Capbreton Jazz Festival 2025 – 35 ans ! #2/3

texte et photos Philippe Desmond

Samedi 5 juillet 

Marc Hévéa chante Nougaro

C’est le jour du pique-nique pour la pause méridienne, un concert est ainsi programmé à 11h30 au jardin public. « Marc Hévéa chante Nougaro » annonce le programme et l’évocation du poète chanteur toulousain a sans doute compté pour le public venu nombreux. Comme il a bien fait ! J’ai souvent vu des hommages à Claude Nougaro, en duo, en sextet, par des chanteuses, un big band, des stars de jazz… ou de lyrique, mais aussi fidèles, aussi sincères, aussi respectueux, aussi simple, rarement. Ils sont trois seulement venus de Béziers : Marc Hévéa – chant, clavier / Jean-Luc Mirault –  contrebasse, basse / Fred Girard – batterie. Deux amis, une chanteuse et un guitariste les rejoindront sur « Bidonville ».  Ils vont nous jouer, si j’ai bien compté, 19 titres parmi les plus célèbres du petit taureau, la preuve, le public fredonne souvent, exulte ; le grand public aime bien ce qu’il connait déjà. Le naturel, la gentillesse de Marc Hévéa et surtout son vrai talent de chanteur et de pianiste ne peuvent que faire l’unanimité. Marc ne cherche pas à imiter Claude, il est dans la sobriété tout en y mettant sa patte, sincère. Nougaro avait eu l’occasion de l’écouter dans un concert où il mêlait ses propres compositions aux succès du toulousain ; il l’avait vivement félicité à la fin, touché par ses reprises et par le fait qu’elles lui aient donné l’envie de créer ses propres chansons. Dans ce concert le jazz est bien là (et la java s’en va) avec des arrangements et des impros ben senties. Un vrai régal que ce tour de chant comme on disait avant, un coup de cœur. Bonheur de redécouvrir « Allez-y les bergères » et ses paroles vengeresses ! Après un « Toulouse » en rappel, place au pique-nique !

The Freaky Hips

19 heures, c’est l’apéro du Circus avec The Freaky Hips, un quartet qui fait revivre avec énergie des musiques de soul, de jazz. On entendra aussi bien des titres Dr. Lonnie Smith, des Meters mais aussi de John Scofield ou Kenny Garrett (Sing a song of song). Stéphane Barber : sax alto / Sébastien Richerolle : batterie / Gwenn Lafitte : guitare ; Matthieu Haramboure : basse.

Renaud Garcia-Fons « Blue Magam »

Changement radical d’ambiance pour l concert suivant, celui de la formation de Renaud Garcia-Fons. Le grand contrebassiste a été un des premiers protagonistes des éditions originelles du festival, celles qui associaient stages et masterclass. Il possède même une contrebasse de Christian Nogaro le créateur de l’évènement. Pour ce projet « Blue Magam », il nous propose en quartet un voyage allant de l’Orient à l’Irlande en passant par l’Inde en y intégrant, chose nouvelle pour lui, le chant. Renaud Garcia-Fons : contrebasses, compositions / Solea Garcia-Fons : : voix / Stephan Caracci : vibraphone, marimba / Jean-Luc Di Fraya : batterie, percussions. RGF c’est un Maître de l’instrument, qu’il soit frotté, pincé, percuté à l’archet (sonnant alors comme un oud) il en exploite toutes les possibilités. La voix légère de Soléa, son scat céleste, les percussions raffinées et de dentelle de Jean-Luc, les notes cristallines de Stephan viennent enrichir le jeu unique de Renaud, nous propulsant dans des univers variés, le jazz revenant de temps en temps pour imposer ses codes. Un concert délicat et envoutant alors que le soleil décline peu à peu.

Fabrice Martinez « Stev’in my mind »

Gros changement de plateau pour accueillir le quintet électrique de Fabrice Martinez venu rendre hommage à sa manière à Stevie Wonder. Bernard Labat a prévnu dès la veille, ne venez pas écouter du Stevie Wonder, ce nestpas lobjet du projet. Ce qui a porté le trompettiste Fabrice Martinz c’est l’idée d’un Stevie qui remonterait à ses racines africaines et qui retournant là-bas entendrait sa musique jouée par ceux qui l’accueillent. Admettons. C’est un set électrique débordant d’énergie qui nous est proposé, rock parfois, où on perçoit de temps en temps l’œuvre de Stevie Wonder. Un exercice de style personnel, déroutant pour le grand public, intéressant pour les amateurs de jazz une fois oublié à qui il est sensé puiser ses origines. Grosse rythmique, duels épiques trompette guitare arbitrés par les claviers, ça dépote. Seul titre non réarrangé ou non dérangé, et ne figurant pas sur l’album, « Contusion » un instrumental tonique issu de Song in the Key of Life (un de mes morceaux fétiches). C’est fini, Capbreton peut maintenant s’endormir !
Fabrice Martinez : trompette, bugle, arrangements / Julien Lacharme : guitare électrique / Raymond Doumbé : basse / Romaric N’Zaou : batterie

 

A suivre…

Chronique du vendredi : https://blog.lagazettebleuedactionjazz.fr/capbreton-jazz-festival-2025-35-ans-1-3/