Par Philippe Desmond, photos Alain Pelletier ( soir) et PhD ( journée)
Saint- Macaire (33), mercredi 30 avril 2025.
Fin 2011, à l’initiative du pianiste Herbie Hancock, ambassadeur du dialogue interculturel auprès de l’UNESCO, est créée la Journée Internationale du Jazz. La date choisie est le 30 avril et la première édition aura lieu en 2012 avec déjà une centaine de pays impliqués, dont la France. En 2016, le pianiste Thomas Bercy, ambassadeur du dialogue interculturel auprès du Sud-Gironde (pas totalement faux) organise son premier Jazz Day à Saint-Macaire. Action Jazz y était bien-sûr.
Ce 30 avril 2025, nous revoilà à la Belle Lurette, haut lieu culturel, musical mais aussi gourmand de Saint-Macaire que Sylvain Capelli fait vivre depuis 2011. Thomas Bercy a choisi un invité de marque, ce n’est pas Herbie mais Herbin, Baptiste le super saxophoniste. Il complètera le trio de Thomas à 22 heures mais en attendant sur la terrasse ensoleillée c’est la dynamique association locale Ardilla, élèves et professeurs, qui assure la bande musicale.
Un marching band (qui ne marche pas) d’abord, où nous avons la surprise de découvrir le contrebassiste-bassiste et directeur d’Ardilla, Jonathan Hédeline au Sousaphone. Bruno Bielsa, Franck Azéma, Laurent Mastella sont là aussi pour entourer les amateurs. Sympa.


Léger changement de plateau, plus de sousaphone mais une contrebasse et cette fois une nouvelle surprise, Jonathan au trombone. Les standards défilent dans une ambiance de farniente décontractée et souvent distraite jusqu’à ce qu’entre en scène Baptiste Herbin qui de son soprano réussit instantanément à capter l’attention. Olivier Gatto va le rejoindre pour une jam improvisée et tonifiante.



Tapas, nectars des vignobles locaux ou chopes bien fraîches font patienter jusqu’au concert du quartet.

Thomas Bercy au piano (plus proche d’un bastringue que d’un Steinway de concert), Olivier Gatto à la contrebasse, Laurent Bataille à la batterie et donc Baptiste Herbin aux sax soprano et alto. Thème choisi , le printemps : les standards en proposent beaucoup de titres comme « Easter Parade », « Spring is here », « Primavera » (avec une jolie citation du « Printemps » de Vivaldi), « Spring can really hang you up the most », « Blues Spring Shuffle ». Des standards encore me direz-vous oui mais quand c’est Baptiste Herbin qui les tortille à sa façon cela n’a plus rien à voir ! Porté par une rythmique qui a l’habitude de jouer ensemble (Olivier et Laurent copains de régiment, Thomas qui joue régulièrement avec eux au Code 23) Baptiste peut se livrer à son exercice préféré, enluminer par de nombreuses notes les partitions originales. Attention, pas de démonstration technique, même si ses questions réponses, soprano dans une main, alto dans l’autre ou ses harmonies les deux ensemble sont spectaculaires, mais une virtuosité, une rapidité de jeu jamais exempte de musicalité ; et ce son ! Alto vigoureux au growl surprenant, soprano plein de finesse avec des aigus vertigineux, le tout avec une aisance réelle. Mais les autres ont aussi leur place, les chorus s’enchaînent avec entrain, ambiance club de jazz, que ça joue bien !
Après une pause Baptiste redémarre en solo à l’alto, évoquant son dernier album en trio « Django » avec d’abord « Nuages » décoré d’arc en ciel colorés, Gershwin qui traîne quelques mesures avec son Américain à Paris avant de lancer une somptueuse « Indifférence ». Le second set est lancé, on dégustera notamment un tendre « Body and Soul » et son final de sax plein de broderies de dentelle, deux titres d’Horace Silver, un tonique « Sister Saddie » et « The Jody Grind » en rappel. Un régal ce concert ! Avec aussi un Thomas plus monkien que jamais, on y passerait la nuit mais minuit est passé depuis une bon quart d‘heure… Nos voitures seront-elles devenues citrouilles ? Les musiciens vont-ils être pénalisés d’avoir travaillé un petit bout du 1er mai ?
Merci Thomas, merci Ardilla, merci la Belle Lurette, rendez-vous est pris pour l’an prochain.








