BILLET D’AMOUR ET NOTES PERSANES
par Solange Lemoine, photos Alain Pelletier.
Marmande, le 10 octobre 2020.
Chaque année, le festival Jazz & Garonne nous invite au voyage. Tout spécialement ce soir, pour la 10ème édition du Festival, il s’agit du Voyage Amoureux — le Hâl — celui de la Très Grande Vie, mais aussi celui du quartet de Keyvan Chemirani.
De musique et de poésie, de mystique et de mystère, d’Orient et d’Occident, le Voyage Amoureux — le Hâl — se révèle par des paysages sonores aux mille et une tonalités ; musique ancienne persane (d’origine soufie), musique du monde, improvisations, jazz, chant, poésie…
Le quartet se compose de :
– Keyvan Chemirani (percussions digitales, santour).
Le zarb — petit tambour en forme de calice recouvert d’une peau de chèvre — est l’un de ses instruments de prédilection, virtuose en la matière, comme son père et son maître, le grand Djamchid Chemirani. Il joue également du santour indien, instrument de la famille des cithares sur table, très beau et très complexe, dont il est dit qu’il faut la moitié d’une vie pour l’accorder et l’autre moitié pour en jouer faux.
– Maryam Chemirani (chant). Sa voix, douce et puissante, nous envoûte tel un philtre d’amour. Elle conte et chante en français, en anglais, en farci (persan moderne) ou en persan ancien. Maryam demande à un sage : “dans quel état se trouve le monde ?”… mais oui, dans quel état ? ainsi livrés à nos songes, elle nous abandonne à nos rêves d’Orient, emprunts de couleurs, de beauté et de raffinement extrême. A l’image du pèlerin de la fable, elle choisit la route qu’a emprunté son cœur, de mots en notes, et s’égare en chemin dans la Perse ancienne.
– Bijan Chemirani (zarb, daf, saz,), musicien virtuose comme son père et son frère aîné. Les doigts de Bijan jouent avec une dextérité fascinante, du zarb ou encore du daf, mais aussi de ce si bel instrument à cordes, le saz, luth à manche long, très présent dans la musique iranienne. De son jeu naît la paix et se propage. Son lien virtuel aux autres musiciens sur scène est omniprésent et très beau à observer, et ce, en toute intériorité.
– Sylvain Barou et ses nombreuses flûtes posées à ses pieds (entre autres flûte bansouri et duduk…) ne manque pas de souffle. Il est magicien, de chaque flûte il fait naître un nouveau son au fond duquel nous venons nous lover. Flûtiste voyageur, il traverse les frontières et le temps, par son jeu singulier et puissant, de la Bretagne à l’Iran.
La route du Voyage Amoureux est belle, jolie balade dans les méandres du cœur sur notes de musique savante ancienne.
Je ne suis pas une sage, mais à la question “dans quel état se trouve le monde ?” je suis tentée de répondre qu’il a bien besoin de voyages amoureux pour ne pas perdre le goût de la Vie.
