Vendredi 1 décembre, L’Entrepôt Le Haillan
Par Carlos Olivera, photos Pierre Murcia.
Au commencement était la pénombre… Mais aussi le son et la parole… Une lumière tamisée baigne la scène et le cri mélancolique de l’harmonica transcende la salle. Je suis sûr qu’à ce moment on s’est tous demandé, comment est-ce qu’un instrument si petit peut produire un son si profond, si puissant ? Peut-être que c’est parce qu’il a engrangé toute la tristesse et la force des esclaves afro-américains avant d’arriver jusqu’à nous. Et qu’à ce rituel qui a déjà quelque chose de magique, vont venir s’additionner 3 voix en chœur pour finir de remplir la salle avec un son soul. Une sorte de worksong ancien.
Je ne sais pas si je suis arrivé à décrire ce qui nous a été proposé les premières minutes de concert dans la salle de l’Entrepôt le Haillan ce vendredi 1er décembre. Moi, j’étais franchement fatigué. J’avais travaillé toute la journée aux Tribunes de la Presse (avec plus de 300 lycéens !!) et le voyage jusqu’au Haillan n’avais pas aidé à me défaire de la fatigue. Mais un tel début de concert ne peut pas faire autre chose que de t’accrocher jusqu’à la fin.
Après ce début magique, les autres deux membres du groupe arrivent sur scène. Maintenant le groupe est complet avec Manu Galvin à la guitare, Michael Robinson et Ron Smyth en vocal, Gilles Michel à la basse, Eric Lafont à la batterie, et bien sûr Jean Jacques Milteau à l’harmonica.
« Nous sommes amateurs des musiques du sud » nous dit Milteau au micro (il faut lire du sud des Etats Unis car quand il a dit ça la première chose qui m’est venu à l’esprit c’était Marseille !), et on l’a bien compris. La musique recommence et Ron Smith danse sur le rythme de la guitare, de la basse et de la batterie en faisant par moment des mouvements très John Travolta pendant que JJ cherche dans ses poches l’harmonica correct et commence à souffler « Rock n roll will never die ». Cela va marquer la route de tout le concert, avec un mélange de sonorités soul et blues, gérées de façon magistrale par les deux chanteurs. On enchaîne avec « People gets ready », aussi très soul, avec un groove qui réchauffe l’esprit dans cette nuit d’un automne spécialement froid.
La soirée continue, et même si JJ n’est pas très communicatif, il nous fait comprendre que ce projet musical a quelque chose d’engagé (ou du moins c’est ce que j’ai compris), et la chanson qui dit « We’re gonne make it, I know we will » nous donne un certain espoir dans les jours où on en a bien besoin.
Alors que plus de la moitié du concert est déjà passée, Jean Jacques Milteau et Manu Galvin nous parlent d’un invité surprise, un « petit jeune » avec lequel « on a partagé quelques concerts et enregistrements » et nous (moi), on se demandait de qui s’agissait ? Bon, c’était Eric Seva, le saxophoniste de jazz et blues qui rejoint le groupe pour un morceau.
Le concert est presque fini, les musiciens quittent la scène, le public tape et siffle, et (très) rapidement les musiciens reviennent sur la scène. Manu Galvin nous explique qu’avant, quand ils étaient jeunes, ils partaient loin, en backstage, et attendaient quelques minutes avant de revenir sur scène, maintenant ils attendent derrière les rideaux.
Ils repartent et un nouveau rappel. Cette fois-ci ils sortent mais ils ne prennent pas leurs instruments, et reprennent a capella, et de façon magistrale, une chanson de ZZ Top. La fin du concert est là, et on ne peut pas se plaindre, on a la sensation qu’ils ont tout donné sur scène.