Par Christine Moreau.

Agile Production

Album paru le 14 Novembre 2025.

Alix Logiaco : piano, claviers et compositions

Carel Cléril : Contrebasse

Emilian Ducret : Batterie.

Invités :

Tom Peyron : Batterie

Julien Alour : Trompette

Christophe Panzani : Saxophone ténor

Manu Codjia : Guitare électrique

Maë Defays : Voix

Daniel Zimmermann : Trombone

Avec ce titre From sand to land, Alix Logiaco synthétise les tumultueuses thématiques contemporaines qui lui tiennent à cœur et qui sont le moteur de sa réflexion musicale : « les déplacements de population, l’univers marin et le pourtour méditerranéen ». Le livret qui accompagne le CD illustre le propos en évoquant un piano sur le sable, des bords de mer et des océans.

Titulaire d’un double Bachelor en Sciences et Musicologie à la Sorbonne et d’un Master en composition délivré par l’université de Lausanne, le pianiste publie ici son troisième album après La fée en 2019 et Le monde d’après en 2022.

Sur une trame classique piano-contrebasse-batterie, il construit un récit où l’écriture côtoie l’improvisation en offrant à des invités prestigieux un espace pour délivrer de brillantes lignes instrumentales. Sur plusieurs titres, on retrouve des artistes en effet très demandés sur la scène jazz actuelle : Julien Alour à la trompette, Christophe Panzani au saxophone ténor, Manu Codjia à la guitare électrique et Daniel Zimmermann au trombone. Enfin, Maë Defays, accompagnée par le groove de la batterie de Tom Peyron pose sa voix claire sur Do you feel alright ?

Les sources d’inspiration d’Alix puisent librement dans le jazz, le folk, la pop, le blues. Il s’est intéressé au travail de grands artistes tels Oscar Peterson, Herbie Hancock ou encore Thélonious Monk. Ouvert aux textures contemporaines, il s’est également nourri du répertoire des compositeurs du XXème siècle comme Debussy, Ravel, György Ligeti et Arnold Schönberg. Sa musique a digéré l’ensemble et reflète sa volonté d’élargir le champ des possibles.

Son jeu au toucher à la fois dynamique et léger fait scintiller des mélodies solaires ou méditatives. Il navigue avec élégance entre piano, Fender Rhodes et Orgue Hammond, preuve de son attachement aux racines du jazz et de son intérêt pour les musiques actuelles.

La section rythmique réunit Carel Cléril à la contrebasse et Emilian Ducret à la batterie. Les deux hommes sont des compagnons fidèles d’Alix : déjà présents sur ses précédents albums, ils sont habités par un incontestable sens du groove qui imprime à chaque pièce un rythme précis et nuancé.

L’opus propose un jazz moderne et ouvert à travers neuf titres. Le premier, En quête de fraîcheur a été écrit après une canicule : un sifflement traverse le morceau comme un souffle léger et intemporel, l’oreille est immédiatement séduite par la qualité des lignes mélodiques, à la fois denses et aériennes.

L’interplay évident qui anime le trio se retrouve dans Le belvédère, empreint de rythmes latins entêtants et dans le lumineux Gratianopolis, un hommage à Grenoble magnifié par un intense chorus de contrebasse. Le Murmure des jonquilles toujours en formule trio se révèle une composition à la fois contemplative et nerveuse, tout en nuances « bluesy ». Superbe.

Alix Logiaco a également écrit des pièces qui mettent en valeur le talent de ses invités.

On retiendra le second titre Les yeux fixent le chemin en sextet dans lequel les volutes lyriques de la guitare répondent aux nappes chatoyantes déployées par le pianiste. Julien Alour et Christophe Panzani habillent l’ensemble de leur puissance tempérée.

Flexible en quartet est un morceau magnifique qui vibre sous les solides riffs impressionnistes de Manu Codjia. C’est la chanteuse Maë Defays qui a écrit en grande partie les paroles de la seule chanson de l’opus, Do you feel alright ? En formation quintet avec le très créatif Daniel Zimmermann au trombone, elle évoque la santé mentale des artistes, oscillant sur le fil ténu de la joie et de l’introspection.

On notera également le bel équilibre des joutes toniques entre Julien Alour et Christophe Panzani sur Keep it Discreet, un des fleurons de l’album.

From sand to land se referme sur le seul morceau que n’a pas composé Alix : Words de Neil Young. Il fallait de l’audace pour revisiter ce standard planant saturé par le son de la guitare électrique. L’arrangement est plus que réussi, transcendé par la trompette de Julien Alour dont le jeu enrichit la mélodie de profondeur et de délicatesse.

L’ensemble est passionnant à écouter et l’on éprouve un vrai coup de cœur pour tous ces paysages sonores captivants, cette musique sensible et vivante sublimée par l’excellence de ses interprètes.

https://www.facebook.com/alix.logiaco

Words: https://www.youtube.com/watch?v=8c22l7S5Jjg

Flexible: https://www.youtube.com/watch?v=Qfgfa5V12HQ&list=RDQfgfa5V12HQ&index=1

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