Ana Carla Maza en concert Le 15 Février au Rocher de Palmer

Chronique de Martine Omiécinski le 25 Février 2024. Photos Christine Sardaine.

Le 15 Février dernier Le Rocher de Palmer recevait la violoncelliste et chanteuse Ana Carla Maza qui présentait son troisième album : « Caribe ».

Cette artiste d’origine cubano-péruvienne au parcours atypique, après des études musicales à La Havane, a parfait sa formation au violoncelle au conservatoire à Paris.

Elle est accompagnée ce soir de 4 musiciens :

Irving ACAO l’émérite saxophoniste et flûtiste cubain issu de l’école classique cubaine et de l’héritage populaire afro-cubain

Marc AYZA le batteur barcelonais dont les prix et les masters class suivies font rêver

Norman PEPLOW le pianiste allemand brillant « performer » en latin jazz notamment

Jay K, un tout jeune percussionniste cubain vraiment doué.

Ana Carla Maza nous embarque pour ce concert dans les notes de son album « Caribe » : un voyage en latin jazz qui parcourt la Caraïbe et quelques pays d’Amérique du Sud.

La première escale nous plonge en République Dominicaine avec un énergique merengue qui réveille le public de la salle 650 quasiment pleine. Ana Carla fait vibrer son violoncelle cordes pincées et chante de sa voix chaude une histoire caribéenne, les musiciens rivalisent de brio pour endiabler ce rythme dansant à souhait !

La deuxième escale nous emmène à Bahia, mais pas au Brésil, un quartier de La Havane qu’elle nomme ainsi, elle chante cette « romance » en français avec des teintes musicales cubaines et brésiliennes.

La troisième halte nous transporte au Pérou en hommage à sa grand-mère paternelle débarquée à Bordeaux en 1975 où elle a élevé seule ses 3 enfants (le père d’Ana Carla est musicien péruvien). Le rythme péruvien typique quechua est scandé par les fûts du percussionniste Jay K et le tambour du batteur Marc Ayza (la musique transporte plus vite que l’avion !), Ana Carla nous émeut au violoncelle à l’archet, Norman Peplow et Irving Acao complètent brillamment le tableau.

Puis la famille déménage à Cuba où Ana Carla est née et nous entraine pour le morceau suivant donc quatrième escale à La Havane pour le titre éponyme de l’album : « Caribe » qui, au-delà de la situation géographique est aussi synonyme d’alégresse, d’amour, de joie de vivre qu’Ana Carla nous chante en français et en espagnol les musiciens jouant sur le tempo cubain de « clave » avec toute leur énergie, la salle suit !

La Jamaïque sera l’arrêt suivant pour un reggae cordes pincées au violoncelle et un saxophone très en verve, pour un résultat étonnant !

Puis nous nous envolons vers l’Argentine pour « Astor Piazzola » une œuvre d’Ana Carla qui regrettait pendant ses études classiques à Paris qu’aucune femme compositrice ne soit étudiée, elle a donc composé cette pièce pour violoncelle en espérant qu’elle sera reprise un jour dans les conservatoires….Bel opus à l’archet plein de poésie soutenu par un piano sensuel et bien sûr très visuel où on imagine bien les danseuses et danseurs de tango!

L’escale suivante nous ramène à La Havane au quartier de « Guanabacoa » où elle a vécu pour une rumba où les percussions fusent comme celles des « timbadores » de son enfance, la fiesta étant toujours présente dans le voisinage, le piano de Norman nous régale en soulignant cette rumba « saborosa ».

Prochain stop en Colombie avec une cumbia où Ana Carla « scate » puis laisse la vedette à Irving Acao qui envoie un magnifique chorus au saxophone ténor.

Le rappel nous conduit à nouveau à Cuba pour un traditionnel « A tomar café » repris par le public. Chaque musicien y va de son solo (dont Irving à la flûte), La salle est debout pour danser et reprendre le refrain, c’est joyeux comme à Cuba.

Quel voyage musical bien joué et bien mené !

Merci Ana Carla pour ce partage festif qui fait un bien fou !