Jazz et music-hall avec le Burlesk O’ Jazz
Par Philippe Desmond,
Photos Géraldine Gilleron, Teddy Rebière pour ID Photographique https://linktr.ee/Idphotographique
et Wild Dairy Photography https://www.facebook.com/wilddairyphotography/
Le Rocher de Palmer, samedi 8 mars 2025.
Le musicien Fred Dupin avec son Jazz-Maniac https://www.jazz-maniac.com/ et la danseuse burlesque Julie Agreda alias Miss Georgette avec son collectif JazzLesk https://collectif-jazzlesk.fr/ sont très actifs, chacun dans leur domaine. Ils ont eu l’idée d’unir leurs passions pour monter un festival réunissant les deux disciplines. Rien d’extravagant dans cette démarche, ce type de spectacle de music-hall, mêlant jazz et burlesque, existant depuis le début du siècle dernier aux USA puis en France. Lire l’article : Présentation festival Burlesk O Jazz
La veille du concert a eu lieu un tremplin burlesque à L’Estrade ( https://lestrade.club/ ) la gagnante ou le gagnant car la discipline d’effeuilage burlesque n’est pas réservée qu’aux femmes, ayant l’opportunité de se produire le lendemain sur la scène du Rocher de Palmer.
La salle 650 du Rocher est très bien garnie pour la soirée, voilà qui est rassurant pour les deux organisateurs qui ont pris des risques financiers et encourageant pour dégager les bénéfices destinés à être reversés à l’association Soeurs d’Encre, qui aide les femmes atteintes du cancer du sein. https://www.soeursdencre.fr/
La particularité de la soirée est la présence sur scène de neuf musiciens et musicienne de jazz qui jouent et chante donc en direct un répertoire 100 % Duke Ellington alors que la plupart du temps – en France – ce sont des bandes musicales qui sont diffusées. Comme en plus tous sont girondins, Action Jazz se devait de soutenir ce spectacle.
Burlesk O’ Jazz Orchestra :
Pascal Drapeau (trompette), François-Marie Moreau (sax et clarinette), Fred Dupin (trombone), Serge Moulinier (piano), Stéphane Borde (banjo), Laurent Vanhée (contrebasse), Didier Ottaviani (batterie).
Invités : Monique Thomas (chant) et Jerôme Etcheberry (trompette).

Betty Crispy la meneuse de revue et Fred Dupin
C’est le BO’JO qui ouvre la soirée avec le générique de Duke Ellington le légendaire « Take the A train », ce train qui amenait le public vers les clubs de jazz de Harlem. Un little big band limité donc à 7 musiciens, les sections de vents étant réduites au minimum. Réduction aussi des arrangements musicaux, ce qui a demandé un énorme travail à Fred Dupin. Mais le septet va tourner comme une horloge. Pourtant l’impression de facilité de l’orchestre égrainant les plus grands titres du Duke, cache une complexité et une concentration absolues qu’évoqueront avec nous certains musiciens après le spectacle. Pas si facile que ça à jouer ces titres légendaires de Duke ! Et oui, en plus ils ne sont pas seuls sur scène, la plupart du temps accompagnant la performance millimétrée d’une danseuse. Les solistes invités auront aussi la difficulté de se placer avec précision pour les lumières. Monique, somptueusement vêtue de strass et d’un énorme boa qui va nous enchanter de sa voix ou Jérôme, toujours aussi élégant, qui va nous régaler de ses chorus fins et précis, vont parfaitement maitriser cet art de la scène.
Côté music-hall, les quatre danseuses vedettes et Anita Gein, la gagnante du tremplin (parmi les six candidats, un seul homme a concouru) vont nous proposer des solos pleins de fantaisie mais aussi d’élégance. Le show présenté avec humour par Betty Crispy va se dérouler sans temps mort. Tara d’Arson, Caprice Bellflower, Miss Georgette et Betty Crispy elle-même, vont nous montrer leur professionnalisme dans une discipline qui, si elle est ouverte à toutes ( le BoyLesk pour les hommes), est constamment sur le fil pour ne pas verser dans la vulgarité et rester dans l’élégance et la fantaisie. Ce sont de vraies danseuses, quant à Miss Georgette avec deux numéros, un en Pole Dance et l’autre en lyra de Pole Dance, elle va nous démontrer que grâce et acrobaties athlétiques sont tout à fait compatibles. Un mot sur les costumes de ces danseuses, ils sont esthétiquement superbes et pleins d’astuces pour pouvoir s’enlever avec la délicatesse et la sensualité nécessaires.
Plaisir visuel, décuplé par le light show, plaisir auditif d’un vrai orchestre, voilà une soirée de music-hall un peu à l’ancienne très réussie ! Gros succès pour ce spectacle qui récompense des semaines de travail et de soucis pour Fred et Julie. Bravo pour votre opiniâtreté.
Mais je ne voudrais pas conclure cet article sans évoquer le côté clivant de ce type de spectacle entre ses partisans et ses adversaires, même au sein de notre rédaction. Avec l’évolution – heureuse – des mentalités, ce type de spectacle, inventé donc au début du siècle dernier, trouve maintenant une opposition de la part de certaines et certains pour son côté considéré comme machiste, le trouvant dégradant pour les femmes. Pourtant les danseuses de cabaret burlesque revendiquent leur liberté et celle de leur corps, il faut le savoir.
Duo Miss Georgette et Fred Dupin

Tara d’Arson

Caprice Bellflower
Galerie photos de Wilddary Photography