Nicolas Thomas 

« Coffee Break »

5 étoiles

Label Fresh Sound sortie le 14 Février 2025

Chronique de Martine Omiécinski

Nicolas Thomas : Vibraphone, compositions / Peter Bernstein : Guitare (1,4,6,7) / Hiroshi Murayama : Piano / Darry Hall : Contrebasse (1,2,4,6,7)  /Michel Rosciglione : Contrebasse (3,5,8)  /Mourad Benhammou : Batterie / Viktorija Gecyté : Voix et co-composition sur « Up to you »

Nicolas Thomas est un vibraphoniste italien vivant à Paris. Son premier disque sorti en 2021 « Plays the Music of Hank Jones » explorait brillamment des morceaux de ce pianiste américain frère d’Elvin Jones, Nicolas était accompagné d’Alain Jean Marie au piano, et déjà de Mourad Benhammou aux baguettes et de Vitorija Gecyté (qui chantait sur 1 morceau). Par ailleurs, il a aussi joué avec Jeanne Michard.

Puisqu’on parle d’une femme musicienne, j’en profite pour présenter Viktorija Gecyté, belle voix lithuanienne ayant gagné le concours Sarah Vaugham en 2019 (expression vocale) que l’on écoute sur un morceau.

Nicolas, en composant pour ce projet, dit avoir tout de suite pensé au guitariste américain Peter Bernstein, ce dernier s’étant illustré avec Brad Meldhau, Lee Konitz ou encore Joshua Redman et donc il trouve le phrasé unique.

Il a également pensé à Hiroshi Murayama, ce pianiste tous terrains (scènes réputées, clubs, hôtels, studios…) japonais vivant comme lui à Paris. Quant à Darry Hall, ce contrebassiste américain au palmarès impressionnant, très pointu sur la musique afro-américaine, a aussi choisi de s’installer en France. De son côté, Michel Rosciglione, un autre contrebassiste émérite a partagé la scène avec Dave Liebman, Archie Shepp ou Pierre De Bethmann.

Faut t’il présenter Mourad Benhammou que l’on a vu notamment avec David El Malek et Baptiste Trottignon, il a également enregistré avec Alain Jean Marie un album hommage, cette fois-ci à Thélonious Monk !

Donc du beau monde oeuvrant dans la tradition du swing tout en osant des mélanges subtils de rythmes et de phrasés.

Mes morceaux préférés :

« Senegal Street Bounce » : Pour le tempo africain magnifié par la guitare de Peter Bernstein

« Coffee Break » : Pour les phrases itératives aux airs de bossa scandés par Mourad Benhammou et Darry Hall en parfaite cohésion, Nicolas émeut avec son frappé quasi aérien par moments et Hiroshi Murayama déroule ses accords très swingants.

« Up to You » : Pour la belle voix grave un peu éraillée de Viktorija Gecyté sur cette histoire mélancolique chantée qu’elle a co-écrit avec Nicolas.

« Too Marvelous for Words » de Mercer et Whiting en 1937, chanté notamment par Frank Sinatra : Cette « re-visite » est à la fois remarquablement actuelle et ancrée dans l’histoire du jazz : quel swing, quel phrasé à la guitare, quel dialogue subtil vibraphone / piano, quelles lignes de contrebasse de Darry, quel frappé de Mourad ! et quel brio collectif.

« Bolero Passeggero »: Lent boléro mis en lumière par la contrebasse émouvante de Michel Rosciglione, le travail d’orfèvre de Mourad, les solos langoureux de Nicolas et de Hiroshi et les boucles lancinantes de la composition.

« One for Sankara » : Pour l’éloquent solo de guitare de Peter, le vif envol du vibraphone de Nicolas

« Fleur » : La solide rythmique menée de mains de maître par Mourad et Darry nous embarque sur un tempo de transe (Afrique du Nord ?) sur lequel les claviers et la guitare déroulent avec maîtrise leurs solos.

« Soon » de George et Ira Gershwin clôt l’album, ces arrangements impétueux et audacieux de Nicolas révèlent encore les talents individuels et collectif.

Bref, cet album qui m’est apparu un poil classique à la première écoute s’est révélé truffé de pépites, si bien que j’ai fini par l’écouter en boucle !!!