Anglet Jazz festival 2025 – 1/2
Par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat et Vincent Lajus (Cliquez sur les photos des galeries pour agrandir)
18ème édition du Anglet Jazz festival installé depuis une dizaine d’années au superbe théâtre Quintaou. Organisé par l’association Clé de jazz avec Marc Tambourindéguy et Agnès Zimmermann et leurs équipes. Et comme d’habitude une programmation de haut vol.

Christiane Bossavie, élue d’Anglet et Marc Tambourindéguy présentent l’édition 2025
- Jeudi 18 septembre 2025
Le jazz vocal de Shades
Quelle bonne idée de programmation que ce groupe de jazz vocal, un genre presque disparu et qui pourtant a un charme fou. Quelle bonne idée que ces six musiciens ont eu en créant cette formation. Dès l’ouverture de cette farandole de standards avec « Sweet Georgia Brown » c’est gagné, au vu des réactions du public. Les harmonies, les unissons, les polyphonies, tout vous régale les oreilles. Et visuellement c’est aussi une réussite, une mise en scène par tableaux pour chaque titre, le tout avec légèreté, discrétion, naturel, élégance. Les arrangements sont ciselés, les solos des unes – Ellinoa, Marion, Elora – ou de l’autre – Pablo – se succèdent portés par seulement deux instruments, la guitare légère d’Antoine, la clarinette basse de Corentin. Là aussi quelle trouvaille que d’associer ces deux instruments si différents et si complémentaires des voix. On pense bien sûr aux Double Six, aux plus récents Manhattan Transfert, on se trouve transporté à une autre époque pleine de fraîcheur et de classe à la fois. Vraiment un très joli concert qui place la barre très haut dès l’ouverture du festival ! Énorme succès pour ce jazz à mettre entre toutes les oreilles. Déjà 80 concerts à leur actif et ça ne peut que continuer.
Lien vers la chronique de l’album Whitchcraft
Ellinoa, Marion Chrétien, Elora Antolin, Pablo Campos : chant / Antoine Laudière : guitare, arrangements / Corentin Giniaux : clarinette basse
Le jazz aux parfums d’Espagne du Daniel Garcia trio
Daniel Garcia est un habitué du festival, avec son trio ou avec le groupe d’Antonio Lizana, il a déjà fait viber le Quintaou. Le revoilà avec le répertoire de ses deux derniers albums et une formation modifiée ; deux cubains, la toute jeune et déjà spectaculaire Alejandra Lopez à la contrebasse et le batteur incroyable Michael Olivera. Il faut bien deux talents comme eux pour être à la hauteur de leur flamboyant leader. On retrouve avec joie ce jazz lyrique aux senteurs de flamenco, aux effluves de classique pour parfumer ce jazz moderne et engagé. Des promenades, des chevauchées se succèdent, l’entente est merveilleuse, les rendez-vous, les breaks sont d’une précision hallucinante. Quel pianiste de Daniel jamais dans la démonstration, toujours dans un lyrisme mesuré. Quel engagement et quelle maîtrise d’Alejandra. Quelle finesse de jeu, quelle créativité de Michael. Comme toujours, Daniel – qui ne ménage pas ses efforts pour communiquer en français – nous fera chanter au rappel, on n’attendait que ça ! Un trio qui a le duende !
Daniel Garcia : piano, compositions / Alejandra Lopez : contrebasse / Michael Olivera : batterie
Photos du concert et des balances :
- Vendredi 19 septembre 2025
Jean-Pierre Como et son quartet acoustique
Après un premier soir magnifique la tâche n’est pas facile pour les musiciens du soir. Mais avec ces quatre figures du jazz français, pas d’inquiétude à avoir. Jean-Pierre Como a remonté son quartet « Infinite » , faisant le grand écart entre cette formation acoustique et le jazz électrique de Sixun. Avec ce groupe créé en 2018 il a sorti deux albums « Infinite » et « Infinite 2 » dont il vont balayer le répertoire ce soir. Entrée en matière en solo de piano, délicate, aux accents de classique avant que le jazz n’arrive en force avec « Ivresse » plein de groove puis glissant sur le free. Une montée imprévisible au départ. Les compositions changent de couleurs suivant celui des quatre qui les ont écrites, de la valse à un latino élégant, du bop à la pop, des mélodies toujours présentes avec lesquelles ils prennent des libertés. Sax et piano dialoguent, contrebasse et batterie semblent jouer autre chose mais la cohérence est bien là. Poignant hommage à Wayne Shorter pour terminer un set de très haute qualité. Et oui pas besoin de traverser l’Atlantique le jazz français est d’une très grande richesse, la preuve.
Jean-Pierre Como : piano, compositions / Christophe Panzani : sax ténor / Bruno Schorp : contrebasse / Rémi Vignolo : batterie
La fièvre du Cuban Jazz Syndicate
Revoilà Michael Olivera et Alejandra Lopez mais dans un tout autre registre, en sextet cubain. De suite le décor est planté, avec un hommage à une figure de Puerto Rico, le grand Tito Puente. Nous voilà partis pour un festival enfiévré et explosif. Pensez-donc Carlos Sarduy est à la trompette et ça monte vite très très haut, le saxophone n’est pas en reste, le duo de percussions ne laisse aucun répis, le pianiste joue seul à quatre mains quant à Alejandra littéralement déchainée, elles part dans un solo invraisemblable qui se transforme en une interprétation lunaire de « Quizas Quizas ». Boléros, mambos, cha cha cha tout y passe en énergie mais pas que ; ils savent aussi faire dans la nuance qualité rare pour un syndicat ; je plaisante. Il faisait déjà très chaud ce soir avec un temps orageux et les six Cubains nous ont donné le coup de grâce mais on les en remercie, c’est tellement bon cette joie musicale.
Michael Olivera : batterie, voix, direction musicale / Pepe Rivero : piano / Inoidel Gonzales : sax ténor / Carlos Sarduy : trompette, bugle / Alejandra Lopez : contrebasse / Yuvisney Aguilar : percussions, voix
La bonne nouvelle c’est qu’il reste encore deux jours de festival et pas moins de six concerts !