Astrada de Marciac : Orchestre National de jazz

 

Astrada Marciac 31 Juillet

par Annie Robert

L’Orchestre National de Jazz existe depuis 1986. Il est né de la volonté de faire rayonner le jazz français grâce à un grand orchestre subventionné par l’Etat et confiéà un directeur sur la base de ses projets, un pendant jazz à l’Orchestre National de France.
Placée sous la direction d’un chef d’orchestre (généralement nommé pour deux à trois ans), cette formation dispose ainsi de moyens et de temps lui permettant de réaliser, diffuser et présenter ses créations à travers le monde.

Suivra en 2019 l’Orchestre des Jeunes de l’ONJ, formation constituée de jeunes musiciennes et musiciens qui se consacre à la réinterprétation des précédents répertoires de l’Orchestre national de jazz. Ainsi, se transmet de génération en génération un patrimoine et une richesse musicale de grande qualité. Chaque saison, l’Orchestre des Jeunes de l’ONJ est confié à un ancien directeur de l’ONJ et voit son effectif renouvelé. C’est un lieu d’intense apprentissage peaufiné et de belles créations, un chaudron qui s’énivre de tendances, d’essais et de renaissance.

Le spectacle de ce soir, se nomme Frame by Frame et tire son titre du groupe britannique King Crimson qui a offert dans les années 70, une musique pétrie d’influences variées, allant du rock psychédélique à la musique classique, en passant par le jazz et la musique folk.
De Pink Floyd à Genesis, en passant par évidemment par King Crimson et Henry Cow, la couleur du concert est donnée. Autant dire que nous allons stimuler nos oreilles, faire bouillonner nos neurones et respirer des rythmes nouveaux. L’étonnement sera là à chaque détour.

L’ONJ s’entoure aujourd’hui de trois brillantes compositrices (allez les filles!) : Airelle Besson, Sylvaine Hélary et Sarah Murcia pour une plongée inédite dans ce rock progressif si libre et parfois expérimental. Sous la direction et avec les arrangements de Frédéric Maurin, voici revisité et adapté pour grand orchestre, ce courant singulier et ses expérimentations.

L’orchestre est imposant, il y a du monde sur scène et du beau linge: 16 instrumentistes dont 9 soufflants, d’où ces envolées puissantes, cuivrées, rocks et tourbillonantes qui vont nous emporter. La guitare de Frédéric Maurin saturée en diable renforce cette sensation de gros son. C’est un travail très écrit ( forcément à seize..) mais qui laisse aux instrumentistes des plages d’impro éclatantes, des duos ou trios inattendus. Chaque musicien est à la fois un élément singulier qui va aller chercher les limites de son instrument ( franchement une impro de sax , on est habitué, une impro de tuba, c’est rare…) mais c’est également un élément rythmique, mélodique, harmonique d’un grand tout. Chacun concourt à la création de tous et c’est remarquable.
Les morceaux, souvent longs ( il n’y en aura que 6 rappel compris) sont tous différents ainsi que la façon dont ils sont orchestrés. Cela ressemble davantage à des petits tableaux, des suites complexes parfois plus symphoniques, parfois plus intimes. La voix viendra y poindre avec un juste propos.
On peut passer dans le même morceau d’un grand orchestre jazz assez traditionnel à un labyrinthe de sons et de discours changeants. Il y a du contrepied, de la recherche, du flirt avec les disharmonies, des grands espaces en chevauchées, des ostinato envoûtants, du lyrisme charmeur.
Et une cohérence toujours présente.

C’est beau à écouter et beau à voir. Passionnant et fort.

Quentin Coppalle flûte, flûte alto, piccolo
Catherine Delaunay clarinette, cor de basset
Jean-Michel Couchet saxophones alto et soprano, clarinette basse
Fabien Debellefontaine saxophone ténor, clarinette
Fabien Norbert, Sylvain Bardiau trompette, bugle
Mathilde Fèvre, Astrid Yamada cor
Daniel Zimmermann, Jessica Simon trombone
Fanny Meteier tuba
Frédéric Maurin guitare électrique, direction
Bruno Ruder fender rhodes, synthétiseur
Stéphan Caracci vibraphone, marimba, percussions, synthétiseur
Sarah Murcia contrebasse, synthétiseur, voix
Rafaël Koerner batterie

https://www.onj.org/