Par Julien Motard

Chez ACT

Tout d’abord pour cette chronique je dois avouer une chose : dès la réception du mail d’Alain j’ai tout bonnement sauté sur mon téléphone afin de répondre dans les 2 minutes qui suivirent !  Un peu excessif, je le conçois mais vous avez donc saisi : j’apprécie beaucoup le protagoniste de cette chronique. Son éclectisme, ses collaborations, ses engagements en font un musicien que j’apprécie grandement. Oups ! Pardonnez mon élan d’admirateur, je ne vous ai pas présenté ce pianiste britannique que beaucoup doivent déjà connaître : Bill Laurance. Toutefois, toutefois, vous ne m’aurez pas : vous n’avez pas encore connaissance de ce nouvel album en solo ! Et oui !

Bill Laurance c’est tout d’abord un artiste aux multiples facettes : musicien, compositeur, arrangeur et producteur, rien que ça me direz-vous ! Pour ma part je l’ai découvert avec son album Flint en 2014. Je conseille vivement cet album, qui permet de découvrir le talent de ce pianiste, claviériste et sa manière de fusionner les styles en donnant sa place à un arc en ciel instrumental.

Bien bien, toutes mes excuses je m’emporte une nouvelle fois dans cette petite présentation de discographie. Nous ne pouvons dissocier l’artiste britannique du groupe de jazz fusion : Snarky Puppy en tant que membre fondateur avec Michael League ami de longue date. Le dernier album en duo de ces deux compères Keeping Company (2024) est d’ailleurs plus que conseillé. Le pianiste qui est aussi conférencier dirige sa propre société de production collaborant avec des compagnies de danse et surtout un grand nombre d’artistes tels que David Crosby (BO), Morcheeba, Salif Keita, Jacob Collier, Chris Potter, Lionel Loueke et bien d’autres…

Je pense que vous avez donc saisi la pointure à qui nous avons à faire. Que nous attend donc la suite de cette chronique ! Un tel musicien ne peut que nous surprendre et je vous le confirme.

Voici Lumen qui signifie lumière en latin et la quantité de lumière émise comme vous pourrez le voir sur vos boîtes d’ampoule LED, mais je m’écarte du sujet ou du moins… pourrions-nous y voir une manière d’aborder cet album. Une vision intimiste du lumineux grâce au deux instruments choisis par l’artiste : piano droit et piano à queue pour ne former plus qu’un. Laurance crée ainsi un équilibre entre silence, pureté du son, douceur, imagination, rigueur, et improvisation.

Le 1er titre nous plonge dès le début dans une profonde intimité en compagnie de l’artiste et son instrument. L’album débute sur un tempo lento joué avec une grande délicatesse. Laurance esquisse les premiers rayons de soleil de la journée à travers les volets qui laissent entrevoir la suite de l’album. Ainsi Fils d’Or nous livre donc les secrets d’un trésor mélodique et pose les bases de l’album. Chut…, écoutez cet élan en forte vagabondant de la gauche vers la droite du piano, du classique au jazz. Mais ceci n’est en fait qu’un léger entrebâillement qui nous laisse aller élégamment vers le second titre éponyme.

Le riff cyclique nous accroche ici à l’intimité de l’album, au minimalisme qui le caractérise. Lumen me permet aussi de présenter le lieu d’enregistrement de l’album car si vous montez le volume, vous verrez que nous sommes transportés en toute sérénité dans cette petite église St Faith’s Church de Londres.

Sur le titre suivant le son feutré du thème sur piano droit s’accorde parfaitement avec le lieu. Le jazz s’exprime ici car Laurance ne peut sans doute s’en empêcher. Oui l’improvisation fait sa place dans la seconde partie sur le piano à queue sans feutre tout en gardant la douceur du thème. Le rythme nous invite à la méditation en lien avec son titre : Mantra. La force du morceau tient pour moi dans cette sorte de contraste harmonieux s’éteignant délicatement avec cette dernière note dans les graves.

C’est ensuite une cadence plus mélancolique avec What you always wanted une mélodie à fleur de peau tant par sa sensibilité que sa fragilité à travers des altérations harmonieusement placées.

Dove change le décor de l’album et se démarque par son petit grain de folie dirions-nous. C’est un espace bluesy en mode cour de récréation pour l’artiste. Il s’éclate tout bonnement en partageant ce titre où les phases d’improvisation nous invitent à s’amuser avec lui, à prendre ce petit plaisir l’instant d’un titre. Vous l’entendrez-vous aussi, ces expressions spontanées donnent réellement envie de se lever pour débuter une journée par exemple. Dove se termine d’ailleurs sur le sourire sonore de l’artiste.

Bon je suis d’accord, je dois m’excuser car je papote, je papote, je patine donc un peu et je n’avance pas ma chronique… Mais que voulez-vous…. Je me suis blotti dans ce cocon musical et je ne peux en sortir ! Treehouse prolonge ainsi cette sensation.

Puis c’est la volupté avec Lover Leap et cette ligne continue récurrente qui nous caresse. Opal poursuit la thématique et l’objectif sonore de l’album tandis que Sera transmet de nouvelles sensations. Il se ballade entre les deux claviers afin de prolonger l’instant avec un thème qui nous permet toutefois de rester conscient de savourer cet album.

Le pianiste conclu avec Even after all mélodie sur tempo largo qui nous salue avec élégance pour nous accompagner en toute légèreté vers son prochain album !

Avec une grande humilité et sans partir sur une démonstration de son talent Bill Laurance est ici le seul acteur. L’album Affinity visitait déjà cette ambiance mais Lumen va encore plus loin comme si le pianiste faisait le point avec lui-même à travers cette ambiance. J’avoue que cet artiste nous fait ainsi l’honneur de partager cela avec lui, et ce n’est pas rien ! Ainsi nous sommes invités à méditer avec lui, vers un nouveau Bill Laurance ou plutôt ce qu’il a toujours été au plus profond de lui. Merci à lui !

Liste des morceaux :

01- Fils D’or
02- Lumen
03- Mantra
04- What You Always Wanted
05- Dove
06- Treehouse
07- Lovers Leap
08- Opal
09- Sera
10- Even After All

https://billlaurance.bandcamp.com/album/lumen

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