Old School Funky Family au Rocher de Palmer
Par François Laroulandie, photos David Bert
Jeudi 9 octobre 2025
Oubliez le réel, et laissez-vous entraîner dans le monde du rêve : les peluches qui peuplent la chambre de l’enfant que vous étiez prennent vie durant votre sommeil, se saisissent de divers objets et instruments de musique pour un bœuf festif et déjanté. Bienvenue dans le monde brut et joyeux de l’enfance !
Le OSFF, ce sont huit copains de lycée de Bayonne (une ville où l’on aime bien la fête) qui célèbrent cette année leurs vingt ans de scène en sortant un cinquième album, Peluches vol. 1 chez Pleins Poumons Production. Un album paré des couleurs et de l’imaginaire de l’enfance imaginé par Jérôme Martineau-Ricotti, batteur et compositeur du groupe. Le résultat est un spectacle exubérant où le plaisir de jouer de la musique c’est d’abord jouer et qui illustre parfaitement leur credo : « Faire de la musique sérieusement sans se prendre au sérieux ». Revêtus de pyjamas en pilou taille xxl, huit gaillards espiègles montent sur la scène peuplée d’oursons et autres bestioles en peluche…
Paul-Antoine Roubet : saxophone soprano / Illyes Ferfera : saxophone alto / David Mimey : saxophone tenor / Julien Buros : saxophone baryton / Arthur Guyard : clavier / Joël Riffard : guitare / Pierre Latute : sousaphone / Jerôme Martineau-Ricotti : batterie
Et dès les premières notes, ça envoie du gros GROS SON ! Avec une rythmique implacable, et ce quartet de saxophones (du baryton au soprano) débordant d’énergie, soutenu par le sousaphone en sourdine et l’assemblage guitare clavier et batterie qui assure un tempo d’enfer. On l’aura compris on est là pour le plaisir du jeu et le premier titre ‟Ceci est une patateˮ résonne comme un clin d’œil à Magritte. Et ces huit là ne sont pas là pour faire de la figuration, ça danse et ça balance, et cette formation typée brass band envoie un jazz funk mâtiné d’influences afro beat _l’esprit de Fela Kuti ou de Manu Dibango ne sont pas loin_ et teinté d’accents festifs du pays basque.
Et ça enchaîne sur un titre prometteur issu de leur premier album de 2015, ‟Le raffutˮ. Le relief entre la rythmique tellurique et les chorus ahurissants du saxophone soprano réverbéré de Paul-Antoine Roubet produit son effet, entraînant à sa suite la troupe au complet pour un final en guitare typée rock. Suit ‟La piperade du poulpeˮ, décidément l’auto dérision fait aussi partie de leur panoplie. Un peu de sérieux ? Mais pas trop avec ce titre qui dure près de onze minutes ‟Oursˮ, présenté comme une ode au vivant mais qui tient ses promesses : ambiance tantôt rouge sang ou bleue banquise, la prestation remarquée de Illyes Ferfera au saxophone alto et de Joël Riffard à la guitare, ovationné. Au tour de David Minex et son sax ténor d’enflammer la scène sur cet inédit ‟La folle aventure de Choupiˮ toujours entouré de ses complices facétieux. Et le quatrième sax, le baryton sur le devant de la scène dans un ‟Désert Flabidouilleˮ ( mais où vont-ils chercher ces titres?) tout aussi enthousiasmant.
Surprise, une reprise du groupe funk américain Vulfpeck, un ‟Soft Paradeˮ à la rythmique syncopée qui emporte tout le monde dans une communion funky forte en sax. Il est déjà temps de songer à l’atterrissage, et ce sera encore un inédit inspiré d’un voyage au Japon dans le quartier branché de Tokyo, ambiance jeux vidéo dans ce ‟Shibuya-Kuˮ très flashy et déjanté.
‟Bamboche et Chaloupadeˮ dernier morceau, en référence aux mots du Préfet du Centre-Val de Loire lors de l’épisode du Covid dont l’injonction doit nous rappeler que la fête est aussi un acte politique. Preuve que l’on peut être affûté sans se prendre au sérieux. Et leur générosité est à la mesure de l’énergie déployée sur scène, et de l’énergie il en ont encore pour se lancer dans une séquence déchaînée d’anthologie de Jérôme Martineau-Ricotti derrière sa batterie, entouré de ses compères à l’unisson, ‟Accrobrancheˮ.
Un moment de douceur pour terminer avec cette ‟Berceuse de Loïmˮ, la source d’inspiration du batteur compositeur. Et un rappel enthousiaste pour relancer la machine avec un ‟Tonusˮ issu de leur précédent album qui porte diablement son nom, un groove pétillant d’énergie qui invite au dance floor et le public a répondu à l’appel. Alors la prochaine fois, ne manquez pas l’occasion s’ils viennent semer la fête à haute tension près de chez vous…