HSD trio à la grange de Ruzat
par Philippe Desmond
Quelque part dans l’Entre-Deux-Mers, dimanche 7 septembre 2025
Régulièrement Jean-Michel organise des concerts privés pour ses amis et les amis de ses amis, aussi une bonne façon de soutenir les musiciens. Personnellement je le connais depuis l’école maternelle donc je suis invité à l’ancienneté. Nous voilà ainsi une trentaine à découvrir le trio HSD ; H comme Hammond, l’orgue de Benoît Ribière et sa cabine Leslie, S comme slide , la coulisse du trombone de Cyril Dubilé, D comme drum, Yann Vicaire en tenant les baguettes. L’attelage est inhabituel, le trombone y assurant le lead porté par le timbre si caractéristique de l’orgue et le drumming vif et précis de la batterie.
Cyril Dubilé qui joue beaucoup en sideman ou en section dans des big bands, avait envie de mettre en avant son instrument. Sauf que cela nécessite de se mettre en avant lui-même et ça il a encore du mal à s’y habituer nous a-t-il confié. C’est vrai que le trombone n’est pas souvent sur le devant de la scène contrairement aux autres vents que sont trompettes, sax et clarinettes. C’est vrai que cela nécessite une parfaite maîtrise de l’instrument pour conter les mélodies et broder dessus ; c’est le cas pour Cyril qui, au passage, enseigne le trombone au Conservatoire de Région de Bordeaux certainement pas par hasard.
Benoît Ribière nous vient lui de Limoges – les deux autres sont girondins – avec son gros matériel, un orgue Hammond B3 bien vintage de 1963 et une cabine Leslie habillée de bois imposante. C’est donc ici, loin des répliques numériques, le vrai son de l’orgue Hammond, cet instrument à l’origine destiné aux églises pour y jouer le Gospel. Equipé des pédales de basse c’est aussi un plaisir visuel de le voir en jouer, les quatre membres toujours en action.
Yann Vicaire nous le connaissons bien à Bordeaux, il joue le swing, le jazz New Orleans et depuis peu fait partie du quartet Shuffle Enterprise de Sansévérino où son jeu y est plus musclé. Ici il est polyvalent, le swing de « Old Fashioned Love » , le blues de « It’s only a Paper Moon », le old jazz NO de « When the Sun Sets Down South » de Sidney Bechet, le boogaloo de « Sweet Sue », le shuffle de « Night Train », l’exotisme de « My Little Suede Shoes » , le second line de « Iko Iko » , rien ne lui résiste.
Vous avez compris que le groupe reprend des standards à sa manière, le trombone en lead donc, dialoguant souvent avec l’orgue et lui laissant aussi la place. Une autre façon de réentendre ces titres. Mais ce concert est aussi l’occasion de découvrir un chanteur crooner en la personne de Benoît. Il nous régale de ses interprétations magnifiques de « You don’t know me » de Ray Charles soutenu par un trombone de velours – et oui le trombone n’est pas réservé aux riffs énergiques – ou encore de « Bad Bad Whisky » au son de l’orgue gospélisante ou dialoguant avec la batterie.
Un concert, sous le regard amusé de Marylin Monroe, qui donne aussi envie de danser, la place manquant ici pour pouvoir le faire. Un très agréable moment d’autant que les musiciens qui en sont encore au début de ce projet, n’ont pas maîtrisé le temps et ont joué près de deux heures !