donc huit, arrivés par la route dans l’après-midi de leur concert de la veille. Pas de balances donc comme les autres groupes, juste un « light check » comme on dit dans le métier, des réglages rapides et devant le public prévenu que ce n’était pas encore le concert. Ah bon ! Les quatre trombones (Jérôme Capdepont, Baptiste Techer, Olivier Lachurie, Jérôme Laborde) la trompette (Nicolas Gardel), le piano (Thierry Gonzalez), la contrebasse (Julien Duthu), et la batterie (Thomas Domene) nous sortent instantanément un son quasi parfait sur un tempo de malade ! Tonnerre d’applaudissements alors que ce n’est pas encore commencé, ça promet !

Baptiste Técher, Jérôme Capdepont, Nicolas Gardel, Jérôme Laborde, Olivier Lachurie

Intermède photo avec la magnifique équipe du festival et les musiciens présents et le concert peut (re)commencer. Ce groupe c’est un mini big band (vous savez comme les mini magnums glacés), c’est aussi bon et énergique mais avec plus d’agilité qu’une formation de 20 musiciens. C’est Nicolas Gardel qui a arrangé ses propres compositions  et croyez moi c’est vraiment ciselé, il se passe toujours quelque chose. Une musique chaleureuse non dénuée d’humour avec des titres évocateurs « Valse du vieillard maniaque », « Rhum à ranger », « Wine pocket » la poche à vin, évocation d’un pochtron- on ne dira pas qui – tellement bien rendue par son rythme titubant et qui s’enflamme par des coulées de cuivres. Un concert jubilatoire où la musique coule à flots qui conclut quatre jours d’un festival particulièrement réussi. Comme on dit, vivement l’année prochaine !

Galerie photos : 

L’équipe du festival et des musiciens. Photo PhD

D.O.T

Louis Schneider D.O.T

 

Romain Lastère D.O.T

Pierre Fabre D.O.T

 

Christophe Maroye – Pirate

Philippe Valentine – Pirate

Nolwenn Leizour – Pirate

 

Pascal Faidy – Pirate

 

Baptiste Técher, Jérôme Capdepont – Swing Bones

 

Jérôme Capdepont, Nicolas Gardel, Jérôme Laborde – Swing Bones

 

Les Bordelais de D.O.T et Pirate devant la fresque d’un autre Bordelais, l’artiste Franck Tallon. Photo PhD