Lapsus, Grand Prix Action Jazz 2023, en résidence à l’OARA

 

par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat.

La MECA, Bordeaux jeudi 6 juin 2024.

Chaque année le Grand Prix du Jury du Tremplin Action Jazz Nouvelle-Aquitaine se voit, entre autres récompenses, offrir une semaine de résidence rémunérée par l’OARA (Office Artistique de la Région Nouvelle-Aquitaine) dans les locaux de la MECA (Maison de l’Economie Créative et de la Culture en Nouvelle-Aquitaine). Ainsi c’est le directeur de l’OARA, Joël Brouch, qui nous accueille en compagnie d’Alain Piarou président d’Action Jazz

C’était au tour du lauréat 2023, le groupe Lapsus, de venir travailler sa musique, créer des compositions et les restituer au public en concert. Le plateau technique ici est superbe et permet aux artistes de travailler dans des conditions optimales avec les techniciens présents.

La dernière fois que j’avais vu Lapsus c’était lors de leur passage au Club Jazzafip en mai 2023, ils avaient joué en direct dans le studio de l’émission. Depuis le groupe a évolué musicalement mais toujours en trio avec les mêmes musiciens : Bruno Rougevin-Baville (piano), Antoine Brunet (basse) et Félix Faviez (batterie)

Lors de cette résidence ils ont encore créé deux titres dont un la veille du concert de restitution. Mais c’est avec « Esquisse » joué déjà lors du Tremplin qu’ils débutent leur set, un piano à domiante classique, une batterie vibrionnante vont ainsi dialoguer avec énergie arbitré par la guitare basse, avec ou sans effet. Ce titre, un hommage aux « Estampes » de Debussy, situe de suite le style musical du trio, une musique tirant plus vers le rock progressif que vers le jazz, une musique aux motifs répétitifs enivrants. Ce qu’arrive à produire ce « simple » trio en terme d’ampleur musicale est assez étonnant. Avec des effets électros, des octavers, c’est un rendu quasi symphonique qui nous est proposé. Personnellement je trouve leur univers assez sombre, orageux souvent avec des envolée lyriques tourmentées, au sens de la tourmente. Les titres débutés calmement ne le restent pas longtemps comme « Litanie » dont la montée fiévreuse n’est pas sans rappeler le « Red » de King Crimson. Une filiation que revendique le groupe, Antoine me disant qu’il l’avait découvert à 14 ans grâce à son prof de Latin ! Et « Lapsus » ce titre sur un fond rouge mouvant rappelant un brasier, qui m’évoque parfois Magma.

La musique du groupe est très pensée, les références culturelles y sont présentes, Debussy on l’a vu et maintenant Theodor W.Adorno et son livre « Le caractère fétiche dans la musique » dénonçant en 1938 la culture bourgeoise et qualfiant le jazz de « musique d’arriérés », rien que ça ! Voilà pour le titre « Adorno » donc où la basse sonne comme un orgue désarçonnant certaines oreilles.

En résumé une musique très riche, complexe, pleine d’audace par de jeunes créateurs – ils composent ensemble – qui n’ont pas choisi un chemin facile, ce qui est tout à leur honneur.

Un grand merci à Joël Brouch directeur de l’OARA et à ses équipes administratives et techniques.

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