Arcachon Jazz festival 2025
Par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat
Déjà la 4ème édition du festival de jazz d’Arcachon au théâtre Olympia. Trois soirées en deux temps, un premier concert au Club Arlequin, le second dans la grande salle.
Jeudi 4 décembre 2026
La pluie n’arrête pas le pélerin me suis-je dit en me rendant à Arcachon pour la première soirée du festival. Les pinasses pourraient en effet presque naviguer dans les rues de la station… L’allure sur la route depuis Bordeaux était aussi plus proche de celle d’un voilier de plaisance…
Manu Forster trio

Le hall de l’Olympia est noyé lui dans le swing quand j’arrive un peu en retard. A l’étage en dessous, au Club Arlequin, le concert est visiblement et acoustiquement bien lancé. Ils ne sont que trois mais ça joue gros ! Emmanuel « Manu » Forster à la contrebasse, Thibaud Dufoy au piano et Jordi Léogé rendent hommage à Ray Brown avec quelques titres issus du magnifique album live « From New-York to Tokyo » . Manu a découvert ce disque récemment et a emboîté le pas de son prestigieux collègue contrebassiste. Le trio venu de Toulouse a même produit un EP « Tribute to Ray Brown ». Un contrebassiste dynamique et mélodieux à la fois, un pianiste remarquable des deux mains et exubérant, un batteur plus qu’efficace, voilà une très belle surprise pour lancer ce festival. Chaque reprise est personnalisée ; un « Milestones » tonique, une « Night in Tunisia » facétieuse, un « Work Song » en clin d’oeil au trio de Monty Alexander, voilà quelques titres hors Ray Brown qui épatent un public venu nombreux (c’est complet). Le rappel sera aussi un cadeau avec une version de Summertime (que Ray Brown a repris comme tant d’autres) passant de la berceuse initiale à un swing déchaîné. Vraiment un très beau trio.
Biréli Lagrène – Stéphane Belmondo – André Ceccarelli – Rémi Vignolo

Biréli Lagrène : guitare / Stéphane Belmondo : trompette et bugle / André Ceccarelli : batterie / Rémi Vignolo : contrebasse.
Avoir quatre étoiles comme celles-ci face à soi est un privilège et on ne peut que remercier l’organisation du festival de les avoir réunies ainsi sur la grande scène de l’Olympia. Quelques standards vont être recuisinés par ces grands chefs avec, vus les conciliabules avant chaque titre, aucun menu préparé à l’avance. Du jazz, du vrai, on improvise la musique et le répertoire, on est dans l’authentique, le fait maison, à la main. Les chansons françaises ne seront pas oubliées avec d’abord l’hymne d’un très bon guitariste de jazz qui s’est ensuite un peu perdu dans le showbiz, un certain Sacha Distel, dont le quartet nous propose une version feutrée de « La Belle Vie » ; que ce thème est beau, plein de délicatesse, il prend encore ici une autre dimension, Biréli tout en tendresse, Stéphane intimiste au bugle. Les deux solistes ont il est vrai un chemin tout tracé par la rythmique, « Dédé » apparemment remis de sa fracture du pied, toujours plein de finesse et d’inventivité, Rémi précis, profond et musical. A Charles Trenet d’être évoqué se demandant « Que reste-t-il de nos amours ? ». Une mélodie intemporelle que le quartet va se charger d’emmener très loin. Avec cette version, que reste-t-il de « Que reste-t-il… » pourrait-on se demander ? L’amour du jazz.
Le concert restera presque toujours sur un registre intimiste, truffé de citations si on est vigilant ; un « Strangers in the Night » par-ci un « Clopin Clopant » par-là… Biréli restera sage, sobre, nous proposant tout de même certains chorus superbes de sa guitare rouge feu et des accords surprises à la façon d’une mandoline.
Le rappel se passera « Sous les Ponts de Paris » comme un dernier hommage à la belle chanson française ; ça fait plaisir de ne pas oublier que notre pays a lui aussi produit des musiques intemporelles, merci à tous les quatre de nous l’avoir rappelé.



