Fred Couderc et Jacques Ballue à l’Opus 34

Par Philippe Desmond

Opus 34 le jeudi 11 décembre 2025

Si les amateurs de jazz connaissent Fred Couderc et sa carrière éclectique de saxophoniste en jazz, dans la variété la chanson française et même le rock, ils connaissent peut-être moins Jacques Ballue car il a consacré l’essentiel de sa carrière à l’enseignement de la musique au Conservatoire de Bordeaux – Jacques Thibaud et à celui d’Agen tout en étant le pianiste émérite du Jazz Vibes Quartet. Mais depuis deux ou trois ans Fred a rejoint l’équipe pédagogique du Conservatoire (qu’il avait fréquenté comme élève) et les deux hommes avaient envie de nous proposer de la musique ensemble.

Ce soir c’est ainsi la trois ou quatrième fois qu’ils se présentent en duo dans ce lieu dynamique envers le jazz, l’Opus 34 baptisé le QG des Artistes. Ce soir QG des artistes en devenir, une bonne partie du public étant constituée des étudiants du Conservatoire voisins. S’ils sont venus se prouver que leurs deux professeurs valaient la peine qu’on suive leur enseignement avec sérieux, ils ont été servis. Les deux artistes nous ont offert un bijou de concert plein de joie, de fantaisie, de sensibilité et de virtuosité sur un répertoire consacré au Brésil et à l’Amérique latine.

Au programme des œuvres des brésiliens Sivuca, Hermeto Pascual, Antonio Carlos Jobim, João Bosco, Egberto Gismonti, de l’argentin Astor Piazzolla et même de Richard Galliano et son « Tango pour Claude ». Un fil rouge tout au long de la soirée, ponctuant les fins de titres où apparaissant au gré des improvisations, la jolie mélodie de berceuse de « Ponta de Areia » de Milton Nascimento souvent reprise en fredonnant par le public.

L’enthousiasme et la joyeuse virtuosité de Jacques Ballue, la fantaisie et la musicalité exceptionnelle de Fred Couderc ont touché tout le monde. Ce dernier, toujours aussi original dans la façon de mener un concert, s’il a beaucoup joué de flûtes (alto et basse) a sorti de ses sacs des instruments plus insolites : « Henri » une corne de bouc, du nom de celui qui la portait sur sa tête, pour faire ressentir la douceur de « O grande amor » de Jobim, une plume de vautour présentée comme une plume d’ange (une autre pensée pour Claude), un os, une autre corne, un piccolo, des appeaux, des percus et même un saxophone !

Un concert exceptionnel de qualité musicale avec un répertoire assez rare qui s’est fini par les danses des étudiants du Conservatoire qui, au vu de leur joie et de leurs ovations, ont une belle affection pour leurs deux professeurs ; ça faisait plaisir à voir.

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