"Ella et Lui" le nouveau duo Sava/Séva

« Ella et Lui » le nouveau duo Sava/Séva

Par Philippe Desmond

Studio Cryogène Prod, Bègles le 15 octobre 2025.

Ce jeudi matin très ensoleillé, c’est presque à regret que je vais rejoindre des musiciens enfermés dans le studio d’enregistrement de Cryogène Prod. Mais l’accueil chaleureux de Guillame Thévenin installé à la console me fait de suite oublier ma réticence. Il est en train d’enregistrer pour un teaser – on verra que ça ira bien au delà – le nouveau projet imaginé par Stéphane Séva ; le chanteur cette fois, pas le washboarder.

Stéphane avait envie de monter un spectacle autour d’un duo mixte, ce qu’il n’avait jamais vraiment fait . La rencontre il y a peu de temps avec la chanteuse sicilienne Roberta Sava a permis de réaliser ce souhait. Roberta, loin de son île est arrivée par chez nous par l’intermédiaire du guitariste Yannis Constans qui l’avait emmené avec lui pour Soulac 1900. Cet évènement festif de la station balnéaire qui, en plus des nombreux gens en costumes d’époque, se voit envahie de jazz pendant trois jours en juin et ce depuis plus de vingt ans.

Stéphane Séva a alors complété le groupe avec des amis musiciens bordelais, Hervé Saint-Guirons au clavier, Laurent Vanhée à la contrebasse et Didier Ottaviani à la batterie.

Lors de ma venue le groupe travaille sur « I can’t give you anything but love », les quatre musiciens dans une salle, le duo dans une autre, s’entendant avec des casques et aussi reliés à Guillaume au commande d’une console à énormément de pistes. On enregistre on vient s’écouter, chacun y va de sa remarque, voulant ou non reprendre un passage. On recommence, on réorganise un scat en duo, trop long ou pas assez dynamique. Guillaume fait des collages avec les modifications, on repart pour une nouvelle version. Laquelle est la mieux ? Les avis divergent, ça discute (dans la bonne humeur) mais il faut avancer, la perfection de chacun n’étant pas forcément la perfection des autres. Laurent Vanhée en directeur artistique improvisé tranche en argumentant. En simple auditeur les nuances entre versions parfois m’échappent ; je les rassure ils ne jouent pas pour un concours de conservatoire, ça reste du jazz.

Tout ce que je peux dire c’est que le duo fonctionne parfaitement porté par une équipe de musiciens très impliqués dans le projet. Programmateur n’hésitez pas !

Interview

Action Jazz : comment est né ce projet ?

Stéphane Séva : il est né de mon désir depuis très longtemps de faire un duo homme/femme. C’est pour cela qu’on a appelé ça « Ella et Lui »

AJ : Pourquoi ne pas avoir gardé Louis bien sûr, plutôt que Lui ?

SS : parce que je ne fais pas la voix de Louis alors que tu as entendu comment Roberta chante ? C’était aussi pour préciser que ce n’est pas un hommage à Ella et Louis, ce sera un répertoire vocal entre homme et femme. Les gens adorent le jazz chanté, les hommes aiment voir les chanteuses et les femmes aiment aussi voir les chanteurs et donc tout le monde est content ! J’ai rencontré Roberta à Soulac 1900 il y a deux ans. Elle connaissait mon existence ayant appris « Que reste-t-il de nos amours » sur la version que j’avais enregistrée avec Tatiana Eva-Marie.

AJ : Faisons connaissance, quels sont tes projets, tes groupes en Sicile ?

Roberta Sava : un qui porte mon nom en quartet avec des standards de jazz, le projet « Newport » avec Yannis, qui tourne aussi en France

AJ : quel style ?

Yannis Constans : on l’a monté pour des danseurs de Balboa, danse qui est née à Newport. On s’est dit qu’on n’allait pas jouer que pour les danseurs autant le proposer en France pour des concerts.

RS : j’ai un autre projet de musiques originales appelé « Jackinthebox » . Les mélodies sont de moi et les arrangements collectifs. Jackinthebox

AJ : Stéphane, tu envisages une tournée avec « Ella et Lui » ?

SS : oui, c’est pour cela que nous sommes en studio pour faire un teaser et promouvoir le spectacle dans les festivals, les centres culturels, peut-être une tournée en février. Pas encore de dates.

AJ : Guillaume Thévenin vient de me dire que comme ça fonctionne très bien, peut-être allez-vous aller plus loin que le teaser avec un EP sur plateformes ?

SS : oui, ce qu’on a fait là on va le mettre sur Spotify et par la suite envisager un album complet. On a déjà bossé quatre morceaux, Hervé Saint-Guirons a proposé des arrangements.

AJ : Roberta, tu as toujours chanté du jazz ?

RS : oui, à Palerme, le conservatoire a un département jazz. Je chante aussi de la pop, des musiques originales mais je me dédie plutôt au jazz, au swing.

AJ : je suppose que tu as des influences parmi les chanteuses de jazz ?

RS : Ella Fitzgerald bien sûr mais aussi, Billie Holiday, Anita O’Day, Dinah Washington

AJ : comment as-tu découvert le jazz, avec ta famille ?

RS : notamment avec le disque d’Ella avec Joe Pass. J’ai découvert le jazz grâce à mon père qui est musicien. Mon frère joue de la trompette et ma sœur du saxophone dans un marchin’ band. J’y joue aussi de temps en temps du sax alto.

AJ : merci pour cet entretien, je vous laisse travailler.