Paul Viudes trio à la Ferme du Vigneron
Texte et photos François Laroulandie
Soirée jazz ce vendredi 8 août à La Ferme du Vigneron à St-Magne-de-Castillon chez Emmanuel Costes, propriétaire du Château Grand Barrail, amoureux de musique et de jazz en particulier (un studio de répétition est installé au domaine), qui a eu la bonne idée d’ouvrir une guinguette cet été en invitant pour chaque date des musiciens de la région.
Au programme ce soir le Paul Viudes Trio (auquel devait se joindre le saxophoniste Francis Bourrec, malheureusement empêché).
Paul Viudes : piano / Bruno Laurent : contrebasse / Pierre Thibaud : batterie
Quelques tables installées dans un agréable jardin bien ombragé au cœur des vignobles entre Saint-Emilion et Castillon ; on se sent bien dès l’arrivée d’autant que l’on est accueillis ici en amis. La scène est installée sous les catalpas ; un clavier Roland, une contrebasse, une batterie, le trio idéal.
En attendant le premier set et l’arrivée des visiteurs de passage, amis et voisins, la maison propose une petite restauration, de généreuses planchas charcuteries ou fromages, tout en découvrant les vins du domaine, Château Grand Barrail ou un vin naturel sans additifs La Petite Chatte.
Mais place à la musique. Paul Viudes nous a concocté un répertoire en hommage aux grands pianistes que demeurent Bill Evans, Michel Petrucciani, Théolonius Monk ou encore Mc Coy Tyner pour ne citer que ceux-là. Rien que du beau monde et des standards, privilégiant la richesse harmonique des compositions que mettent en valeur le clavier. Avec Paul au piano, son complice Pierre Thibaud est aux baguettes, venu en voisin, et la contrebasse est tenue par le bordelais Bruno Laurent.
Le trio prend place et en guise d’échauffement ‟Footprintsˮ, composition de Wayne Shorter de 1966 suivie d’une interprétation de ‟I mean youˮ de Théolonius Monk laissent augurer que nous allons vivre une soirée des plus sympathiques tant paraît évidente l’entente qui unit ces trois-là. Le piano impose en douceur sa présence dominante, en étroite connivence avec la batterie qui se régale de ses digressions, et soutenu sans faille par la contrebasse. Cette section rythmique n’est pas là pour jouer les accompagnateurs mais est bien partie prenante d’un jeu à trois qui se complètent, s’écoutent et se répondent. Le plaisir devient évident dès l’introduction de ‟Israëlˮ de Bill Evans, une interprétation toute en nuances qui met parfaitement en valeur le toucher délicat des notes. Pour clore ce premier set tout en émotions, une version de ‟Brazilian likeˮ de Michel Petrucciani riche de surprises.
Le temps de boire un verre, partager nos ressentis, reprise d’un deuxième set qui s’annonce superbe avec les accents latinos de ‟Piece of cakeˮ de Michel Camilo, suivi d’un immense standard qui annonçait le rendez-vous quotidien des amateurs de jazz sur France Musique, l’Open Jazz de Alex Duthil : ‟September secondˮ de Michel Petrucciani. En suivant ‟Inceptionˮ de Mc Coy Tyner nous régale dans une joute amicale piano batterie réjouissante, une pépite dans laquelle explose la complicité qui unit Paul Viudes et Pierre Thibaud de longue date. Le moment de calmer le jeu, un ‟Letter from homeˮ de Lyle Mays à la structure harmonique élaborée, un jeu tout en délicatesse et subtilité entre le piano et la contrebasse qui s’exprime totalement. Retour en trio pour ‟Windowsˮ de Chick Corea et terminer en douceur un très beau set. Ce soir l’émotion est passée, la plus belle des satisfactions pour les musiciens lorsque a lieu ce petit miracle : «…heureusement qu’il y a la musique dans la vie… ».
La guinguette de La Ferme du Vigneron : un lieu sympathique et convivial à découvrir lors des prochains rendez-vous de l’été : le 23 août avec Flamingo Boulevard, un duo guitare batterie et voix au répertoire chanté jazz swing et blues ; puis les 30 août, 13 et 26 septembre avec des formations variées.