Kossi Mawun

« Culte »

 

Par Philippe Desmond

Kossi Mawun : batterie, percussions, voix, compositions et arrangements / Joachim Amouzou : piano, synthé, voix / Jérémie Doumessi : basse / Nicolas Genest : trompette / Jean-Pierre Nunana : percussions / Izealedu, Yébéssi : voix

Récemment nous avons découvert le batteur compositeur Kossi Mawun, il était l’hôte en trio pour quelques jours du Rocher de Palmer : rencontre avec des musiciens, interview (voir lien en fin d’article)  masterclass au département jazz du Conservatoire de Région de Bordeaux et enfin première partie du concert de Makaya McCraven au Rocher.

Justement le groupe de Kossi Mawun vient de sortir l’album « Culte » .

Du jazz, on parle de ses racines africaines, celles du XVIIIè siècle qui ont donné cette musique afro- américaine du début du XXè. Mais ces racines, elles, restent vivent là-bas, elles donnent toujours de vives pousses, la preuve avec ce groupe venu du Togo. Kossi Mawun n’a pas sorti un disque seulement pour plaire, a-t-il confié, mais il l’a conçu comme un espace sacré un hommage aux ancêtres, à sa culture, un côté spirituel qu’il revendique. Plus joueur de tambour que de batterie (il y excelle rassurez-vous) il a le don d’amener vers la transe avec des compositions très travaillées qui peuvent laisser de la place à l’improvisation.

Cet album respire l’Afrique, pas celle de l’Afrobeat, pas celle de la World Music, celle du Vaudou, celle des ancêtres sacrés, elle le fait avec modernité, celle des instruments notamment. Pas d’instruments traditionnels ici en effet, sinon quelques percussions mais un clavier électrique, une basse électrique, une batterie, parfois une trompette. La musique résonne comme un battement de coeur s’appuyant sur des airs parfois traditionnels, tribaux sur lequel le clavier brode son chant.

Batteur autodidacte Kossi Mawun en un vrai Maître Tambour, n’a-t-il pas évoqué Elvin Jones, Art Blakey, Alphonse Mouzon, Billy Cobham lors de notre entretien des batteurs puissants mais comme lui capables de finesse de polyrythmie. Il en a fait la démonstration éclatante lors de son concert au Rocher n’ayant, bien qu’intimidé avant, aucun complexe à avoir par rapport à Makaya McCraven même s’il joue dans un autre style.

L’album comporte huit compositions originales de Kossi Mawun et un arrangement du « Togo » de Don Cherry. Kossi possède en effet la culture jazz universelle, capable de jouer, comme j’ai pu l’entendre lors de notre rencontre,  aussi bien des standards que Coltrane, Wayne Shorter mais il se refuse à la copier sur ses propres productions. Pour autant il fait vraiment du jazz, son jazz.

Alors si vous voulez sortir des sentiers battus, prendre les pistes togolaises authentiques, découvrez cet album d’un groupe qui commence à s’exporter et dont on devrait entendre parler de plus en plus dans nos contrées.

Interview de Kossi Mawun

OKuumba

 

Soutenez le jazz en Nouvelle Aquitaine !