Capbreton Jazz Festival 2025 – 35 ans !
Texte Philippe Desmond ; photos Vincent Lajus et PhD
35ème anniversaire ! En 1990 le luthier d’art de contrebasse Christian Nogaro créait le « Festival de Contrebasse » associé a un stage devenu plus tard « Fugue en Pays Jazz » puis le festival « Août of Jazz » et enfin le « Capbreton Jazz Festival ». Christian Nogaro était un luthier internationalement reconnu, qu’il fournisse ses contrebasses pour les musiciens classiques ou de jazz,. Il était un passionné, artisan et artiste à la fois. Disparu en juillet 2014, un mois avant le festival, son souvenir est toujours présent. Avant et pendant le festival, une exposition de photos de Xavier Ges le montrait dans son activité et avec des noms célèbres de l’instrument.
C’est désormais Bernard Labat, animateur de la radio Côte Sud FM qui dirige son efficace équipe de bénévoles, la ville de Capbreton prenant en charge tous les frais d’organisation ; en effet et c’est à souligner, le festival est entièrement offert au public. Bernard « Bernie » officie aussi comme directeur musical toujours éclectique et à l’affût.
Pour célébrer ses 35 ans le festival a investi la station balnéaire landaise depuis le début de la semaine ; cinéma, concerts dans les bars ou restaurants, au camping, bal swing ont ainsi lancé les concerts sur le site principal du jardin public qui ont débuté le vendredi soir après l’inauguration par les personnalités locales et départementales.
Vendredi 4 juillet
Artefact
Traditionnellement c’est l’association culturelle locale « Le Circus » qui, en plus de s’occuper de la buvette et de la restauration du festival, s’occupe de la programmation des apéros de soirée. Aujourd’hui le trio venu de Montpellier Artefact. Benjamin Thiébault (piano), Toussaint Guerre (Clarinette basse et sax soprano), Emilie Ayer (chant) proposent une musique tantôt aérienne aux textes poétiques ou au scat délicat ou franchement du jazz comme cet hommage à McCoy Tyner particulièrement vif. De la musique jazz de chambre diront nous pour simplifier, caractéristique de ce qui désormais s’appelle le « crossover », un cocktail de plusieurs styles.
Pamina Beroff
Ce concert de mise en oreilles (et en bouche) terminé, Jazz au Jardin peut commencer. C‘est la chanteuse Pamina Beroff, que je découvre, qui s’avance avec un excellent trio : le contrebassiste et bassiste Juan Villarroel, Elie Martin-Charrière à la batterie et au piano non pas Mark Prioré empêché mais le tout jeune Oscar Teruel tout juste diplômé du CNSM de Paris. De sa voix haute et avec une belle aisance scénique, Pamina va nous promener dans son univers musical fait d’influences diverses, la pop qu’écoutaient ses parents (Gilbert O’Sullivan, Carole King, Burt Bacharach) ou elle (Olivia Dean) mais aussi des compositions originales. Une chanteuse à suivre de près du label «Jazz Eleven» dirigé par un certain Giovanni Mirabassi qui justement attend son tour en coulisses. Une jolie découverte pour moi et la grande majorité d’un public qui ici ne vient pas en spécialiste mais plutôt… en touriste.
Giovanni Mirabassi « The Swan & the Storm »
Et oui, c’est à lui maintenant, en quartet – et quel quartet ! – l’attraction du jour. Giovanni Mirabassi revient à Capbreton pour la troisième fois ! Pour le projet « The Swan & the Storm » il joue depuis le début avec Guillaume Perret au sax ténor, Clément Daldasso à la contrebasse et Lukmil Pérez à la batterie, rien que ça. On retrouve bien sûr l’élégance musicale légendaire de l’Italien (vestimentaire aussi, la seule personne qui lors des balances portait pantalon long, chemise blanche et souliers fins en cuir fauve, malgré la chaleur) son lyrisme maîtrisé, sa finesse d’accompagnement, sa richesse de compositions ; un grand. Quant à Guillaume, loin des effets électros dont il enrichit parfois son jeu, il va au ténor éblouir l’assemblée. Du velours à la frénésie, de la soie à l’énergie il est capable de tout, toujours juste et sincère. Tout cela avec est de très haut niveau et la rythmique atteint elle aussi des sommets. Un Clément discret dans ses attitudes mais d’une créativité incroyable, un Lukmil admirable tant aux balais qu’aux baguettes ; quatre Maîtres. Nous sommes quelques-uns à attendre la fin du concert avec impatience, non qu’on s’ennuie, on pourrait les écouter toute la nuit, mais car Giovanni finit toujours par sa version du « Chant des Partisans ». On ne sera pas déçus, à chaque fois un moment bourré d’émotion.
Il est plus de minuit, le Boudigau voisin s’écoule tranquillement vers le port et l’océan. Ce samedi la station balnéaire va se remplir, le jardin public aussi certainement.
A suivre…