5 étoiles
Label Inner Voice Jazz sortie le 07 Février 2025
Chronique de Martine Omiécinski
Robin Verheyen : Saxophones ténor et soprano, compositions
Drew Gress : Contrebasse
Billy Hart : Batterie
Robin Verheyen est un saxophoniste belge de 41 ans qui, après avoir étudié la musique en Belgique, s’est perfectionné à Paris puis est parti vivre et travailler à New-York de 2007 à 2022. Il y a joué notamment avec Dré Pallemaerts, Bill Carrothers ou Marc Copland (avec qui il sera d’ailleurs à Marciac fin juillet 25). A son retour des States, il s’est installé en France.
Drew Gress (65 ans) a brillé à la contrebasse, outre dans ses propres albums, aux côtés de Uri Caine ou John Abercrombie et a joué aussi avec Marc Copland et John Zorn.
Quant à Billy Hart, on ne présente plus cet infatigable jeune homme de 84 ans présent dans plus de 100 albums, ayant performé avec Miles Davis, Herbie Hancock, Joe Zawinul, Wayne Shorter ou encore Mac Coy Tyner.
L’album « Liftoff » est donc transgénérationnel : quarante, soixante et quatre-vingt ans comme le jazz sait si bien faire ! Il est constitué de 11 titres presque tous de Robin Verheyen sauf un de Marc Copland et le standard « Over the Rainbow ». Un mélange harmonieux de pep’s et de tendresse qu’on écoute avec beaucoup de plaisir !
Mes morceaux préférés :
« Trippin’ in Time Square » de Marc Copland : Mélodie tonique, sautillante (avec « sauts » de tempo pétillants d’humour, comme s’ils se faisaient des farces, le saxo de Robin Verheyen pétille, la contrebasse de Drew Gress nous fait savourer sa sonorité ronde et efficace, quant à Billy Hart son frappé et son agilité enchantent.
« The Bounce » : le saxo virtuose, haut en couleur et en gamme répond à la rythmique à la fois bien calée et taquine, l’interplay ciselle la mélodie serrée en boucle.
« Sur la route de Tamba » (Tambacounda à l’est du Sénégal) : Billy est tout en nuances dans son jeu appuyé de baguettes, la contrebasse apporte du volume et le soprano vrille joliment (Steve Lacy sort de ce corps !).
« Soul searching » : Jolie ballade pleine de sensibilité, jouée amoureusement et avec beaucoup d’âme par Robin et ses complices. Magnifique !
« Over The Rainbow » (Harold Arlen et Yip Harburg chanté initialement par Judy Garland dans le film « Le magicien d’Oz » en 1938 : le ténor entame en solo, le jeu est lent, les phrasés généreux et créatifs, prenant aux tripes, la contrebasse se fait déchirante, le saxo pleure…Quelle belle version !
« Saudades » : Hommage poignant à Wayne Shorter, le lyrisme et l’émotion s’échappent du jeu des 3 instrumentistes, le saxophone vibrant particulièrement !
« Liftoff » : Le décollage est vraiment immédiat !!! Le Tempo est allègre, le soprano volute dans les aigus, Billy « cymbale » hardiment et Drew parcourt vivement ses cordes, ça décoiffe !
« Slow Eleven » et « The Path » pour le brio des mélodies et l’interplay
Bref un album très attachant tant par le jeu des 3 complices que par les compositions de Robin Verheyen.