Confiné avec… Philippe Soirat

Photos : Jean-Baptiste Millot

Nous vivons tous une période particulièrement difficile qui bouscule notre mode de vie d’une façon totalement imprévue. Les musiciens, comme tant d’autres métiers, n’échappent pas à la règle et sont particulièrement touchés économiquement. Comme ils ne peuvent plus exercer leur art autrement que par quelques interventions sur les réseaux sociaux, nous avons pensé qu’il serait intéressant de continuer à tisser du lien avec eux par ce petit questionnaire.

Nous sommes avec : Philippe Soirat

_0JB8121∏Jean-Baptiste Millot

Présentes-toi rapidement. De quoi, avec qui, quelle musique joues-tu ?

Je joue du jazz et mon instrument est la batterie.

Je suis né en 1961 à Menton et depuis mon installation à Paris en 1986 j’ai accompagné beaucoup de musiciens de la scène française et internationale tels que Barney Wilen, Ricky Ford, Lee Konitz, Yannick Rieu, Alain Jean-Marie, Lionel et Stéphane Belmondo, Lou Donaldson, Dee Dee Bridgewater, Ray Brown, Laurent de Wilde, Johnny Griffin, Mark Turner, Phil Woods ou Steve Grossman.

Ma discographie compte à ce jour plus de soixante dix albums enregistrés avec Barry Harris, Yannick Rieu, Gordon Beck, Lenny Popkin, Ricky Ford, Les frères Belmondo, Laurent Coq, Ted Curson, Georges Cables, Laurent Fickelson, François Théberge, Barney Wilen, Samy Thiébault, Hervé Sellin, Jacques Vidal etc… ainsi que deux disques de mon quartet (David Prez, Vincent Bourgeyx et Yoni Zelnik)

https://www.philippesoirat.com/

Comment occupes-tu tes journées en ce moment ?

Musique, batterie, taille des arbres de mon jardin et visionnage de films.

_JB06523∏Jean-Baptiste Millot

En profites tu-pour composer, travailler ton instrument, ta voix ?

Les concerts sont toujours la partie émergée de l’iceberg, en ce moment je vis ce qui fait le quotidien de tout musicien, c’est à dire le travail de l’instrument et l’écoute et la pensée de la musique.

Comment arrives-tu à jouer « avec » les autres ?

C’est justement ce qui est impossible en ce moment !

Les sessions informelles et les répétitions me manquent autant que les concerts.

Aucune technologie ne peux remplacer la présence physique des musiciens qui jouent ensemble dans la même pièce et l’interactivité créatrice qui en résulte. C’est même l’essence du jazz, quelque soit le style et lors d’un concert, le public fait aussi partie du processus créatif de par sa seule présence.

Je travaille quand même sur des disques sans batterie pour l’illusion du jeu à plusieurs… mais ils ne m’écoutent pas !

JBM-0388∏Jean-Baptiste Millot

Écoutes-tu la radio, des disques, du streaming ? Quoi par exemple ?

Comme depuis toujours, j’écoute beaucoup de musique, du jazz (du bebop au jazz contemporain), du classique (plutôt XXème et contemporain) et de la musique indienne.

Cette situation change t-elle ta façon de voir les choses, la vie, ton métier ?

Pas tellement…

Ce “métier” m’a toujours paru quelque chose à conquérir et chaque concert comme un moment unique et précieux parce qu’éphémère. Pour moi, la performance de la création en direct exige tellement d’être dans l’instant qu’il s’agit toujours de jouer comme si c’était la dernière fois,

La précarité est inhérente à la vie de musicien, mais je suis inquiet pour les jeunes musiciens qui n’ont pas de quoi traverser ce “blackout” total.

Un titre qui te passerait par la tête ? 

The Clock Killer de Will Vison “Live at Smalls” -Will Vinson, Aaron Parks, Lage Lund, Marcus Gilmore & Matt Brewer. (n’est pas sur Youtube)

La version studio :

Will Vinson : alto saxophone, soprano saxophone, synthesizers, celesta; – Mike Moreno: guitar; – Gonzalo Rubalcaba: piano, Fender Rhodes, synthesizers; – Matt Penman: bass; – Jeff Ballard: drums.

Carte AJ