Jazz vocal :
Pierre-Gérard Verny en stage avec Eufonia pour les concerts d’Edelvoice
Action Jazz s’est rendu au Conservatoire de Bordeaux pour assister au stage de jazz vocal organisé dans le cadre du festival Eufonia https://eufoniabordeaux.fr/
Ce stage prépare à deux concerts, un à la Teste à la salle Cravey samedi 5 octobre à 20h30, l’autre le lendemain au Rocher de Palmer de Cenon à 16h30. Les 100 choristes accompagneront l’ensemble vocal Edelvoice composé de 12 chanteuses mêlant dans un crossover de très haut niveau, musique classique et jazz. A la direction de ce groupe et aux commandes du stage, Pierre-Gérard Verny, le spécialiste du jazz vocal et polyphonique. Il a notamment travaillé avec Claude Bolling, Michel Petrucciani, Didier Lockwood, Henri Salvador, Bireli Lagrène, Stephano Di Battista, Toots Thielemans… Avec lui la cheffe de choeur reconnue Fanja Rahajason et au piano Ludovic Allainmat musicien de jazz (avec Baptiste Herbin, Jérôme Etcheberry, François Laudet, Alexis Avekian…).
Nous avons pu admirer la minutie et la précision du travail pour faire naître et grandir les morceaux. Chaque détail est soigné jusqu’à ce qu’il soit parfait, le chef donne ses conseils, critique, ronchonne (gentiment), félicite aussi. Les altos lâ-chez-vous ! Ne traînez pas sur les fins ! … On arrête de digérer et on chante !
Nous avons pu nous entretenir avec Pierre-Gérard Verny après avoir assisté à deux heures de travail de mise en place du répertoire. Entretien avec un vrai passionné.
Action Jazz : pour ce stage vous êtes partis de quoi ?
Pierre-Gérard Verny : de zéro !
AJ : les choristes de ce stage sont amateurs ?
PGV: oui, ils viennent de quatre chorales (Arcana d’Arcachon, Crech’endo de Bègles, Chœur de Swing de Bordeaux et Chœur en Kit de Gauriac) mais il y a aussi des individuels. La plupart n’ont jamais travaillé ce type de répertoire et de musique. On leur a fourni quand-même à l’avance les partitions et les fichiers audio. On est donc réunis pour être autour des concerts d’Edelvoice qui chante en crossover, moitié jazz moitié classique.
AJ : le crossover entre classique et jazz se développe, il est à la mode, vous en êtes un des précurseurs à une époque où les deux mondes avaient du mal à se parler
PGV : oui les barrières se brisent. Je le pratique depuis longtemps avec assez peu de succès il y a trente ans. Je l’ai fait sur la voix, je suis un des seuls, c’est ce que racontent les gens, que je serais le spécialiste du chant choral jazz, oui c’est mon truc. Le jazz est une musique qui peut paraître difficile à transmettre quand on ne la connaît pas, c’est ce qui peut être délicat. Dans ce stage tout cela marche très bien et pourtant nous n’avons que deux jours de répétition avant les concerts du week-end prochain.
AJ : vous avez travaillé tout à l’heure sur une version française de « Route 66 » c’est celle de Mimi Perrin des Double Six ?
PGV : oui tout à fait, « Route Paris-Nice » ; on va aussi faire sa version de « Sweet Lorraine ». « What a Wonderful World » c’est bien sûr le standard américain, « La belle et Le Blues » c’est nous qui en avons fait l’adaptation sur une musique que m’avait pondu avec grande difficulté Claude Bolling, il n’avait pas le temps, bref. Mais il m’avait donné la structure, des conseils d’arrangement. Je travaillais avec lui à cette époque sur des adaptations vocales de titres de big bands. J’adore monter ce genre de projets avec les stagiaires, ça permet d’associer des amateurs et des professionnels.
AJ : on a remarqué la poigne et l’humour dont vous faites preuve pour diriger tout cela !
PGV : oui l’humour ça marche très bien mais de temps en temps il faut se faire entendre.
AJ : avec Ranja Rahajason vous vous complétez bien pour mener les stagiaires.
PGV : Oui. Elle est chanteuse et cheffe de chœur, son expression c’est plutôt la musique noire, le gospel, la soul, Stevie Wonder, la Motown.
AJ : les musiciens classiques n’ont-ils pas du mal à trouver le swing, à sortir de leurs partitions ?
PGV : ceux-là non, parce que le chanteur amateur est quelqu’un qui est là parce qu’il a envie, il a même payé un peu pour venir. Ils arrivent à se lâcher et à se laisser musicalement modeler. Le professionnel c’est très compliqué. C’est pour cela que je demande de chanter par cœur car il a une espèce de libération du corps, d’un seul coup on a plus ce truc là (la partition) ce n’est rien du tout mais ça libère.
AJ : en effet on a vu de suite quand vous avez intégré quelques mouvements chorégraphiques la qualité de voix s’est améliorée de suite.
PVG : la liaison corps voix c’est fondamental, si on bride l’un, l’autre ne s’exprime pas complètement.
AJ : Merci beaucoup et je peux vous dire qu’on passe un moment sensationnel à vous voir travailler.
PVG : avec grand plaisir et je crois que eux aussi !
Merci à Bernard Causse et Eliane Lavail pour l’invitation à cette répétition.
Billeterie pour les concerts d’Edelvoice + 100 choristes : https://eufoniabordeaux.fr/billetterie/