Une histoire de Django

Un récit en musique superbe

par Philippe Desmond, textes et photos

Quelque part en Gironde, dimanche 1er juin 2025.

Les Zigs de Bellevue : Geoffroy Boizard : guitare soliste / Robin Dietrich : guitare rythmique / David Abeijon : violon / Jérémy Teulade : contrebasse.

C’est lors d’un concert privé que j’ai eu la chance d’assister à ce concert-récit (concert conférence est trop pompeux) et si j’ai décidé d’en parler c’est pour que ce spectacle soit diffusé plus largement car il le mérite.

Django Reinhardt, depuis le temps, on connaît ou peut-être croit-on le connaître. Mais présenté ainsi, le récit pas envahissant, légèrement scénarisé, alternant avec la musique de grande qualité, c’est un très joli moment.

Du Django joueur de banjo passant à la guitare plus légère et moins sonore sur son lit d’hôpital après l’incendie de sa roulotte qui lui laisse l’annulaire et l’auriculaire de la main gauche paralysés à vie, à la légende Django, que de chemin parcouru et interrompu trop tôt ; il avait 43 ans. Le Quintette du Hot Club de France, sa version de la Marseillaise interdite la Libération, la tournée américaine qui s’avère être un fiasco, autant de moments avec d’autres qui illustrent la vie du guitariste et compositeur.

Entrée scénarisée, avec la rengaine « Fascination » , « Les beaux dimanches de printemps » , « Adios Muchachos » pour planter le décor avant d’entrer dans l’univers du guitariste gitan. Chaque musicien participe à la narration avec une fluidité qui ne coupe pas le rythme du spectacle. Et du rythme il y en a, la pompe manouche de la guitare rythmique bien-sûr mais aussi plus insolite comme dans « Rythme futur » titre d’avant-garde en 1940 ou le swing pour « Artillerie lourde ».

Pari gagné pour Geoffroy Boizard d’endosser l’habit de Django, il excelle à la guitare, certes avec tous ses doigts lui (!), et ici en première ligne c’est un beau défi. Il est secondé par un David Abeijon, plus Grappelli que nature, sûr, précis, aux improvisations inspirées, ne s’interdisant pas la fantaisie lors d’un petit sketch éclairant le récit. Avec une rythmique aussi tonique et musicale que celle que proposent Robin Dietrich et Jérémy Teulade, le quartet tourne magnifiquement.

La musique de Django Reinhardt reste indispensable, encore très jouée, elle a influencé beaucoup de guitaristes et plus largement de musiciens et fait vraiment partie de l’histoire du jazz. La sélection des titres en donne une parfaite image.

L’hommage à Django est un spectacle qui ravira aussi bien les amateurs de jazz que ceux qui en sont éloignés ; les témoignages de certains ce soir le prouvent. Même les plus jeunes peuvent accrocher d’autant que le concert est d’une longueur tout à fait suffisante, une petite heure et demie avec le rappel qui nous a apporté quelques beaux « Nuages »

Plusieurs dates à la rentrée dont
le 09 et 10 janvier à la Luna Negra de Bayonne
le 14 février à Jazz en Ballade
Le 20 fevrier au Pôle Culturel Evasion à Ambares.