Festival Jazz Pourpre 2025
Avishaï Cohen quartet
Par Martine Omiécinski, photos Philippe Marzat
Festival Jazz Pourpre à Bergerac du 23 au 25 Mai 2025
Le sud-ouest du département de la Dordogne est nommé « Périgord Pourpre » en raison de la couleur pourpre du feuillage des vignes à l’automne, d’où le nom du festival « Jazz Pourpre ». Les vignerons de l’appellation Bergerac et Duras sont d’ailleurs bien présents, parmi les sponsors et « arroseront » l’inauguration.
Jean-Claude Marron, président du festival, ouvre la 21ème édition en présence du maire de Bergerac, de la représentante de la communauté d’agglomération, du président du département, de celui de la région et du sous-préfet ainsi que des différents sponsors et bien sûr des bénévoles. La première bonne nouvelle est que les dotations de chaque étage du millefeuille territorial ont été maintenues ! La deuxième que pas moins de 29 concerts animeront le festival du swing au jazz actuel en passant par le jazz fusion et la troisième que la première soirée, en collaboration avec le Centre Culturel de Bergerac accueille le concert phare du grand trompettiste Avishaï Cohen.
Les autres lieux de spectacle sont regroupés sur la place Gambetta avec une animation d’artisans d’art et la restauration.
Action Jazz remercie pour leur accueil chaleureux Jean-Claude Marron, Jean-Jacques Cholbi et les bénévoles de Jazz Pourpre.
Jazz Pourpre : Une première soirée au top : Avishaï Cohen et son quartet tutoient les étoiles !
Avishaï Cohen : Trompette, flute, compositions / Yonathan Avishaï : Piano / Barak Mori : Contrebasse / Ziv Ravitz : Batterie
Avishaï Cohen débute avec « Will I die Miss ? Will I die » une de ses compositions de 2017, les premières notes de trompette nous transpercent le cœur, le piano de Yonathan lent et lyrique l’accompagne en frère, puis la rythmique ajoute de la profondeur. De somptueux changements de tempo portent le souffle chaud d’Avishaï, c’est vivant, vibrant, subtil et rythmé (parsemé de notes orientales), Barak passe pour plus de feeling des cordes tirées à l’archet, Ziv dose magistralement tendresse et force. Les envolées volutées du trompettiste remplissent l’espace. Quelle claque dès le premier morceau ! Le public – salle comble – est scotché ! Avishaï salue, présente ses compagnons et remercie le public pour sa qualité d’écoute. Ils sont ravis de revenir en Dordogne ayant rendu visite il y a quelques années à Yonathan qui vivait à Trémolat !
La suite du concert va continuer à nous « coller au plafond » avec d’abord l’enchainement non-stop de 5 morceaux du dernier disque « Ashes to Gold » sorti à l’automne dernier, ils ont été composés pour traduire l’horreur de la guerre israëlo-palestinienne qui marque profondément Avishaï. C’est aussi émotionnellement très fort pour l’auditeur tant la colère et l’impuissance sont incroyablement rendues par les 4 instrumentistes. Avishaï passe avec beaucoup d’âme de la flute à la trompette (avec légers effets d’écho), Yonathan au piano se fait tantôt pointilliste/minimaliste et tantôt plus virulent, Barak tend fort ou caresse à l’archet ses cordes, Ziv oscille entre petites mailloches et baguettes rageuses : quelle sensibilité, quelle complicité (ils jouent ensemble de longue date), quelle virtuosité ! Le public applaudit sans retenue !
Puis Avashaï détend l’atmosphère en racontant sa journée : lever très tôt, 2 avions, longue route, les balances à l’arrivée sans repos préalable, tout cela le jour de son anniversaire ! Tempête d’applaudissements !
Il enchaine sur « Adagio Assai » inspiré de Maurice Ravel qui amène de la sérénité en oscillant entre ballade, boléro et valse lente, la trompette fusant hardiment !
Le quartet termine le concert sur « Seventh » une composition douce de sa fille qui irradie la scène et où renaît l’espoir d’un monde meilleur.
Quelle intensité, quelle générosité ; vraiment un grand concert, merci à Avishaï et ses 3 complices !
A suivre…