Redshift Trio

« Cloud Forest »

Sortie en avril 2025 chez nusica.org, du quatrième album de Redshift Trio : Cloud Forest.

Par François Laroulandie

Josh Deutsch : trompette, Wurlitzer, Fender Rhodes, Roland. Nico Soffiato : guitare électrique, guitare baryton, synthétiseur. Dave King : batterie. Rudy Royston : batterie. Bram Kincheloe : batterie.

‘Une après-midi d’été à écouter cet album qui distille une idée du beau en jazz, évident et raffiné, une musique qui touche à l’essentiel, à l’occasion minimaliste, et qui nous fait voyager loin. Dix plages jouées en trio, des compositions mêlant les sonorités électriques de Nico Soffiato à la guitare et les timbres cuivrés de Josh Deutsch à la trompette lequel touche aussi avec bonheur aux claviers, avec une batterie qui sait se fondre dans le groupe avec élégance et brio. Josh Deutsch, trompettiste et compositeur, issu du New England Conservatory of Music de Boston, est installé à New York. Très actif sur la scène internationale, c’est le quatrième album qu’il cosigne avec Nico Soffiato, guitariste et compositeur sorti du Berklee College of Music, installé à Brooklin. Ils sont rejoints pour ce disque par trois batteurs états-uniens d’exception (Dave King, Rudy Royston, Bram Kincheloe) qui officient aux baguettes selon les morceaux, respectant parfaitement la cohérence et la couleur de l’album tout en apportant leur touche personnelle. Huit compositions originales et deux reprises sont au programme. Installons-nous confortablement et lançons le disque sur notre meilleur système sur la première plage : C Something. Un riff hypnotique à la guitare électrique accompagné des notes discrètes du Fender Rhodes ouvre la voix au phrasé de la trompette suave comme une source deau claire, le tout enveloppé par un tempo qui monte imperceptiblement vers un final en suspens. Le ton est donné : une superbe composition de Josh Deutsch comme entrée dans un univers musical de l’excellence tout en étant parfaitement accessible. Likely story est un bel exemple de collaboration inspirée entre Nico et Josh, lequel introduit quelques variations mélodiques inspirées de Radiohead. Un titre qui met sur le devant de la scène la trompette au son précis, enveloppée par les timbres profonds et chauds de la guitare baryton ; une belle cohérence soutenue par une rythmique toute en retenue. Cloud Forest, titre éponyme de l’album, sept minutes vingt de douceur et d’élégance entre la superbe sonorité aérienne de la guitare électrique et le velours du cuivre, avec en contrepoint le clavier Wurlitzer. Make it there, sur un tempo enlevé de sonorités latinos entre chorus de trompette et guitare électrique flirtant avec des accents rock plus longs avance dans ce morceau qui annonce le cœur de l’album, en tous cas les titres que j’ai eu plaisir à réécouter sans m’en lasser, révélant à chaque nouvelle écoute la richesse et l’originalité des compositions. Inertia nous envoûte par l’efficacité de la ligne mélodique qui nous renvoie parfois à quelque souvenir, trompette en légèreté, montée en puissance de la guitare emportée par le tempo accélérant imperceptiblement, il y a du groove dans ce titre. 86 the Ravioli explose dans le style annoncé précédemment et côtoie les ambiances électro du synthé et du Wurlitzer mêlant les teintes rock de cordes à l’occasion saturées. Quatre minutes de tension qui s’apaisent dans un ostinato de guitare en final comme des lucioles après l’orage. Deux titres en suivant en forme de ballades qui révèlent le souci du détail, des ornements sonores en arrière plan aussi discrets qu’essentiels ; une délicatesse de jeux sur A coat of white primer et Between the bars, ce dernier étant une reprise dune composition de Elliott Smith teintée de nostalgie en mode mineur. Strange meeting, reprise d’un titre de Bill Frisell ; guitare et trompette entament un dialogue chargé d’émotions, ça monte avec l’entrée du Fender Rhodes aux accents rauques en soutien d’un sublime solo de guitare électrique de Nico Soffiato. Assurément une interprétation toute en subtilités. Dernier titre, Purpose and salivation introduit clavier et guitare dans une ambiance de forêts  tropicales ; la mélodie envoûtante au temps suspendu ponctué par caisse claire et coups de gong des cymbales. Et un final s’étirant longuement en perles de pluie qui invite à remettre le cd au début.

https://youtu.be/_xoRcH1peRM?si=c-2cM943Q0uWruE2