Ana Carla Maza en solo à la Source

par Philippe Desmond, photos Christine Sardaine

Médiathèque la Source, Le Bouscat, jeudi 30 mai 2024.

La chanteuse, violoncelliste et compositrice cubaine revenait dans la région après son concert au Rocher de Palmer en février dernier et celui d’Eymet en avril. Il faut dire qu’Ana Carla est en train de se bâtir une belle carrière grâce à son talent et l’originalité de sa musique. Un cocktail Cuba Libre très élaboré mêlant les musiques latines celle de ses racines de Cuba, de Colombie, d’Argentine, du Brésil, du Pérou… à la musique classique (sa formation de base) au jazz, un peu, et même à la chanson française parfois. Sur son dernier album « Caribe » elle évolue en sextet et se produit sur scène en quintet ou comme ce soir en solo. Exercice risqué que de se présenter devant le public avec son seul violoncelle et de réussir à le capter tout le long du concert. Elle s’en tire magistralement ! Rayonnante elle se jette dans son répertoire avec une énergie débordante. Le violoncelle et sa réputation plutôt austère et sage, devient très vite un acteur vivant de son set. Ana Carla en joue plus pincé que frotté, elle le transforme en instrument de percussion en tirant des résonances de cajon, elle le rapproche aussi de la contrebasse. De sa voix elle nous emmène dans son univers voyageur, ses paysages colorés. Son interaction avec le public arrive assez vite mais sans excès ; ce soir celui-ci, assez mûr, est un peu timide, visiblement peu habitué à intervenir « bruyamment » en concert, mais ça finit par se détendre et le final sera une vraie liesse. Chaque titre ou presque est introduit par une explication, toujours sur un fond musical de violoncelle ; elle nous parle d’elle de ses racines dans un quartier de la Havane, de ses années de conservatoire où elle a un jour réalisé n’avoir travaillé et joué que des œuvres de compositeurs masculins. Elle voudrait que son titre hommage à Astor Piazzolla devienne ainsi une référence pour les futurs violoncellistes.Tonique derrière son violoncelle, habitée, secouant ses boucles avec grâce elle dégage une énergie élégante permanente, alternant chant en espagnol et en français de son délicieux accent. Le « A Tomar café » en rappel, son tube, va s’étirer de longues minutes, le public debout et enfin décomplexé chantant avec elle avec ferveur.

Une artiste solaire et très sympathique comme les rencontres d’après concert ont pu le confirmer, Ana Carla ayant toujours un mot aimable pour chacun.

En avant-scène j’avais été convié à présenter la carrière d’Ana Carla, la situant dans l’histoire de la musique cubaine et son lien avec le jazz. Entre cette présentation et le concert et comme à chaque fois, un buffet a été offert par la ville ; on est bien reçu ici ! Dernier spectacle de la belle saison culturelle du Bouscat et complet comme toujours.

Liens :

Concert au Rocher de Palmer

https://www.anacarlamaza.com/

https://mediatheque-bouscat.fr/