Akagera

« Traverse »

par Philippe Desmond

Tiens encore un autre trio de jazz. Ah oui mais celui-là est très particulier, trombone basse, marimba ou vibraphone, et batterie. La satisfaction sera-t-elle à la hauteur de la curiosité ? Et bien oui !

Le nom du trio Akagera doit rappeler des choses à certains, un album de Daniel Humair, François Jeanneau et Henri Texier sorti en 1980. Pas un hasard mais un hommage, puisant lui aussi dans les musiques africaines en les mâtinant de jazz et de musique contemporaine.

Faisons les présentations. L’initiateur du projet est le batteur David Georgelet qui a longtemps accompagné Youn Sun Nah mais a aussi assuré les percussions de Cotonete (Funk) et Akalé Wubé (ethio jazz) et joué avec aussi bien Manu Dibango que Chico Buarque, Florian Pélissier, Anthony Joseph et même Tchavolo Schmitt ou encore Arthur H… Eclectique !

Au trombone basse Stéphane Montigny , un spécialiste des musiques afro-colombiennes jouant aussi bien en fanfare qu’en formations de salsa réputées. Co-leader de Kota et Groov’Bones il a lui aussi enregistré dans beaucoup de styles.

Benoit Lavollée est au marimba et au vibraphone. Formation classique bien entendu pour ensuite mal tourner avec le jazz et les musiques improvisées. Il joue encore avec l’orchestre symphonique d’Orléans quand il n’est pas avec The Mallet Horn Jazz Band ou les chanteurs Fred Métayer et Xavier Stubbe

Joli melting pot musical que ces trois artistes, alors le résultat ne peut qu’être original, les sonorités inattendues rappelant pourtant leurs influences, l’Afrique, le jazz et laissant place à l’improvisation. La rondeur du trombone basse se lie habilement avec les gais tintements du vibraphones ou les caresses boisées du marimba. Quant aux percussions elles sont fondamentales dans cet univers. Le jazz est bien présent avec « Rococo » une sorte de blues, « Fauve » rappelant les Second Lines de New Orleans et avec un surprenant « Good Bye Pork-Pie Hat » que Charlie Mingus à la culture éclectique et curieux de ses racines n’aurait certainement pas renié. Surprise au milieu de tout cela que « L’Air » un poème récité sur un fond musical forcément aérien.

Un trio qui pour le moins sort des sentiers battus pour s’aventurer souvent sur les pistes de sable et les terres ocres de l’Afrique. Partez en voyage avec Akagera ce nom qui évoque celui d’une réserve naturelle au Rwanda, à la frontière tanzanienne.

https://pradorecords.bandcamp.com/album/traverse